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Led Zeppelin Live at the Royal Albert Hall (Peter Whitehead)

Publié le 10 février 2008 par Stéphane Kahn
On n’aura peut-être pas vu le concert de reformation de Led Zeppelin à Londres le 10 décembre 2007, mais, ce soir, on se sera téléporté en 1970 pour voir le quatuor encore balbutiant filmé par Peter Whitehead dans la capitale britannique.
Led Zeppelin Live at the Royal Albert Hall était donc projeté à l’Ecran de Saint-Denis, ce soir, dans le cadre du très recommandable festival Combat Rock. Belle salle, grand écran, son énorme, on n’aura jamais vu et entendu Led Zep d’aussi près.
Ce film assez rare que l’on peut voir morcelé sur YouTube (c’est déjà ça), je l’avais raté l’an dernier à la Cinémathèque Française où il était montré dans le cadre de la rétrospective consacrée au cinéaste anglais qui a inspiré à Antonioni le personnage interprété par David Hemmings dans Blow Up.
A l’heure du montage pétaradant, des petites caméras et de la recherche d’angles de vues aussi variés - et improbables - que possible, le film de Peter Whitehead lave notre regard de tant de médiocres captations et des codes télévisuels dévolus à la musique filmée. Le filmage de Whitehead s’avère en effet aussi vintage que la Les Paul de Jimmy Page. Deux caméras 16 mm portées à la main et c’est tout. Résultat : le film est brut, dénué presque totalement d’afféteries. On se demande pourquoi Led Zeppelin et Peter Grant, qui l’avaient commandé à Whitehead, n’en voulurent finalement pas. "Trop sombre", dirent-ils. A moins que ce soit plutôt parce que le groupe s’y présentait alors dans le plus simple appareil, pas encore décidé sur son look (le fameux pull jacquard sans manche de Jimmy Page), pas encore esclave des attributs de la légende.
Quoi qu’il en soit, le film est un document formidable sur un groupe saisi au complet, souvent rassemblé d’ailleurs dans le plan. Uni, soudé, implacablement lié, cimenté par cette rythmique massive assurée par Bonham et Jones. Il est frappant de comparer ce film-là à Ziggy Stardust and the Spiders From Mars de D.A. Pennebaker (1973), film littéralement hypnotisé par Bowie et ne montrant presque jamais les musiciens qui le secondaient. Rien de tel dans le film de Whitehead, où l’ennui pointerait presque dès que le quatuor est destabilisé, dès que l’élan collectif laisse la place à la performance individuelle (les morceaux en solo de Page et de Bonham). Ce sont ces passages-là que l’on zappe dans les bootlegs du groupe, ce sont aussi ces moments-là qui apparaissent comme les plus faibles dans le film. Comme si l'énergie du cinéaste se dévidait dès lors que son projet doit se focaliser sur un seul membre du groupe.
Car Led Zeppelin est, plus qu’aucun autre groupe – bien plus même que les Who – la somme de quatre individus, une formation dont le line-up jamais ne changera, qui ne s’éparpillera pas dans les projets annexes, et dont la course ne sera stoppée que par la mort de l’un d’entre eux.
Par une mise en scène qui lui est paradoxalement dictée par le peu de moyens dont il dispose, Peter Whitehead traduit déjà cela. Il n'y a pas de place pour une cinquième personne ici. S’il veut filmer le groupe, ce sera en contrebande, en se frayant un chemin sur la scène, en se planquant derrière Bonham, en filmant de la fosse, en cadrant comme il le peut cet événement auquel il ne peut participer. Il est évident dans Live at the Royal Albert Hall que Led Zeppelin ne se plie à aucune consigne. En 1970, le groupe se contrefoutait des deux caméras, il n’y avait pas de place pour la mise en scène. Cela viendra plus tard. C’est tout le talent de Whitehead d’avoir réussi, malgré tout, à filmer ce concert exceptionnel.
Les premières minutes : We're Gonna Groove    

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