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La fin de la faim

Publié le 24 juin 2011 par Alteroueb

Le G20 agricole n’a pas suscité beaucoup de lignes dans la presse. D’abord parce que ce genre de grand-messe, il y en a à tout bout de champ, sur toutes sortes de sujets, au point que je me demande quand les ministres et autres techniciens oligarques fréquentent leurs somptueux bureaux. Ensuite et surtout parce que s’il en ressortait quelque chose d’utile pour la planète et leurs habitants, cela se saurait.

La fin de la faim
Ce sommet organisé à Paris sous présidence française était essentiellement destiné à adopter un «plan d’action sur la volatilité des prix alimentaires» pour permettre d’atténuer les effets des grandes crises alimentaires. Les grandes manifestations de la faim de l’an passé, un peu partout sur le globe sont là pour rappeler au monde opulent que ce problème est politique, que ce n’est pas une fatalité, qu’il résulte uniquement de la cupidité et de l’inaction de l’homme.

Toutes les 6 secondes, quelque part dans le monde, un enfant est en réalité assassiné faute de nourriture par l’incurie de nos bien pansants pensants qui finiront leur sommet par un opulent banquet. D’ailleurs Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture, président du barnum, l’a claironné sans détours : «aujourd’hui est un grand jour, nous sommes parvenus à un accord historique». Mais il ne faut pas s’y tromper. Un satisfecit n’engage que ceux qui y prêtent une oreille dénuée du plus élémentaire bon sens. Si le gros-mot «réguler», éminemment tabou, est bien présent dans le texte final, ce qui pourrait presque sonner pour une victoire, on sait tous ce que sont ces belles et grandes déclarations d’intention proclamées dans des salons feutrés. En Afrique, dans les pays les plus pauvres, les gosses continueront de crever en silence pendant que les acteurs des marchés poursuivent leurs lucratives activités comme si de rien n’était…

Parce que rien ne va changer, évidemment. Comment peut-on sérieusement croire que la pseudo-transparence induite par l’information désormais requise sur l’état des stocks agricoles ne va pas alimenter davantage la spéculation ? Comment comprendre cet encouragement à augmenter la productivité alors qu’on sait que 30 % de la production agricole de par le monde n’arrive pas à destination, devient inutilisable car mal stockée et mal répartie sur la planète… Mais on persiste à subventionner les grands systèmes productifs du nord, laissant la mondialisation épuiser les paysans du sud, ou carrement leur voler les terres… Pendant ce temps, l’industrie agro-alimentaire attend son heure pour abattre sa botte ultime, les OGM comme panacée universelle… Plutôt une belle corde autour du cou.

Ainsi va le monde. Grands sourires, grandes tapes dans le dos, on brasse, on s’embrasse, et on n’oublie pas de communiquer et de ramasser la monnaie. Concernés ou non, peu importe, mais on statue sur les grandes questions du monde en laissant à la génération suivante le soin de gérer les conséquences. Au Japon les enfants autour de Fukushima ont été dotés d’un dosimètre, permettant aux parents de savoir précisément quand les bambins seront cramés. Pas de doutes, le système est bien fait.

Vrais problèmes, fausses solutions, et c’est loin d’être fini.


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