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2012 : Sarkozy prononce un moratoire sur le sarkozysme.

Publié le 22 juin 2011 par Juan
2012 : Sarkozy prononce un moratoire sur le sarkozysme.Le déplacement était prévu et prévisible. Chaque semaine, sauf imprévu, Nicolas Sarkozy file en province les mardi et jeudi. On ne guette les annonces, tant elles se font rares. Cette fois-ci pourtant, le Monarque avait quelque chose à dire, un moratoire sur les suppressions de classes.
Serait-ce un revirement ? Pas vraiment. Depuis des mois, le candidat oscille entre toilettage et nettoyage de ses propres actions avant la grande campagne de 2012.
Progressivement, Nicolas Sarkozy aura ainsi quasiment intégralement détricoté sa grande réforme fiscale de l'été 2007. La défiscalisation partielle des intérêts d'emprunts immobiliers pour l'acquisition d'une résidence principale a été supprimée à compter de 2011, au profit d'un prêt à taux zéro sans condition de ressources (sic !). La réduction des droits de succession a été partiellement amoindrie par le toilettage de l'ISF dans la loi de finances rectificative votée la semaine dernière. Le bouclier fiscal, que la loi TEPA de 2007 avait renforcé, a été purement et simplement supprimé, chacun des ministres (Baroin, Wauquiez, Lagarde) lui trouvant  autant de défauts aujourd'hui qu'hier de qualités.
Reste la défiscalisation partielle des heures supplémentaires, coûteuse, contre-productive et anachronique, une « usine à gaz pour contourner les 35 heures » commentait le centriste Jean Arthuis l'an dernier.
Encore un effort, monsieur le président ! 
Le bonheur est dans le pré
Cette fois-ci, c'était en Lozère, en pleine campagne française. Sarkozy adore la campagne, depuis son échec aux élections régionales voici bientôt deux ans. A l'approche du scrutin de 2012, on rase bientôt gratis. Les élections sénatoriales sont aussi pour septembre. On murmure que la droite pourrait perdre le contrôle de la haute assemblée. Il y avait donc urgence à promettre n'importe quoi.
En Lozère, Nicolas Sarkozy annonça un moratoire sur les suppressions de classes de primaires... en 2012 : « Je soutiens la rentrée 2011 telle qu'elle a été préparée par le ministre. Pour la rentrée 2012, je souhaite que l'école primaire bénéficie d'un traitement particulier.» Et il précisa : « A la rentrée 2012, nous ne procèderons, hors démographie, à aucune fermeture de classe à l'école primaire. C'est-à-dire (...) que le nombre de fermetures de classes n'excèdera pas le nombre d'ouvertures liées aux évolutions démographiques.» Pour les communes rurales, cette promesse qui n'en est pas une ne vaut pas grand chose. L'envoyé spécial du Figaro auprès du Monarque, Charles Jaigu, s'emballe quand même : « Sarkozy sanctuarise l'école primaire ». Diable ! Contre quoi la sanctuarise-t-il ? Ses propres coupes budgétaires ? Rappelons que la Cour des Comptes elle-même expliquait en février dernier que ces réductions de postes de fonctionnaires - pour l'ensemble de la Fonction publique - ne généraient qu'une centaine de millions d'euros d'économies annuelles...
« Nous avons connu la révolution de l'enseignement obligatoire et gratuit, puis le tournant de la massification dans les années 70, la troisième révolution qu'il faut réussir est celle de la personnalisation des parcours. (...) C'est un grand changement qui pose la question des rythmes scolaires.»
Pour la prochaine rentrée scolaire, quelques 1.500 classes de primaires seront supprimées. L'Education nationale perd encore 16.000 postes l'année prochaine, que Luc Chatel a tenté de cacher sous 1,3 million d'euros de publicité pour le recrutement de 17.000 enseignants (l'autre moitié des postes de fonctionnaires partant à la retraite).
En Lozère, le candidat Sarkozy a pris soin de préciser que les suppressions de postes continueraient. Pas question d'abandonner ce totem ! Et, comme le Monde l'explique, les « gisements » identifiés par les experts gouvernementaux sont nombreux : réduction de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans, suppression des postes de personnels sans classe (remplaçants, soutien scolaire, animateurs, etc), augmentation des effectifs par classe.
Rétropédalage électoral ?
George Tron, alors ministre de la Fonction publique, avait déjà laissé entendre que le dogme sarkozyen des réductions mécaniques de postes de fonctionnaires tomberait l'an prochain, année électorale oblige : dans une interview à Libération, il avait déclaré: « Je pense notamment que la règle intangible du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne devrait pas se poursuivre après 2012.»  Ajoutant que chaque ministère aurait plus de souplesse : « chaque ministère pourrait se voir allouer une enveloppe globale, à lui ensuite d'arbitrer entre dépenses de personnel et budget de fonctionnement». Son collègue Baroin, au budget, était trop inquiet de la dérive des comptes publics pour accepter une telle concession, fut-elle électorale.
En avril dernier, dans une interview au quotidien Ouest France, le ministre de l'Intérieur et de l'immigration Claude Guéant en avait lui-même remis une couche. Il avait promis que la suppression d'un poste de fonctionnaire partant à la retraite sur deux serait en débat... pour l'année prochaine : « Le maintien de la règle du « un sur deux » se posera lors de la préparation de la loi de finances 2012, en octobre prochain. Il y a eu des réductions d'effectifs, mais, par rapport à 2001, policiers et gendarmes additionnés, les effectifs sont encore supérieurs de 4 000 emplois ». Nicolas Sarkozy prépara là aussi ses arrières électorales. Son bilan de lutte contre l'insécurité violente est très mauvais. Chaque publication mensuelle des statistiques officielles est devenue une souffrance.
Ce mardi en Lozère, Sarkozy voulait faire un geste, symbolique comme tout ce qu'il fait depuis des mois, de discours vains en hommages inutiles. Il y a des choses qui ne changent pas en Sarkofrance. Arrivé sur les lieux en fin de matinée, il était de retour à Paris dès l'après-midi, pour un entretien avec Vladimir Poutine. Son ami russe n'est que premier ministre. En termes protocolaires, il n'est que l'hôte de François Fillon, auprès duquel il s'est affiché le temps d'une conférence de presse commune pour dire combien il fallait laisser la Syrie tranquille. Mais Poutine est l'homme du fort du régime russe. Le président « officiel », Dimitri Medvedev, n'est qu'une potiche.


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