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Effets secondaires grave sur la santé: Mediator

Publié le 22 juin 2011 par Raymond Viger

Le laboratoire Servier connaissait depuis 1995 les effets mortels du Mediator

Coupe-faim  qui cause 2 000 décès en France

Selon des documents que s’est procuré Le Monde, le laboratoire Servier savait, depuis au moins le début des années 1990, que son médicament, le Mediator, était nocif.

Patrick Juan, Les Voix du Panda, correspondant Français 

Dossiers Santé, Protection du consommateur

médiator coupe-faim nocif décès effets secondaires Les chercheurs des laboratoires Servier étudiaient, depuis le début des années 1990, les composés produits dans l’organisme par le Mediator, médicament interdit depuis 2009 et qui aurait provoqué de 500 à 2 000 décès en France.

Parmi eux, la norfenfluramine, identifiée en 1995 comme responsable de la toxicité de coupe-faims de Servier, l’Isoméride et le Pondéral, tous deux interdits en 1999.

Une parenté que le laboratoire s’est toujours obstiné à minimiser, notamment dans ses documents.

EFFETS SECONDAIRES GRAVES

Une étude menée en 1993 par deux chercheurs de la filiale britannique de Servier quantifie la présence dans le sang de la norfenfluramine, en concentration, le deuxième composé dans lequel se transforme le Mediator.

Or, la norfenfluramine est également le produit actif de deux coupe-faims de Servier, Isoméride et Pondéral, dont une étude démontre en 1995 qu’ils entraînent des effets secondaires graves : une hypertension artérielle pulmonaire, responsable d’insuffisances cardiaques.

Le laboratoire Servier ne pouvait donc ignorer, au moins depuis 1995, que le Mediator pouvait être suspecté de produire lui aussi des effets secondaires graves. Au lieu de quoi, il a toujours affirmé que le Mediator avait des activités pharmacologiques radicalement différentes de celles de l’Isoméride et du Pondéral et que sa tolérance cardiovasculaire était satisfaisante.

Le Mediator, le médicament utilisé comme coupe-faim à l’origine de 500 à 2 000 morts, a coûté environ 1,2 milliard d’euros de remboursement à la Sécurité sociale, affirme Le Figaro .

Le seul remboursement de cet antidiabétique, dont quelque 145 millions de boîtes ont été vendues en trente-trois ans, a coûté 879 millions d’euros, selon une note confidentielle de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), citée par Le Figaro.

Les ventes du Mediator n’ont, en effet, cessé de progresser entre 1983 et 2005, un pic ayant été atteint en 2005 avec plus de 9 millions de boîtes vendues.

COÛT DE LA PRISE EN CHARGE DES COMPLICATIONS MÉDICALES

Le coût de la prise en charge des complications médicales liées à ce médicament, destiné aux diabétiques en surpoids et largement détourné comme coupe-faim, représente, en outre, au moins 315 millions d’euros. Cette estimation part du principe que 1 750 patients ont subi une intervention chirurgicale cardiaque.

La Caisse Nationale d’Assurance-Maladie (CNAM) n’a en revanche pas calculé le coût des arrêts de travail liés au Mediator, ni les primes d’invalidité. Elle n’a pas non plus pris en compte les 663 000 courriers envoyés par l’Agence du médicament aux patients ayant pris du Médiator ainsi que les consultations et les échocardiographies qui ont suivi, raconte le quotidien, précisant que d’autres calculs sont en cours. Contactée par Le Figaro et l’AFP, la CNAM n’a pas souhaité commenter cette information.

Commercialisé en France par les laboratoires Servier de 1976 à novembre 2009, le Mediator, qui a été utilisé par 5 millions de personnes, a été retiré du marché en raison des risques cardiaques qu’il faisait courir aux patients.

Selon l’Agence France Presse, plusieurs centaines de plaintes ont été déposées à ce jour. La CNAM avait décidé en février 2011 de déposer plainte contre les laboratoires Servier pour escroquerie et tromperie aggravée.

Si le laboratoire Servier reste le responsable direct dans l’affaire du Mediator, et donc appelé à systématiquement indemniser les victimes, les médecins pourront également être appelés à rentrer dans la procédure et donc à participer à l’indemnisation des victimes s’il est établi après expertise médicale qu’ils ont une part de responsabilité, indique le ministère de la santé.

Une expertise médicale, réalisée par un comité d’experts placé auprès de l’Oniam (Office national d’indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales), sera chargée de déterminer l’étendue des préjudices et d’identifier les responsabilités pour chaque cas.

BOUCS ÉMISSAIRES

Le syndicat de Médecine Générale France accuse le gouvernement de chercher des boucs émissaires dans cette affaire à travers les médecins prescripteurs. J’aimerais bien que l’on finisse de rechercher les responsabilités, bien entendu du fabricant, mais aussi de toutes les autorités qui ont accepté qu’on enregistre un produit qui n’était, en fait, pas du tout un antidiabétique lorsqu’il était prescrit en toute bonne foi de la part des médecins. Nous avons des documents qui montrent que lorsque des médecins ont eu des doutes et ont interrogé le laboratoire, on leur a répondu que ce produit ne posait aucun problème particulier, a-t-il ajouté.

Un avocat de victimes a abondé dans son sens en estimant que les médecins ne sont pas responsables parce qu’on leur a menti.
Me Charles Joseph-Oudin s’indigne également que le projet d’indemnisation ne dise rien sur la responsabilité des politiques. Il dénonce en outre une complexification de la procédure, manœuvre dilatoire dans l’intérêt du laboratoire Servier.

MAINTENIR LA PROCÉDURE EN CITATION DIRECTE

Pour le député du Parti Socialiste Gérard Bapt, ancien cardiologue et particulièrement en pointe sur ce dossier, la décision de l’État revient à se tirer une balle dans le pied. Le député insiste sur l’importance du maintien jusqu’à son terme de la procédure en citation directe pour tromperie aggravée engagée contre le laboratoire Servier devant le Tribunal de Grande Instance de Nanterre. Les premières audiences sont inscrites en septembre et octobre 2011.

Il apparaît en effet que sans engagement rapide de la procédure pour tromperie, les médecins prescripteurs hors AMM [autorisation de mise sur le marché] pourront être mis en cause, y compris ceux des CHU qui ont maintenu les prescriptions de Médiator à la sortie des services de cardiologie, relève-t-il. Ce sont alors les Hôpitaux qui supporteront la charge des procédures. L’État lui-même, au travers de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, sera mis en cause.

Inutile de dire que les seuls victimes en la circonstance sont les morts, leurs proches, familles et les profiteurs à vous de déduire.

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