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Miracle grec

Publié le 17 mai 2011 par Egea

Non, il n'y aura pas de miracle grec : comme ils se produisent tous les deux mille cinq cents ans environ, et que le dernier a eu lieu il y a siècle et demi avec l'indépendance et la renaissance d'un Etat qui n'était qu'une idée, on ne peut pas espérer un renouvellement prochain.

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Autrement dit , la dette grecque constitue un événement majeur.

Et elle nécessite d'être restructurée. C'était déjà inéluctable, même si les milieux officiels ne le disaient pas ouvertement. Les soucis actuels du directeur du FMI ont accéléré la crise. Les Français affirment "pas question" : position de façade, position de négociation.

La question n'est pas si on va restructurer la dette grecque, mais quand, et comment.

Le comment pose deux questions :

  • restructuration simple ou mélange avec du rééchelonnement ? il y a là des considérations techniques sur lesquelles je ne me prononcerai pas, mais l'essentiel est là : il y aura défaut de paiement. Un Etat européen ne pourra pas honorer sa signature. Ce qui est une sacrée atteinte au soft power européen, qui constituait l'actif le plus précieux du continent.
  • cette restructuration touchera-t-elle seulement les Etats, ou les banques privées aussi ? la question est très politique, car elle pose la question de la fragilité d'un certain nombre d'établissements, notamment (mais pas seulement) allemands et français. ON remarquera que depuis Lehman Brothers, on hésite à s'engager dans des versions dures : le too big to fail a le vent en poupe. MAis cela va à l 'encontre du rigorisme allemand, puisque cela revient à admettre que les Etats couvrent tous les excès des privés, sans pouvoir les réguler : ce qui n'est pas très cohérent avec la culture de la responsabilité budgétaire affichée par ailleurs envers des pays "périphériques de l'euro" comme il faut le dire selon le conformisme du moment.

Du coup, le quand prendra un peu plus de temps, mais interviendra cette année, alors qu'on attendait 2012 : cela aura des conséquences sur les autres pays (Irlande, Portugal, Espagne) mais aussi sur les campagnes électorales allemandes et françaises.

D'un point de vue plus large, cela va marquer un tournant pour l'Europe

  • soit elle s'abandonne à ses tendances actuelles à la fragmentation (gestion de l'euro, des dettes, de Schengen, ...) ce qui augure mal de l'avenir : car les ruptures que j'évoquais hier auront lieu en Europe, qui risquerait de découvrir qu'elle abrite encore la violence.
  • soit elle réussit à surmonter la difficulté, au prix d'un compromis qui apparaitra forcément comme bancal, mais qui aura le mérite de sauver, un temps, le système européen.

Dans les deux cas toutefois, l'Europe paiera ses difficultés d'une perte d'influence. C’est pourquoi je doute fort que le prochain directeur du FMI soit européen....

O. Kempf


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