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Pour finir en beauté (Venise 6)

Publié le 16 juin 2011 par Marc Lenot

Pour finir en beauté (Venise 6)Encore quelques expositions dans Venise. Non point les attrape-nigauds qui attirent le chaland (à 10 euros le ticket) en affichant Carl Andre et François Morellet et ne montrent quasiment rien d’intéressant  sinon l’autoglorification d’un obscur artiste hollandais, ni l’affichage sur des gondoles des provocations démagogiques d’un publiciste qui voudrait bien qu’on le prenne pour un artiste, ni la monotonie alambiquée et la prétentieuse confusion des expositions made by Pour finir en beauté (Venise 6)Vervoordt au Palazzo Fortuny, ni mieux ni pire que les précédentes éditions (mais ils auraient au moins pu enlever la poussière sur le cristal), ni les petits pavillons ici ou là (et je suis loin d’avoir tout vu, j’ai regretté d’avoir manqué la Lituanie - mention spéciale à Kestutis Kuizinas - mais j’ai découvert l’Andorre…) .

Mais les deux nouveaux accrochages chez Pinault, moins ‘US-centric’ et convenus qu’avant, plus exploratoires : au palais Grassi (jusqu'au 31 décembre 2011), tout envahi par la ‘sculpture’ tentaculaire Contamination de Joanna Vasconcelos (plus à l’aise dans les grandes tailles que dans le kitsch pour galerie; ci-contre à droite), où j’ai aussi découvert une nouvelle ‘vidéo’ de David Claerbout et où je me suis complu à

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respirer l’ombre de Penone. Et aussi à la Pointe de la Douane (jusqu'au 31 décembre 2012), entre les pirates de McCarthy, les linceuls de Cattelan et les très belles sculptures ambiguës de Roni Horn, ‘Well & Truly' (ci-contre à gauche).

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Mais surtout la toute nouvelle Fondation Prada où on est d’abord frappé par cette installation d’Anish Kapoor, Void Field, une série de vingt grands cubes de pierre rouge au sol, chacun évidé et percé d’un trou au sommet : si Ascension était un vide fait objet, Void Field est un objet fait vide. Ce n’est pas tant la prouesse technique (contrairement à Leviathan) qui fascine ici, mais la méditation induite sur le vide et le plein, sur l’unique et le pluriel (ci-contre à droite et en haut).

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La Fondation Prada (jusqu'au 2 octobre) regorge d’œuvres superbes, bien exposées, en petit nombre. Certes, comme c’est Prada, on a droit à Koons, à Hirst et à Vezzoli, et même à une autruche de Cattelan, mais l’émerveillement vient plutôt de la mélancolique installation de Louise Bourgeois au fond de la cour (Cell(Clothes)), des bacs d’eau bleutée de Pino Pascali dans une grande salle de bal aux
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murs garnis de fresques (Confluenze; ci-contre à gauche), ou de ce très sobre ‘tableau’ de Walter de Maria, Silver portrait (Dorian Gray), (ci-contre à droite) comme un daguerréotype effacé, magnifié par ses rideaux de velours, image devenue invisible, memento mori de la représentation, tragique et émouvant.

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Il y a aussi, parmi d’autres splendeurs, trois salles consacrées à la peinture italienne de Buri à Fontana et à Manzoni, qui valent largement la maigre salle du Musée du Novecento à Milan. Tout au bout, prêtée par le Musée du Qatar, une installation de la jeune syrienne Buthayna Ali, que j’avais découverte il y a deux ans : une forêt interrogative de frondes géantes, Y (why) (ci-contre à gauche),  à la fois signe de révolte et univers mystérieux dont la pureté vibre avec le dépouillement des Manzoni juste à côté. C'est un des plus beaux lieux de Venise en ce moment.

Voilà, sur cette dernière image, Venise, c’est fini.

Photos 1, 4, 5, 6 et 7 de l'auteur. Photos 2 & 3 courtoisie Palazzo Grassi : 1) Joana VASCONCELOS.Contamination, 2008-2010. Tricot et crochet en laine faits à la main, applications de feutre, maille industrielle, tissus, ornements, polystyrène, polyester, câbles en acier. Dimensions variables. © J. VASCONCELOS BY SIAE 2011 DMF, LISBONNE. COURTESY ATELIER JOANA VASCONCELOS. COURTESY GALERIE NATHALIE OBADIA. 2) Roni HORN. Well and Truly, 2009-2010. Verre, surfaces brutes sur tous les côtés. 10 éléments chacun, h cm 45,5, Ø cm 91,5.COURTESY HAUSER & WIRTH. © RONI HORN. © PALAZZO GRASSI, PHOTO: ORCH ORSENIGO_CHEMOLLO.
Anish Kapoor et Joana Vasconcelos étant représentés par l'ADAGP, les photos de leurs oeuvres seront ôtées du blog à la fin de leurs expositions.


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