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non à la taxation des oeuvres d'art à l'I.S.F.

Publié le 07 juin 2011 par Galerierichard

La taxation des oeuvres d'art à l'I.S.F.proposée par plusieurs parlementaires aussi bien de l'UMP que du parti socialiste et autres partis de gauche serait une mesure de plus pour affaiblir le marché de l'art en France qui se porte déjà si mal. Pourquoi?  Décourager les collectionneurs à acheter des oeuvres d'art c'est atteindre tous les acteurs du marché de l'art. Le collectionneur est le financier du système. En achetant de l'art il finance directement le galeriste, la maison de vente aux enchères, l'encadreur, son assureur et son transporteur. En finançant le galeriste et la maison de vente aux enchères il finance indirectement les fournisseurs de ces deux activités. Cela comprend en premier lieu les artistes, car il existe fort peu d'artistes professionnels sans galeries. Cela implique aussi les magazines et revues d'art et sites internet consacrés à l'information artistique dépendant des ressources publicitaires des galeristes et maisons de vente, les  imprimeurs et éditeurs, les critiques d'art, les encadreurs, assureurs, transporteurs, photographes d'art, les sociétés de foires d'art et salons...

On va m'objecter qu'il y a heureusement de petits et de grands collectionneurs peu fortunés. C'est entendu mais il n'empêche qu'une galerie ne fait au mieux que survivre si elle ne vend que des oeuvres en dessous de 10000 euros et qu'une galerie qui veut assumer son rôle de promotion professionnellement au niveau international ne peut pas le faire si elle ne vend aucune oeuvre au dessus de 50000 euros. Il n'y a pas de reconnaissance d'artistes français au niveau international possible avec des galeries françaises financièrement fragiles. C'est toute la différence avec nos voisins allemands. Ce qui est vrai pour un galeriste l'est donc aussi pour l'artiste. Un peintre qui souvent en moyenne crée une vingtaine de peintures par an peut-il durablement survivre en vendant à petits prix faute de collectionneurs aisés capables d'augmenter et soutenir sa côte? La réponse est non. 

Le grand collectionneur n'est pas seulement le mécène des acteurs de l'art il est aussi le principal agent de promotion des artistes. Il aime montrer sa collection aux amateurs et à la faire partager. Il prête ses oeuvres aux musées et centres d'art pour des expositions temporaires. Beaucoup donnent aux aux musées de leur vivant ou après leur mort. Aux Etats-Unis les collectionneurs assument totalement ce rôle social de promotion des artistes. En France on y vient malgré la peur du fisc. Si cette loi était vraiment adoptée, les collectionneurs français se cacheraient du fisc en démissionnant de leurs responsabilités sociales vis à vis des artistes.

Depuis 2008 et la crise bancaire internationale tous les acteurs du marché de l'art souffrent. En 2008 après que l'Espagne ait supprimé l'impôt sur la fortune la France reste le seul pays de la C.E.E à garder cet impôt destructeur pour l'économie. La presse a beaucoup commenté l'ouverture de la galerie Gagosian à Paris mais il n'y a plus personne pour informer de la fermeture chaque mois de galeries d'art jeunes ou moins jeunes. Depuis quelques années les galeries françaises s'installent à Bruxelles, Genève, New York, Londres, Shangaï...A Bruxelles et Genève ces galeristes et maisons de vente françaises y retrouvent les collectionneurs français expatriés. Nombre d'artistes français à la mode vivent aujourd'hui à Berlin, Bruxelles ou New York. Parce que le collectionneur est l'élément moteur du marché de l'art, s'il s'en va , ce sont tous les acteurs de ce marché qui le suivront. Ce n'est pas une vue de l'esprit car c'est un milieu très cosmopolite par goût. Le français est la première langue étrangère qu'on entend dans les vernissages des galeries de Chelsea à New York.

L'Etat a t'il à gagner à faire migrer le marché de l'art massivement? Tous ces acteurs actifs de l'économie qui n'investissent et ne dépensent plus en France feront perdre bien plus de recettes fiscales que ce que l'Etat est supposé en gagner en taxant les oeuvres d'art ET en s'entêtant à garder l'impôt sur la fortune. C'est le seule raison qui explique que l' impôt sur la fortune est supprimé dans tous les pays quelle que soit la couleur politique de leurs dirigeants.  Nos hommes politiques se soucient peu que la France devienne un musée du passé et une terre stérile pour l'art contemporain.


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