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Affaire DSK : arrêtons les propos graveleux et le mépris de classe !

Publié le 24 mai 2011 par Albert @albertRicchi

Affaire DSK : arrêtons les propos graveleux et le mépris de classe !Pourquoi en cas de plainte pour viol, la parole de la femme est-elle systématiquement dévalorisée ? Les propos entendus depuis le début de l’affaire DSK en provenance de la plupart des politiques ou journalistes montrent, hélas, que le viol est encore minimisé dans notre société.

Combien de fois Pierre Moscovici et Jean-Christophe Cambadélis ont-ils répété que l'incrimination contre DSK ne lui ressemblait pas ? (alors qu’ils savent pertinemment que cela lui ressemble trop bien au contraire…). Pour Jack Lang, "il n’y a pas mort d’homme". Pour BHL, ça ne ressemble pas à son "ami", la palme d’or revenant incontestablement à un autre ami de DSK, Jean-François Kahn, qui a déclaré le 16 mai sur France-Culture qu’il ne s’agissait après tout que d’un “troussage de domestique”. Pour un peu, JFK nous ferait revenir quelques siècles en arrière, presque au bon temps du “droit de cuissage” médiéval (un seigneur avait le droit d’”essayer” toute femme qui se mariait dans sa juridiction).

Mais aujourd’hui, il est urgent de rappeler à tous ces messieurs que la présomption d'innocence ne peut pas faire oublier qu'il y a aussi une présomption de victime…

Appel "Sexisme : ils se lâchent, les femmes trinquent !"

Depuis une semaine, nous sommes abasourdies par le déferlement quotidien de propos misogynes tenus par des personnalités publiques, largement relayés sur nos écrans, postes de radios, lieux de travail comme sur les réseaux sociaux. Nous avons eu droit à un florilège de remarques sexistes, du « il n’y a pas mort d’homme » au « troussage de domestique » en passant par « c’est un tort d’aimer les femmes ? » ou les commentaires établissant un lien entre l’apparence physique des femmes, leur tenue vestimentaire et le comportement des hommes qu’elles croisent.

Nous sommes en colère, révoltées et révoltés, indignées et indignés.

Nous ne savons pas ce qui s’est passé à New York samedi dernier mais nous savons ce qui se passe en France depuis une semaine. Nous assistons à une fulgurante remontée à la surface de réflexes sexistes et réactionnaires, si prompts à surgir chez une partie des élites françaises.

Ces propos illustrent l’impunité qui règne dans notre pays quant à l’expression publique d’un sexisme décomplexé. Autant de tolérance ne serait acceptée dans nul autre cas de discrimination.

Ces propos tendent à minimiser la gravité du viol, tendent à en faire une situation aux frontières floues, plus ou moins acceptable, une sorte de dérapage. Ils envoient un message simple aux victimes présentes et futures : « ne portez pas plainte ». Nous le rappelons : le viol et la tentative de viol sont des crimes.

Ces propos prouvent à quel point la réalité des violences faites aux femmes sont méconnue. De la part d’élites qui prétendent diriger notre société, c’est particulièrement inquiétant. 75 000 femmes sont violées chaque année dans notre pays, de toutes catégories sociales, de tous âges. Leur seul point commun est d’être des femmes. Le seul point commun des agresseurs, c’est d’être des hommes.

Enfin, ces propos font apparaître une confusion intolérable entre liberté sexuelle et violence faite aux femmes. Les actes violents, viol, tentative de viol, harcèlement sont la marque d’une volonté de domination des hommes sur le corps des femmes. Faire ce parallèle est dangereux et malhonnête : ils ouvrent la voie aux partisans d’un retour à l’ordre moral qui freine l’émancipation des femmes et des hommes.

Les personnalités publiques qui véhiculent des stéréotypes qu’on croyait d’un autre siècle insultent toutes les femmes ainsi que toutes celles et ceux qui tiennent à la dignité humaine et luttent au quotidien pour faire avancer l’égalité femmes- hommes.

> Pour signer l’appel :

http://www.osezlefeminisme.fr/article/sexisme-ils-se-lachent-les-femmes-trinquent

Premiers signataires : Audrey Pulvar, Florence Foresti, Gisèle Halimi, Clémentine Autain, Françoise Héritier, Virginie Despentes, Christine Ockrent, Florence Montreynaud, Isabelle Alonso, Marie-Françoise Colombani, Agnès Bihl, Annie Ernaux, Geneviève Fraisse, Julien Bayou, Patric Jean, Dominique Méda, Annick Coupé, Caroline Mecary, Giulia Foïs...

Associations féministes : Planning Familial, Choisir la Cause des Femmes, la CLEF, Femmes pour le Dire Femmes pour Agir, Mix-Cité, l'inter-LGBT, le Laboratoire de l'Egalité, les Chiennes de Garde, la Maison des Femmes de Montreuil, Le Collectif de Pratiques et de Réflexions Féministes « Ruptures », le Réseau Féministe « Ruptures », Bagdam Espace lesbien, SOS Les mamans, Association la Lune, l'ANEF, l'Espace Simone de Beauvoir, La Ligue du Droit International des Femmes, le Centre Évolutif Lilith (Lesbiennes en Marche) Marseille

Responsables politiques : Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, David Assouline, Danièle Bousquet du Parti socialiste, Cécile Duflot, Eva Joly de Europe Ecologie Les Verts, Pierre Laurent, Marie-George Buffet du Parti Communiste Français, Jean-Luc Mélenchon, Martine Billard du Parti de Gauche et Myriam Martin, Christine Poupin, NPA.

Photo Creative Commons : congo kivu viols par André Thiel (http://www.flickr.com/photos/athiel/4666922093/)

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