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BPCE : le paiement sans contact tourne à l'acharnement thérapeutique

Publié le 24 juin 2011 par Patriceb @cestpasmonidee
BPCEQue se passe-t-il quand l'innovation se focalise sur les technologies en oubliant les utilisateurs ? Dans la plupart des cas, l'échec est inéluctable. Le paiement sans contact est en bonne voie de devenir un cas d'école pour illustrer ce constat universel. L'idée de départ (remplacer les pièces de monnaie et billets de banque par un instrument simple à utiliser) pouvait paraître séduisante mais il faut maintenant se rendre à l'évidence : les consommateurs n'en veulent pas !
Depuis presque 10 ans, les expérimentations se sont multipliées aux 4 coins du monde. Certaines (en particulier au Japon et en Corée) ont pu laisser penser que le temps ferait progresser l'acceptation de ce nouveau système. Pourtant, à y regarder de près, il est évident qu'il ne suscite aucun engouement massif et il est facile d'en comprendre la raison profonde : personne ne voit de valeur ajoutée dans le paiement sans contact, même sur téléphone mobile.
Dans une telle situation, la réaction logique serait soit d'abandonner l'idée, quitte à la voir resurgir plus tard sous une forme différente, soit de travailler sur le cœur du problème et modifier l'approche pour apporter une valeur aux utilisateurs et créer un nouveau besoin. Que font les banques (avec les autres acteurs impliqués) ? Elles insistent et continuent à pousser la technologie...
Le dernier exemple en date est celui de BPCE, qui annonce[lien PDF], avec Visa Europe, le lancement d'une n-ième expérimentation dont la seule nouveauté est de répondre à un supposé obstacle technique. L'idée est en effet de fournir aux testeurs une interface NFC ("Near Field Communication", le composant indispensable de communication de proximité) intégrée dans une carte microSD. Ainsi, les partenaires cherchent à contourner l'absence sur le marché de mobiles équipés de la technologie sans contact.
Notons d'emblée les limitations de cette expérimentation. J'en vois au moins 4 qui risquent de refroidir les ardeurs des amateurs de nouveautés :
  • Seule une poignée de téléphones sont compatibles (les iPhones récents, un modèle de Samsung et deux BlackBerrys).
  • L'utilisation d'une carte microSD va monopoliser l'emplacement prévu pour une carte mémoire destinée normalement à stocker des données (en particulier des morceaux de musique). Pire, sur l'iPhone, il faudra installer une jaquette spéciale à défaut d'interface idoine.
  • L'utilisateur devra également installer une application et activer sa carte avant de pouvoir payer.
  • Seuls les paiement d'un montant inférieur à 20 euros seront possibles, dans un premier temps (en France).
En contrepartie, le seul service complémentaire proposé est une fonction de suivi des dépenses sur le mobile. Comme il ne prendra vraisemblablement en compte que les paiements réalisés sans contact, l'intérêt pour le client sera pour le moins limité...
En dehors de ces défauts techniques, la question de fond reste entière : quelle est la proposition de valeur pour le consommateur ? La réponse ("aucune") n'ayant pas varié, le résultat ne pourra être que négatif.
L'entrée dans la danse de Google, avec l'intégration d'une interface NFC dans son système Android, laisse malgré tout espérer une évolution du paiement sans contact. La vision du géant logiciel est en effet beaucoup plus large et vise à faire émerger de nouveaux services dont la combinaison a quelques chances de déclencher un mouvement d'adoption. C'est à mon avis dans cette direction que les institutions financières devraient désormais travailler, en se donnant le temps de la réflexion, pendant que les constructeurs de mobiles généralisent la technologie.

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