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DSK a-t-il été traité équitablement ?

Publié le 13 juin 2011 par Jclauded
Depuis son arrestation le 14 mai dernier, Dominique Strauss-Kahn a payé beaucoup pour l’accusation qui pèse sur lui : publicité mondiale négative, arrestation humiliante, emprisonnement dans la minable prison de Rikers Island, démission forcée de la présidence du FMI, prestige international effacé, possibilité d’être président de la France évaporée, dépenses et frais extraordinaires d’avocats et de logement, camouflet blessant pour son épouse, amour-propre balayé … et ça continue.
Récemment, j’ai lu un billet « Ray Kelly’s french connection » du blog de Leonard Levitt, auteur et journaliste newyorkais qui se spécialise dans les affaires policières, spécifiquement celles de la police de New York (NYPD). Le nom de son blog NYPD Confidential figure sur mon blog dans la « liste de blogs intéressants » que je lis et que je recommande à mes lecteurs.
Kelly est le commissaire de la NYPD, donc le grand chef de la police. C’est un homme de principe qui protège ses policiers et exige beaucoup d’eux. Il ne tolère aucune fuite journalistique sur les affaires du NYPD. Par exemple, il y a quelque temps, suite au meurtre d’une étudiante de Brooklyn qui fut attachée et violée, les journaux de New York (NY) eurent vent de détails de l’enquête policière et les publièrent. Devant cet affront, Kelly fut impitoyable et entrepris une enquête générale par la police de la police de tout le bureau des détectives. Ces derniers et leurs patrons furent questionnés sous serment, les rapports d’appels des téléphones portables de chacun analysés, etc…
Les films policiers et les séries télévisées sur la « Big Apple » nous ont souventes fois démontré l’influence qu’exerce le commissaire de police de NY. On a vu ce personnage, à plusieurs occasions, poser des actes favorisant ou protégeant des amis ou des gens influents, même issus de la pègre. Mais Kelly n’est pas de cet acabit. Il passe pour un chef modèle dur et intraitable.
C’est pourquoi il est surprenant que les rumeurs de certaines informations préjudiciables à DSK soient venues du NYPD. Kelly répond que ce ne sont que des allégations fausses. Cet homme qui normalement ne laisse rien passer voulait-il discréditer DSK ? Question crédible ? À première vue, vous me direz NON. Voyons ce qui en est.
Comme Levitt, je n’aime pas les théories de conspiration et rarement je me laisse prendre, mais celle-ci est intéressante.
Celui qui avait un grand intérêt à voir DSK trébucher est Nicolas Sarkozy qui voyait en lui un rival quasi imbattable à la présidence française. Je ressens votre sourire ! Voyons ce que Levitt raconte.
Kelly et son épouse Véronica sont francophiles. Cette dernière voyage souvent en France pour des raisons d’affaires. Interpol est à Lyon et Kelly à cause des affaires anti-terrorisme du NYPD s’y rend fréquemment. En 2006, au consulat français de New York, Kelly a reçu des mains du ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy, la légion d’honneur, la plus haute décoration française. Les Américains qui reçoivent cet honneur sont rares et on retrouve dans le groupe : la cuisinière Julia Child, Walt Disney et le président et général Dwight Eisenhower. Kelly est donc en bonne compagnie.
L’été dernier, Kelly fut invité par Sarkozy à Paris pour la remise de la même décoration à Alain Bauer, le criminaliste français et expert en sécurité. Par la suite, Bauer convainquit Kelly d’assigner plusieurs de ses détectives à la police de Paris pour contrer les menaces terroristes.
Les allégations émanant du NYPD et qui ont créé le plus de tort à DSK, dès les premiers jours de son arrestation, furent : il fuyait par avion vers la France, il y a eu viol et les analyses de son ADN correspondent au sperme relevé sur l’habillement de la femme de chambre. On sait que la première, la supposée fuite, est fausse, mais on ne sait pas encore si les deux dernières sont vraies.
On peut être surpris du manque de réaction du chef Kelly sur ces allégations très graves contre DSK si on la compare aux actions draconiennes qu’il a prises en rapport avec la cas de l’assaut sexuel mentionné au début de ce billet et qui arriva avant qu’il soit décoré de la légion d’honneur.
Kelly a-t-il agi en reconnaissance à Sarkozy en fermant les yeux sur les allégations, venant de ses subalternes, sachant qu’elles blessaient politiquement à mort DSK ? Si non, les a-t-il lui-même ordonnées ? Voulait-il ainsi nuire au principal adversaire politique de son influent ami français, sans que ce dernier le sache ? Si oui, il a réussi car DSK n’est plus de la lutte.
S’il s’avérait que DSK soit déclaré non coupable, une enquête sur les agissements de Kelly durant les premiers jours de l’arrestation de DSK mériterait d’être engagée.
Le comportement de cet éminent policier, issu des milieux pauvres du « West side » de Manhattan, explique la raison pour laquelle Levitt, qui le connaît bien, se pose la question suivante : « Kelly est-il si impressionné par ses associations aux « rich and famous » qu’il perd tout sens des responsabilités ou de service public » lorsqu’il traite d’affaires qui les concernent ?
Claude Dupras

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