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"Affaire DSK" - Episode 2 : Médias et politiques - L'art du commentaire mesuré

Publié le 16 mai 2011 par Bud_bendy

C'est le festival de Kahn ! Place aux bons mots et faisons le point sur la situation : "Séïsme, catastrophe, images terribles, état de choc, feu nucléaire". Un vocabulaire employé à la fois par la presse, les politiques et l'entourage de Dominique Strauss Kahn qui n'est pas sans rappeler les événements récents au Japon.

© REUTERS/Mike Segar

Indécents sont ceux qui dramatisent cette situation digne d'un polar. Ils semblent, aujourd'hui, reléguer au deuxième plan par exemple les dizaines de libyens et syriens qui tombent chaque jour ou ces nippons qui ont montré plus de courage qu'un socialiste au réveil un dimanche matin.

Petit florilège de déclarations :

Dominique Cambadélis, lieutenant de Strauss Kahn : "Ensuite, je ne suis pas du tout -loin de là- un adepte des complots mais j'ai encore en tête le fait qu'on avait promis à Dominique Strauss-Kahn le feu nucléaire dès qu'il ferait ses premiers pas de candidat", a indiqué le député de Paris.

Bernard Debré, Député UMP sur son blog : "Quand vous sortirez de prison, disparaissez dans votre ryad, ne vous justifiez pas, ne dites plus rien. Vous avez été une fausse valeur, un obsédé sexuel, un escroc intellectuel. Vous avez sali votre pays. Ce que je vous souhaite c'est maintenant de vous soigner, il existe des médicaments pour les délinquants sexuels", conclut le médecin sur son blog.

Christine Boutin, adepte de la théorie du complot : « Il peut y avoir beaucoup beaucoup d'origines à ce piège (...) Ça peut venir du FMI, ça peut aussi venir de la droite française, ça peut venir de la gauche française ».

Non, il a fallu que ce dimanche 15 mai 2011 marque l'histoire de notre (petit) pays : il s'agit de l'inculpation pour agression sexuelle, tentative de viol et séquestration d'un futur candidat aux présidentielles françaises et patron d'un organisme financier, qui jusque là, n'était connu que pour avoir mis à terre l'Argentine, mais sinon on sait pas trop à quoi ça sert le FMI. Et il a remplacé qui Strauss Kahn ?
Crime ou complot, c'est un peu la direction dans laquelle se dirige l'affaire DSK qui depuis hier occupe 95 % des journaux, télévisés, papiers ou radiophoniques. Les auditeurs nombreux réagissent sur les antennes : "Présomption d'innocence", "Je ne peux pas croire qu'il se soit fait avoir", "Pensons à cette pauvre femme". Bref, chacun y va de sa petite phrase et refait l'enquête.
Si les faits sont avérés, cela constitue une faute humaine et non politique pour l'actuel directeur général du FMI. Il ira en prison payer pour cette agression digne de sombres pages de faits divers. Cela reste totalement incomparable à Clinton ou Berlusconi, là on parle de "tentative de viol". Ce sont des faits qui, s'ils sont confirmés, marqueraient la fin de la vie politico-médiatique de DSK.

Toujours présumé innocent

Mais à l'heure actuelle, il reste présumé innocent (en France, car aux USA c'est l'accusation qui prime). Donc partons de ce principe, et patientons, laissons faire la justice. Attendons les preuves. Et tirons les conséquences dans un second temps.
De façon factuelle, faisons le point sur cette affaire. Après les images parues de DSK marchant avec ses menottes entouré de deux policiers américains, la défense annonce un alibi aujourd'hui. A l'approche de sa venue au tribunal, il est possible que des preuves soient déjà amenées.
Dominique Strauss Kahn aurait déjeuné avec sa fille, dans un restaurant new-yorkais à l'heure de l'agression présumée. Il serait ensuite venu à l'hôtel Sofitel de New York rendre la chambre, calmement, sans précipitation et y aurait laissé par mégarde l'un de ses nombreux téléphones mobiles. Il aurait ensuite lui même appelé pour récupérer son téléphone, et ainsi mis les policiers sur sa piste.
La défense s'appuierait également sur le fait que la femme de chambre en question, de 32 ans, ne serait pas séduisante. Ce qui, aux yeux d'un prédateur sexuel, semble être un argument inattendu.
D'après l'édition du Monde de mardi, "D'après l'un des proches, Anne Sinclair aurait alors rapporté une conversation avec son mari, celui-ci évoquant un "problème grave", mais sans faire aucune allusion à l'agression de l'hôtel."

On note également la déclaration aujourd'hui du biographe de DSK, Michel Taubmann, qui sur RMC, a totalement remis en cause les déclarations de Tristane Banon qui déclare avoir vécu une agression similaire il y a quelques années. Vidéo à voir précédemment sur le Blog des Citoyens alternatifs.

Les prochaines heures et prochains jours vont nous permettre d'y voir plus clair. Aujourd'hui, tout commentaire reste superflu, tant l'ensemble des possibilités existe. Aussi bien la candidature de DSK en 2012, que son emprisonnement pour 20 ans.

Crédit photo : REUTERS/Mike Segar


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