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Paso Doble n°203 : Heureux les Assistés, car le royaume du Travail est à eux !

Publié le 11 mai 2011 par Toreador

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Par Toréador | mai 11, 2011

A las cinco de la manana…

Bachelot passe à Wauquiez un savon … au c(h)arité

Les propos de Laurent Wauquiez sur la sortie de l'assistanat et la réforme du RSA sont bien évidemment une faute sur la forme : la cacophonie gouvernementale ne peut que s'auto-entretenir si chacun se mêle des affaires de ses collègues. Reste que sur le fond, je trouve que la vivacité des réactions à de quoi interpeller l'honnête homme. 

Roselyne Bachelot a par exemple parlé de "beaufitude". La beaufitude serait donc de considérer qu'il n'y a rien de gratuit dans la société, à part pour les indigents ? Qu'il n'est pas normal que la différence de rémunération entre un travailleur pauvre au SMIC et un allocataire du RSA soit seulement de 600 euros brut, soit en net beaucoup moins compte-tenu des frais liés à l'exercice d'un emploi ? 

Donnez, donnez, donnez moiiiii… Dieu vous le rendra…

Au-delà des invectives, il s'agit de réfléchir un peu sur l'origine de la charité d'Etat. Les aides sociales que nous dispensons aujourd'hui ne sont en effet que la laïcisation des oeuvres religieuses de bienfaisance qui opéraient au XIXème siècle. Avec la sécularisation des modes d'intervention, cependant, les repères se sont brouillés quant à la cible du public à aider. 

Au XIXème siècle, c'étaient aux "pauvres" qu'on donnait de l'argent, par charité chrétienne et parce qu'ils auraient été bien en mal de travailler : vieillards, clochards, infirmes, et retardés.  Le XXème siècle a voulu être plus généreux et on a donc mis en place des aides pour des gens qui auraient pu travailler mais qui n'y arrivaient pas. Je citerai les chômeurs par exemple. On a ainsi élargi le spectre : les retraités plutôt que les vieillards. Les handicapés plutôt que les infirmes. Les exclus autant que les pauvres. Les mal-diplômés plutôt que les retardés. 

En plus de ceci, on a considéré que l'allocation ne devait plus seulement permettre de survivre mais de vivre, sous entendu quasiment normalement, comme si l'allocataire devait le moins subir les contre-coups de son extrême pauvreté. 

Tout salaire mérite travail

La différence entre les deux publics étaient dans le modus operandi : si la première catégorie a toujours relevé, même au XXème siècle, de l'aide sociale, la seconde catégorie relevait de systèmes assurantiels. L'argent reçu par les chômeurs avait pour contre-partie des cotisations. Idem pour l'Assurance-maladie, voire même la retraite. 

Là où le système s'est grippé philosophiquement, c'est quand l'Etat a commencé à interférer budgétairement avec les systèmes assurantiels pour les renflouer et assurer leur pérennité. A partir du moment où la somme versée n'est plus la contre-partie d'un travail (via la cotisation) préalable, mais directement prélevé du budget de la communauté, se pose la question de la contre-partie.

Voilà pourquoi je suis favorable à ce que cette contre-partie soit un service rendu à la collectivité qui est à l'origine de l'aide. S'il est vrai que le travail est socialisant, je suis persuadée que ce travail d'intérêt général sera un vecteur de-socialisation, voire de professionalisation. Un beauf de plus au con-toir ?

Tags: Beverdigien, Bismarckien, exclus, minima sociaux, RSA, Sécurité-sociale, Wauquiez

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