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Laissez tranquille la BD !

Publié le 10 juin 2011 par Marx

 
Une vague de puritanisme se répand depuis plusieurs  années en France. Des publications diverses font l’objet d’attaque en justice et demande d’interdictions régulières.
Tintin au Congo n’échappe pas à cette logique ; en septembre 2009 le Cran avait demandé à Frédéric Mitterrand de se prononcer sur l’apposition  d’un avertissement en préambule de l'album pour rappeler que cette édition est "à lire avec la distance nécessaire à toute caricature".
En mai 2010, un procès a opposé les éditions Casterman à un belge d’origine congolaise qui demandait l’interdiction pure et simple de cet album.
Pour autant en Grande Bretagne et aux Etats-Unis on l’a retiré des bibliothèques de certaines villes.
 Il est indéniable que cet album diffuse une vision colonialiste, mais elle est la vision d’une époque. La lecture de Tintin au Congo n’a pas rendu des milliers de jeunes lecteurs racistes.
Interrogé par l’obs en 2009 l’écrivain congolais Alain Mabanckou avait donné le juste point de vue sur cette polémique :
« Que pensez-vous de cette polémique? Seriez-vous partisan d'une interdiction, ou encore d'une mise en perspective du contenu de l'album dans ses rééditions?
Alain Mabanckou.- Non, je ne suis pas partisan d'une interdiction de cette bande dessinée. Elle doit rester une trace de l'esprit belge de ces années trente. Elle est une des preuves historiques d'une certaine pensée occidentale - mais pas de toute la pensée occidentale ! La polémique qui entoure cette œuvre risque de friser la cocasserie à force de ne lire les choses que sous un angle «africaniste», voire «intégriste». Ce n'est pas à partir de «Tintin au Congo» que la pensée du Blanc sur le Nègre s'est formée. Lorsque Tintin est «arrivé au Congo», l'idéologie raciste et coloniale sur le Noir était déjà bien établie. »(1)
Derrière ce combat d’un autre âge se cache la menace du communautarisme et la montée d’une mise à l’index de tout ce qui peut déplaire à un groupe minoritaire. Des groupes religieux qui attaquent une œuvre car elles blasphèment leur croyance des minorités qui attaquent en justice à la moindre occasion.
Caricaturer, créer devient de plus en plus compliqué. A ce rythme là, pourquoi ne pas interdire également l’enquête Corse de Pétillon …. A ce titre, Pétillon s’est complètement essoufflé dans son avant dernière œuvre « l’affaire du voile » : critique gentillette sans grande puissance : a-t-il craint, à l’époque ; d’éventuelles polémiques ?
 Tintin au Congo est mis en scène dans le chat du rabbin, sous les traits d’un colonialiste stupide, laissons à Joann Sfar la conclusion à cette polémique :
« J’ai appris à lire avec les BD d’Hergé, de Jacobs et d’Hugo Pratt. Tous les procès faits récemment à cet album sont injustes. Il est seulement représentatif d’une époque. En revanche, je ne voudrais pas qu’on m’interdise de rire de ses travers. La parodie est un signe de maturité ».(2)



(1) http://bibliobs.nouvelobs.com/bd/20090910.BIB3965/tintin-doit-rester-une-trace-de-l-039-esprit-colonial-des-annees-30.html
(2)http://www.rtl.be/loisirs/cinema/portraitsinterviews/7099/joann-sfar-adapte-le-chat-du-rabbin-bd-en-dessin-anime


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