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La maison de Natalie Clifford Barney à Paris

Publié le 10 mai 2011 par Cardigan @onlyapartmentsF

Dans une scène de l’extraordinaire film de Louis Malle Le Feu Follet de 1963, Alain, le protagoniste suicidaire qui passa les derniers six mois dans une clinique de désintoxication pour alcooliques, cherche une vieille amie peintre, interprété de façon inoubliable par Jeanne Moreau, pour lui dire au revoir avant de se quitter la vie.

natalie clifford barney

“Tu ressemble à un cadavre” c’est la phrase qu’elle lui dit au travers de la porte en verre d’une galerie d’art. Tout deux, la peintre et le cadavre abandonne la galerie et après avoir fait des courses dans un marché, ils se dirigent en direction de la maison de la peintre, en discutant de leurs mutuelles sensations de perplexité et d’abandon face au faite que la fête soit terminée, des leur commune détresse face au cours de la vie et au parcours suivit par leurs amis au fur et à mesure que passe les années.  “Nos amis sont extraordinaires. Ils s’imaginent que le temps les changes. Alors ils deviennent nerveux et ils sont capables de tout, enfants, affaires, livres. Ou ils se tuent. Ou ils deviennent mystiques, comme Dubourg… Les salaud parlent de sincérité et se lancent dans leurs immondes travails” dit la peintre sans nom. Alors Alain lui demande comment va sa vie et la peintre lui répond lentement et doucement : “Moi, abandonnée, ruinée, complètement détruite. Inaltérable. Je ne bouge pas. Je n’essaye toujours pas de le comprendre. Le rêve. Je ne crois qu’au rêve”. La promenade se termine quand ils arrivent chez elle, dans son jardin on peut reconnaitre le Temple de l’Amitié dorique qui se trouve à coté du mythique pavillon de deux étages du numéro 20 de la rue Jacob, en plein quartier Latin, qui fut depuis 1909 la résidence de l’écrivaine américaine ouvertement lesbienne et pionnière du féminisme Natalie Clifford Barney (1876-1972).

Le hasard est peut être responsable du parcours de Barney, quand elle n’avait que six ans et qu’elle était en vacance avec sa famille, elle rencontra un homme qui n’avait pas encore trente ans au Long Beach Hotel de New York. Un gentleman britannique qui, après l’avoir protégé d’un groupe d’enfants qui la poursuivait, la mit sur ses genoux pour lui raconter une histoire qu’elle n’oublierait jamais. Comme ce fut le cas de sa mère, Alice Pike Barney, qui n’oublierait jamais la rencontre avec cet excentrique mais charmant personnage, le jour suivant quand il se joignit à elles à la plage pour converser, car ses paroles l’inspirèrent à tel point qu’elle fit face à son mari et se plongea complètement dans l’art (beaucoup de ses tableaux sont visibles aujourd’hui au Smithsonian American Art Museum).

Le nom du gentleman était Oscar Wilde, dont la nièce Dolly et la fille qu’il mit sur ses genoux allait vivre de nombreuses années plus tard, une belle et tourmenté histoire d’amour.



Paul Oilzum Only-apartments Author
Paul Oilzum


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