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Sus aux assistés

Publié le 14 juin 2011 par Malesherbes

A Clairoix, l'entreprise Continental employait 1120 salariés. Le 11 mars 2009, la direction décidait de délocaliser le site à Timisoara, en Roumanie. Excepté 80 d'entre eux, tous ces employés ont été licenciés. Après de nombreuses manifestations, grèves, occupations, des salariés avaient envahi la sous-préfecture de Compiègne, délit qui fut sanctionné par des amendes. Le jugement de leur leader, Hervé Mathieu, sera rendu le 28 juin. 80% des licenciés n'ont toujours pas retrouvé de CDI.

Notre ami Luc Ferry, délocalisé du ministère vers l'université Paris VII, n'a pas de tels soucis. A l'exception de ses vingt-trois mois comme ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, du 7 mai 2002 au 30 mars 2004, il se trouve déchargé d'enseignement depuis 1997, occupant divers postes où sa contribution à l'épanouissement de notre système éducatif tarde à se manifester.

Conscient du problème lié à cette délocalisation administrative avec effet au 1° octobre 2010, M. Ferry avait adressé le 7 mai 2010 au ministre, Mme Valérie Pécresse, une lettre que nous livre le Canard enchaîné du 8 juin 2011 : " Mme la Ministre, chère Valérie, aurais-tu la gentillesse de donner les instructions [afin que ma décharge] puisse être renouvelée pour une nouvelle période de trois ans, à compter du 1° octobre 2010 ? [...] Je t'embrasse ".

Et voilà, c'est simple comme un coup de fil. En bonne camaraderie, en toute gentillesse. Quand on pense à tous ces imbéciles de travailleurs de Clairoix qui, menacés de perdre leur gagne-pain du fait de la mondialisation, s'étaient permis de saccager une sous-préfecture alors qu'il leur aurait suffi d'adresser un petit poulet aimable et tendre à la DRH de leur entreprise pour que celle-ci leur conservât, et leur lieu de travail (il est vrai, un véritable travail), et leur salaire.

Notre philosophe, lui, perçoit toujours son salaire. Il ignore deux lettres du 14 octobre et du 15 novembre par lesquelles M. Vincent Berger, président de Paris VII, le rappelait à ses obligations. Dans un rappel daté du 31 mai, M. Berger lui propose un service constitué de douze interventions de deux heures entre le 15 juin et le 13 juillet. Dans la fonction publique, le service annuel est de 1607 heures de travail et, dans ce cadre général, le service d'enseignement de référence est de 128 heures pour les cours magistraux et 192 heures pour les travaux dirigés ou travaux pratiques. Le président de Paris VII se déclare ainsi prêt à se satisfaire de 7,5% d'un service statutaire. Quelle mansuétude !

Je crains qu'il n'ait commis un impair dans sa demande, suggérant un cours intitulé : " De l'usage de la philosophie dans la société actuelle ". Notre éminent moraliste y aurait-il vu une allusion à sa fructueuse occupation depuis 2004 au Conseil d'analyse de la société ?


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