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Les liens du sang

Par Rob Gordon
Les liens du sangEn France, la mode est au gangster. Après Le dernier gang d'Ariel Zeitoun et avant les films de Jean-François Richet, Jean-Paul Rouve et autres, c'est l'inattendu Jacques Maillot qui s'y colle. Lui qu'on avait laissé il y a presque dix ans avec le beau Nos vies heureuses revient avec ce joli portrait de deux frères aux vies et aux destins opposés. Sans révolutionner quoi que ce soit, Les liens du sang offre une excellente alternative à ces films de gangster souvent excessifs, excessivement violents, n'aspirant à rien d'autre qu'à faire du sous Scarface (et s'inspirer d'un très mauvais film est rarement une bonne idée). S'il y a bien quelques (impressionnantes) effusions de sang çà et là, le film de Maillot est d'abord un drame familial et intime autour de deux types qui se cherchent l'un l'autre sans même s'être trouvés eux-mêmes.
Au début, il y a de quoi avoir légèrement peur : la reconstitution semble trop appliquée pour que le moindre souffle de vérité sorte du film. Coiffures improbables, papiers peints à fleurs, réalisation façon 70's : rien n'est laissé au hasard, et on craint légitimement de devoir assister à un film scolaire et poussif. Puis le trait se fait plus fin et l'atmosphère s'installe. Sans jamais se focaliser sur les méfaits commis par le pendant sombre de la fratrie (Cluzet, une nouvelle fois très impressionnant), Maillot livre un double portrait sombre et suffoquant, d'autant plus que le script est inspiré d'une histoire vraie (celle des frères Papet, qui ont tiré un livre de leur drôle d'histoire). À plusieurs niveaux, c'est à travers les femmes que ces deux frangins trouvent leur place. On assiste à une véritable déclaration d'amour au sexe dit faible à travers deux personnages de femmes dignes, courageuses, mais jamais sanctifiées par l'auteur. Dans des registres différents, Clotilde Hesme et Marie Denarnaud confirment tout le bien que l'on pense d'elles.
Le profil bas va décidément très bien au cinéma français, qui n'est jamais aussi efficace que lorsqu'il ne tente pas d'imiter ses homologues américains. S'il pourra sembler trop linéaire ou pas assez accidenté, c'est justement par ce refus du rebondissement à tout prix que Les liens du sang séduit. Jusqu'à cette fin ratée, abrupte et inutile, qui vient légèrement remettre en question l'enthousiasme ressenti tout au long du film. Une conclusion qui se permet même d'aller totalement à l'encontre du message que les frères Papet avaient tenté de faire passer dans leur témoignage. À cette grosse réserve près, Les liens du sang montre néanmoins que la France peut encore accoucher de bons films classiques mais stylés. Ce qui constitue une très bonne nouvelle.
7/10

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