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OMAR M’A TUER de Roschdy Zem

Publié le 24 juin 2011 par Celine_diane
OMAR M’A TUER de Roschdy Zem
Il y a 20 ans, quasiment jour pour jour à la date de sortie du film, Ghislaine Marchal- une riche veuve- est retrouvée dans sa cave, poignardée, morte ; l’inscription "Omar m’a tuer" écrite sur le mur, avec son sang. Son jardinier, Omar, modeste père de famille d’origine maghrébine est accusé du meurtre. C’est l’Affaire Raddad. Roschdy Zem s’empare d’un fait divers qui a secoué la France, et pointe du doigt les zones d’ombres d’un dossier bancal, la condamnation d’un homme sans preuve certaine, la destruction progressive d’une vie, écrasée par une machine judiciaire implacable. Pour incarner cet Omar désemparé, analphabète, étiqueté meurtrier et propulsé à la une des journaux pour un crime qu’il clame ne pas avoir commis, il choisit judicieusement Sami Bouajila, formidable acteur dont l’humilité naturelle sied à merveille au rôle. En un regard, il bouleverse. C’est lui, le véritable objet de cinéma ici. Pour le reste, autant le sujet est fort, autant la fiction apparaît fade.

Zem, dont c’est le deuxième long après Mauvaise foi, ne dépasse jamais le cadre de la gentille reconstitution de faits, même s’il tente d’y insuffler de l’idée au travers du processus de création de l’écrivain Pierre-Emmanuel Vaugrenard (Denis Podalydès) avec cette enquête parallèle pour trouver matière à son roman. Derrière le personnage, se cache le vrai Jean-Marie Rouart, et son bouquin Omar : la construction d’un coupable dont le cinéaste s’est inspiré. On ne peut pas le nier : Zem est ultra documenté. S’appuyant également sur le récit d’Omar Raddad lui-même (et de son livre Pourquoi moi ?), il déballe tous les éléments d’un dossier bizarrement bâclé, dans une France pas si accueillante et qui trouve en Omar le coupable parfait. Sauf que l’heure et demie qu’il propose ici brille par son absence d’intensité, multipliant regrettables ellipses (les 7 ans de prison notamment, et ce malgré la métamorphose physique de Bouajila) et arborant une empathie qui camoufle la double violence du fait divers (le meurtre de Mme Marchal d’abord, l’enfer vécu par Raddad ensuite). Il aurait fallu se montrer bien plus virulent que ça. Mais, c’est une histoire de goût.

OMAR M’A TUER de Roschdy Zem

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