Magazine

Max | Aujourd'hui

Publié le 23 juin 2011 par Aragon

gib.jpg

J'inviterai l'enfance à s'attarder le temps qu'il faut...

Félix LECLERC

T'en as jamais eu ?

Ben si, aujourd'hui, maintenant, toutes affaires cessantes...

Se réapproprier l'enfance, sentir l'enfant revenir en soi,

aujourd'hui, dès aujourd'hui...

Courir au lieu de marcher à petits pas étroits, courir à perdre haleine, sur le chemin qui va au stade, qui passe près du Leuy, faire le tour par la passerelle, s'arrêter au milieu et...

cracher dans l'eau, cracher encore, faire seul un concours de crachats, revenir en courant à la maison...

Aller vite dans les pas de tous les jours, monter et descendre les escaliers à tout berzingue, faire du bruit dans la maison, balancer les chaussures au milieu du salon...
Schooter dans les cailloux, faire des ricochets dans l'eau, cracher des noyaux de cerises, faut aller plus loin que 5 pas, le plus haut possible,  ou alors les pincer avec ses doigts, là, ils vont loin , très loin et haut aussi...
Laisser les volets claquer au vent, ne pas les attacher, mettre le bordel dans le garage bien rangé et le souk dans la pile de linge, pas ranger la chambre, laisser la vaisselle 15 jours, foutre la trouille au chat, le caresser ensuite, piller le frigo, se goinfrer de "Bounty", accrocher des soutifs à la balustrade, repeindre la porte d'entrée en jaune fluo et le couloir d'entrée en rose bonbon...Monter le soir sur le toit de la maison par la lucarne du grenier et se coucher sur les tuiles encore chaudes du jour, avoir un peu les chocottes en entendant les chouettes faire leur ramdam dans les grands platanes de la place de la Técouère, laisser venir la nuit, entendre les bruits, tous, imaginer, penser à la came crude avec une terreur délicieuse, redescendre le plus tard possible, retraverser ce grenier mystérieux, reprendre cet escalier antique, ouvrir tout doucement la porte du couloir sans la faire grincer et retrouver le chemin de la piaule dans l'obscurité, le lit, la caverne des draps avec plein de souvenirs de là-haut, tous les possibles encore, grimper dans le vieux chêne en bas de la prairie, accrocher un carton avec une pince à linge, le rentrer dans les rayons de la roue arrière du vélo et faire le tour du village à fond la caisse avant que la nuit tombe, traverser sans respirer - car ainsi on n'est pas piqué - le grand champ d'ortie en face de l'île pour retrouver ce fameux coin de pêche dit la fourmillière, inconnu des adultes, rouler dans une pente couverte d'herbe et de fleurs, tous les impossibles réveillés, dégeler l'adulte,  le défiger, le décomplexer, le défrustrer, le déplier, le rendre souple, ouvert à la vie, enfin utile, enfin vrai...
... être capable d'enfance pour qu'il ne soit pas trop tard,  pour que la vie ne soit pas vaine, pour ne pas laisser passer cette chance, cette chance naturelle, vivante et chaude, si chaude... Devenir un adulte. Vivant. Debout !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aragon 1451 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte