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1 jour chez ma mère

Publié le 21 janvier 2008 par Lou Poulain

lundi 21 janvier 2008

1 jour chez ma mère

Titre quelque peu en échos à un livre que je n'avais pas particulièrement aimé... peu importe !
En réalité, c'est tout autant chez ma mère, chez mon père que chez mon grand frère, fidel lecteur de ce blog...
- Là bas, je dors comme nul par ailleurs, dans un lit pourtant très mauvais, dans une chambre qui n'en est pas une, où il n'y a aucune fenêtre, qui est plutôt le lieu de vie que mon frère à ré-aménager, y laissant mon petit lit, pour que je dorme toujours là quand je retourne les voir
- Là bas, l'ordi est 100% sécurisé... pour supprimer un fichier de mon HDD il faut le mot de pass de l'administrateur... inutil de le demander ! C'est le secret des parents !
- Là bas, je haïssais mon père quand il allait lire nos boîtes mails il fut un temps...
- Là bas, leur curiosité a diminué proportionnellement que le mode "blasé" s'est accru
- Là bas, il y a une baignoire... et c'est mon luxe de 3 fois dans l'année...
- Là bas, le repas du dimanche équivaut en calories tous ceux de ma semaine... et les traditions se sont les traditions ! Un dimanche de pâques sans gigot... impossible ! (Même que moi, je n'aime pas le gigot)
- Là bas, mon père a pris l'habitude de me servir un muscat le dimanche midi... il a compris que j'aimais ça... et peu à peu la phrase de "mais c'est qu'elle se met à l'alcool maintenant" diminue peu à peu...
Et quand je leur dis qu'une bonne petite bière accompagnerait très bien la fondue bourguignonne du réveillon de Noël, mon père va même chercher une bouteille
- Là bas, mon père boit fidèlement sa bouteille de Jenlain chaque jour... et c'est là un de ces petits plaisirs.
- Là bas, le chien vous fait la fête à coup de griffe et de léchouilles dès que vous arrivez... et vous laisse son lot de poils sur vos vêtements quand vous repartez
- Là bas, le chien est devenu l'enfant de la famille... on s'occupe de lui au même titre...
- Là bas, on repasse tout... même les petites culottes... qui ne le supportent pas toujours
- Là bas, la télé fonctionne... et depuis peu il y a même la TNT...
Et mon frère la regarde en permanence... alors que moi, la télé, je ne sais plus m'attarder plus de 15 minutes devant! ça m'endort !
- Là bas, on ne pose pas les questions normales. Les "tu vas bien?", "tu es contente de ton stage" et autres questions fondamentales sont remplacés par des "et tu joues quand même ta flûte parfois ?" ou un "tu as mangé la soupe que je t'avais préparé"
- Là bas, on est un peu blasé... on ne sort jamais, ou ça se limite à 2 films dans l'année!... on se plaind de n'avoir le temps de rien... que le jardin n'avance pas, que les cages des lapins seraient à nettoyer, que le grenier (de la taille de 5 fois mon appartement) serait à ranger
Et la vie se résume à cet entretien au jour le jour d'une maison immense, qui a pourtant son charme... mais dont je ne voudrais pas
- Là bas, je m'ennuie
- Là bas, on ne capte presque pas le réseau téléphonique
- Là bas, je tente d'être intéressante, de leur dire ce qu'ils aimeraient entendre... mais je ne vois aucune réaction. Au fond, ils voudraient quoi ? Ah oui... que je sois une superbe flûtiste renommée ! Oh bah désolé, mais vous savez, je préfère largement la voie que j'ai prise là... Hein, dîtes vous le savez ça ? j'aimerai pourtant
- Là bas, mon père a peur que je regrette d'être musicienne, autant que lui regrette peut être de ne pas être poète, musicien ou auteur pour un groupe... comme ce fut le cas un temps.
- Là bas, "c'est un trou de verdure, où chante une rivière"... l'été tout est vert, chantant, et la nature vous fait revivre... après cet étouffement qu'est la vie parisienne
- Mais là bas, en hiver, c'est la gadoue... et la nature est comme triste
- Là bas, je n'ai plus beaucoup de souvenirs d'enfance... pas assez.
Alors parfois je regarde les photos... et je tente d'en faire revenir. Mais on y parle peu des souvenirs... peut être qu'on ne veut pas vraiment s'y attacher.
- Là bas, mon père prévoit déjà tout ce qu'il racontera de moi à celui que je voudrais bien lui présenter.
D'ailleurs il a commencé à s'exercer ce week-end... et je crains qu'il y en ait un qui ait bientôt le droit au récit du "elle passait 4h à table" ou "je devais l'attacher pour qu'elle fasse ses devoirs, elle ne tenait pas en place"... (euh oui, je prends les devants)
- Là bas, je réalise ce que je ne veux pas être...
Mais je réalise aussi ce qui a fait ce que je suis... et pourtant ce que je rejette m'a amené à être moi...
- Là bas, on ne dit jamais les choses. Parfois dire un "joyeux anniversaire" demande trop d'orgueil à certains... répondre à une question coûte trop de courage quand on a décidé de bouder comme un enfant de 5 ans
Alors c'est comme ça... mais on ne s'habitue jamais trop aux questions sans réponses.
- Là bas, avant que je reparte, on me dit un "et on te reverra avant l'année prochaine?"
- Là bas, on ne te dit pas "sans notre aide, tu ne vivrais pas comme tu le fais à Paris"... mais ce n'est pas pour autant que cette phrase n'est pas dans les pensées de chacun dans tous les actes !
- Là bas, j'aimerai y aller avec une vraie envie d'y profiter d'un week end... et non pas parce que c'est une obligation non dite que je respecte déjà trop peu.
- Là bas, la voisine - qui au passage m'appelle toujours "pépé" - jase ouvertement parce qu'un garçon est venu me chercher... mais ces commérages font aussi parti de leur charme
- Là bas, mon père a toujours les mêmes blagues... du genre "Il est riche ? parce qu'on peut lui donner un sac de patates en plus si il te fait débarasser le plancher... chouette"...
Mais papa aime ses blagues... alors même si je lui demande de les renouveller, il ne le fera pas.
- Là bas, mon père ne m'appelle plus Gribouillette... mais quand il pense à moi, à certains moments, je suis encore sa "Gribouillette"... je le sais !
- Là bas, ma mère est intrigué par les gens dont je lui parle, où qu'elle croise... Mais elle n'ose pas être trop curieuse.
- Là bas, ma mère est déçu... mais au lieu de prendre les choses en main, et de tenter de lancer les projets de travaux de la maison, elle ronchonne... parce que maman elle est un peu comme ça... et parfois je la comprends... parfois seulement
- Là bas, j'aimais quand mon père mettait l'album Pulse des Pink Floyd en bas dans le salon le dimache et que le son me réveillait peu à peu...
- Là bas on écoute plus que de la musique baroque, et des vieux morceaux... par entêtement ! Parce que aujourd'hui les artistes ne savent plus rien faire ! C'est ce qu'ils disent... et rien à faire, on ne fera pas changer mon père d'avis.
- Là bas, je m'interroge de qui je suis... de mes envies, du pourquoi je me sens un peu différente d'eux, tout en sentant l'attachement à ce lieu et ces gens...
- Là bas, j'aimerai leur parler de ce qui me passionne.... mais là bas, on a pas envie d'écouter ça.
- Là bas, il ne faudrait pas que j'arrête d'y passer de temps en temps...
- Là bas, les choses sont ainsi... et c'est comme ça !

Libellés : Les caprices et humeurs de Lou

posted by Lou at lundi, janvier 21, 2008

11 Comments:

Anonymous Xia AKA Hisaux said...

C'est un peu (un peu, hein) comme chez mes parents, mais j'aime trop être chez eux :)

Blogger 

il est joli ton article, aussi blasé qu'on l'est là bas... ou plutôt ici, très révélateur du temps qui passe, des relations qui changent et vieillissent

Blogger 

Plus précieux que s'en a l'air tout ça. À la fois hors de soi et soi-même. Bien décodé! :)

Blogger Rael said...

Tres joli article LOU !!!!

Blogger Merlin said...

Bravo Lou, ce texte est touchant, les photos aussi, qui en disent aussi long que ce texte !

Blogger BenTheZik said...

J'aime beaucoup ton texte Lou, je m'y retrouve dans quelques élements, comme beaucoup de personnes je pense. Peut être une illustration des nombreuses modifications entre deux, voir trois génerations, et celles du milieu dans lequel on vit.
Il est bon de prendre du recul !

Anonymous Bonnie said...

Une syncope personnelle comme je les aime !
ps: Pour Pâques, tu dis que tu viens avec ta nouvelle correspondante blogosphèrique et tu me refiles ta part de gigot !!!:)

Anonymous Marcus said...

Va voir là-bas si tu y es !
Enfin, si tu me le permets.
D'abord, ta maman ne peut pas te renier et réciproquement. Je parle photo bien entendu.
Ensuite, ton là-bas, Lou, il en vaut bien un autre. Il en vaut même mieux parce que, le mien par exemple, il n'a plus de maison et ça fait bizarre crois-moi.
Enfin, ton là-bas, il fait partie de toi à jamais et il est là comme un repère qui te permet de mesurer le chemin parcouru.

Blogger 

Note très émouvante sur ce que tu ressens aujourd'hui, à cette étape de ta vie. Note à relire dans... 10ans ? Ton regard aura peut-être changé, ta perception autre en fonction de ton parcours personnel ou... peut-être pas, toi seule le sauras ;-)

Anonymous Fab' said...

Là bas,ce que moi j'appelerai ici... puisque maintenant j'y passe la majeure partie de mon temps.
Mais ici, le petit rayon de soleil ce matin vaut bien des choses.
Je n'y passerai pas ma vie, je fais en sorte (à la Tanguy) de pouvoir réaliser mes projets, m'installer dignement, peut-être pas tout seul...
Alors c'est transitoire, l'histoire d'une année ou deux, ça a quelques inconvénients, mais je ne regrette en rien d'être revenu sur mes terres, pour concrétiser ce que j'ai toujours voulu faire, toujours voulu être...
Ici, j'ai tous mes amis, ici on est à 1h d'une ville géniale et dynamique qui s'appelle Lille, à 1/2h d'un pays on ne peut plus original qui s'apelle la Belgique, ici on peut sortir si on le veut, surtout le week-end pour des fêtes qui sont très différentes des soirées parisiennes mais qui ont là leur charmes.
Ici nos chers parents ont su un peu évoluer, s'habituer à mes habitudes tout en restant fidèle à ce qu'ils sont... Il faut faire avec leur humeur, comme ils font avec les miennes ou les tiennes...
Les points de vue divergent mais il m'arrive très souvent d'avoir des conversations intéressantes sur des sujet divers, le plus souvent politiques ou sociaux...
Tu sais, soeurette, si tu as l'impression qu'ils sont maladroits quand tu reviens, c'est sans doute parce que c'est un moment qu'ils attendent ardemment le temps où tu n'es pas là et que dans ces moments là tu leur manques.
Et malgré les disputes, les travaux qui n'avancent pas, le ménage qui ets une tâche surhumaine, etc... la vie suit son cours depuis 22 ans bientôt ici... et tu y seras toujours la bien venue

Anonymous ReB said...

C'est bien toute la beauté et la paradoxe de nos origines, de nos racines... ce que l'on rejette, ce qui nous lie... toutes ces contradictions, comme tu le dis nous construisent. C'est par attractions/répulsions que se construit notre Être...
J'avoue que j'envie un peu le principe de racines attachées à une grande maison de famille... de mon côté, c'est plutôt locations après locations dans des barres d'immeubles, des quartiers populaires... Mais c'est ce parcours qui me fait et j'en suis contente finalement!
En tout cas, ton texte est beau Lou.

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