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à la manière de Richard Brautigan …

Publié le 21 janvier 2008 par Pierrebrice

je me suis laissé à écrire quelques nouvelles, il y a longtemps (entre 1988 et 1990), “à la manière de Richard Brautigan”,
la formule consacrée, dans ce cas-là, est “je ne lui arrive pas à la cheville”,
pour être franc, je vise plutôt le doigt de pied (le petit), mais je me contenterai de l’ongle …
puisque le niveau littéraire est si faible, pourquoi les publier ? parce que cela me donne l’occasion de parler de Richard Brautigan, dont je vous conseille les lire les livres, surtout les recueils de nouvelles, la pêche à la truite, Tokyo Montana Express (un vrai chef-d’oeuvre), et aussi le polar, un privé à Babylone

Femme sur fond blanc
Depuis toujours je cherche un moyen pour utiliser agréablement le peu de vie que depuis ma naissance il me reste à me promener. Sans travailler, c’est pas con mais dur à réaliser. Un jour j’ai pris une photo, par hasard, une photo normale, une femme sur un fond blanc. La femme était plutôt bien et le fond pas mal non plus. Cette photo a eu beaucoup de succès, sans que je comprenne bien pourquoi.
Je l’ai appelée femme sur fond blanc.
Et savoir pourquoi je m’en moque : elle a fait la une d’un tas de magazines, elle a été tirée -la photo, après la pose font ce que veulent tous les modèles- sur des affiches, des posters, des cartes postale, même sur des tee-shirts et sur des calendriers, elle m’a rapporté beaucoup de sous alors depuis je me promène, j’utilise agréablement le peu de vie que depuis ma naissance il me reste à exploiter le filon.
Je décline les couleurs, femme sur fond jaune, femme sur fond vert, femme sur fond violet, femme sur fond bleu … et il y en a toujours à crier au génie, toutes ont pareillement de succès. Je devrais remercier les femmes, mais non : c’est au blanc que je dois tout.

Un jour je mangeais
Un jour je mangeais avec des amis et l’un deux -je me souviens, c’était un plat indien- a raconté qu’il avait le matin même été abordé par un homme-sandwich qui distribuait des tracts.
Pourquoi il a raconté ça je l’ignore, mais il l’a fait.
D’ailleurs il n’était pas mon ami, et non plus ne l’étaient les autres convives, moi j’ai pouffé et ce faisant je me suis étranglé, j’ai toussé et opté pour une teinte des plus rouges, ils s’attendaient à ce qu’ainsi je sorte quelque chose d’hilarant, je riais et eux me regardaient dans l’expectative en souriant.
À cette heure-ci je préfère, ai-je dit, un homme-tract qui distribuerait des sandwiches.
Et j’ai fait un bide.

La grenouille et le héros
Je marchais d’un bon pas normal sur le bord de la route, pour tout dire je revenais de la gare. J’ai vu une grenouille. Une petite grenouille qui serait peut-être devenue princesse si je l’avais embrassée mais moi il faut que je sois clair, les grenouilles, les embrasser n’est pas dans mon habitude. Elle se hissait sur le trottoir.
À deux cents mètres il y a un étang bordé de marécages, je me suis dit c’est de là qu’elle vient. Deux cents mètres ! Pour une grenouille, sûrement que ça représente une trotte. J’ai rigolé parce que j’ai pensé qu’elle voulait se sortir du caniveau, qu’elle pustulait à un poste plus élevé. Et j’ai continué ma route.
Le lendemain dans le métro j’ai séparé deux femmes qui comme des chiffonniers d’hier se foutaient dans la gueule des mandales et leurs poings serrés.
Après qu’elles se soient calmées grâce à mon intervention je me suis assis sur un strapontin pour lire.
En fait je ne lisais pas, je me donnais une contenance, style décontracté, je surprenais les regards de voyageuses admiratives et de voyageurs jaloux.
La rame a continué son trajet et moi mon voyage, des gens sont descendus, d’autres sont montés, ce qui fait qu’après une dizaine de stations plus aucun des passagers n’avait assisté à la bagarre, je n’étais pour eux pas un héros mais dans ma tête si.
Je me suis senti aussi petit et déprimé que la grenouille.
Deux cents mètres ! Et encore deux cents pour rentrer …
Aucune de ses congénères n’a pu la voir grimper sur mon trottoir, moment intense, aucune de ses congénères n’a pu l’admirer, peut-être même -sûrement, une grenouille c’est très con- qu’elles coassent et s’en foutent.
Dur d’être une grenouille ! Dur d’être un héros !


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