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PS, le congrès est avancé

Publié le 04 juin 2011 par Alex75

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Après l'euphorie du 30e anniversaire de l'élection de François Mitterrand, célébré le 10 mai dernier, par un grand concert, place de la Bastille, organisé par un banquier reconverti dans la presse pour “bo-bos branchés”, le coup de semonce de l'affaire DSK est passé par là, rebattant les cartes. Le Parti Socialiste connaît une nouvelle donne, après la sortie fracassante de Strauss-Kahn et le congrès du PS a été avancé, relançant les jeux d'alliance.

Comme cela a été établi, DSK était prêt à rentrer, au dernier moment, pour annoncer sa candidature. Un dossier lui était consacré dans le magazine Marianne récemment, retranscrivant notamment plusieurs entretiens - confidence, accordés par DSK, il y a environ un mois de cela. Il avait déjà commencé à avancer ses pions, y allant de ses stratégies, jeux d'alliance. Mais suite à son arrestation et à son inculpation à l'étranger, qui a résonné comme un véritable coup de semonce, le scénario en est bouleversé au PS. A quatre mois de la primaire socialiste, Laurent Fabius et Ségolène Royal ont apporté leur soutien à Martine Aubry, qui était récemment à Poitiers. Alors Martine Aubry verrouille l'appareil du parti, qui resserre les rangs autour de sa secrétaire générale. Tandis que François Hollande qui a annoncé récemment sa candidature aux primaires, mène une campagne de séduction auprès des élus, prenant son baton de pélerin et parcourant la Corrèze et d'autres circonscriptions. Comme l'a établi Denis Jeambar, la présidentielle de 2012 est sa seule “obsession souterraine“. Il n'a toujours pas digéré le coup de 2007. Et l'ancien secrétaire du parti s'affronte au nouveau, comme en  1994, car l'histoire du PS est un éternel recommencement.

Le drame du PS est qu'il n'intègre pas la logique monarcho-bonapartiste de la Ve République, outre l'intermède mitterrandien, toujours en quête de celui ou celle, qui prendra sa destinée en main. Ainsi, à la veille des présidentielles de 1995, Jacques Delors ayant refusé de faire son devoir, la compétition opposa déjà l'ancien secrétaire du parti au nouveau, à savoir Jospin contre Emmanuelli. C'est toujours la dychotomie entre l'homme ou la femme qui tient l'appareil et celui ou celle, qui a conservé une place chère dans le coeur des militants. Les socialistes sont pris dans leur logique partisane. C'est maintenant Martine Aubry contre l'ancien secrétaire du parti, François Hollande, qui ne cesse de gagner en popularité auprès des militants. Chacun y va ainsi de sa stratégie, faite de coups tordus. Dans une démarche oligarchique, Hollande “drague” ainsi les élus, mais pour l'instant, il ne va guère à la rencontre des Français. Son principal problème reste son manque de charisme, qu'il compense en tentant de se donner une patine de terroir. DSK était clairement le candidat de la gauche, le plus crédible et le plus dangereux. On touche ainsi au problème des socialistes, qui n'ont pas de candidats crédibles, si ce n'est DSK et Fabius, l'un hors-course et l'autre prisonnier de l'impopularité partisane.

La candidate de 2007, Ségolène Royal, manquait également cruellement de charisme. Cette réalité est globalement niée, et les sondages à un an des élections étant trompeurs, les classes populaires refusant souvent de se prononcer. Le problème de la gauche est qu'elle est coupée de l'électorat populaire, qui était autrefois sa colonne vertébrale. Les leçons du 21 avril n'ont pas été éclairement tirées. Le peuple a suffi de plein fouet, les effets de la crise et de la mondialisation heureuse gagnante - gagnante, s'accompagnant d'une précarisation accrue et d'une prolétarisation d'une certaine classe moyenne. Une insécurité sociale, sociétale, voire culturelle, qui pousse nombre de chômeurs, d'employés et de salariés dans les bras du Front national et de la fille Le Pen. Mais certains cercles de réflexion socialistes, comme Terra Nova, ont pris acte de cette situation, exhortant le PS, à changer de peuple. Au profit d'un électorat de petites gens, de jeunes et de diplômés, de Français issus de l'immigration, à la 2e ou 3e génération.

Mais il est vrai que le PS a réellement perdu son champion, capable de s'attirer cet électorat, en la personne de DSK. Il était le seul à même d'incarner cette politique stratégique, sociologique. Ses successeurs n'ont pas de divergence idéologique fondamentale avec lui. Ils sont tous européens, libéraux. Mais ils n'ont pas sa carrure. Martine Aubry se recentre sur son appareil de parti et les militants qu'elle tente de séduire avec Royal, et Hollande continue mollement sa stratégie de campagne, voulant croire à son destin.

  J. D.


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