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Interview du groupe Logre

Publié le 27 juin 2011 par Guillaume Joubert

logre01.jpgSi vous n'avez pas encore pris part à "La Déchirure" de Logre, il est encore temps de vous imprégner de ce voyage glauque, inspiré par le cinéma, où les frissons sont garantis. Certains y voient d'ailleurs une bande originale, mais c'est bien de musique qu'il s'agit et les deux musiciens se dévoilent ici même, alors prenez place :

Le groupe Logre a sorti son premier album le 16 mai dernier.  Intitulé "La Déchirure", ce dernier offre un voyage des plus étranges en J'aimerai que vous vous présentiez afin d'expliquer à nos lecteurs, ce qui vous a rassemblé.

En fait, on ne s'est pas connus ni rencontrés, on est de la même chair, ça remonte à 30 ans environ … on a déjà joué dans d'autres formations il y a quelques années dans des styles bien différents, métal, pop, chanson française, punk … On s'est lancé ensemble en 2008 un peu par "accident", à cette époque on jouait dans d'autres formations et donc pas forcément le temps de s'investir sur un nouveau projet musical, on a laissé les choses se faire d'elles mêmes …

Logre est né d'un projet d'accompagnement, d'un court métrage, qu'est ce qui vous a amené sur ce projet et pourquoi l'avoir fait ?

C'était plus qu'un projet d'accompagnement, nous étions 4 personnes à bosser sur ce court-métrage, on voulait tout faire de A à Z, cela partait d'une vieille envie de réalisation de film d'horreur, on en a discuté avec 2 amis qui partageaient la même envie et voilà. Plus de 6 mois de boulot sur le script, les personnages, les musiques ...etc, nous avons finalement laissé le projet en stand by par manque de financement, et manque de disponibilité entre autre …Nous espérons toujours mener ce projet à terme un jour ou l'autre.

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Ce projet a donc déclenché Logre....qui est Logre, et pourquoi ce nom ?

Le court métrage devait raconter l'histoire d'un manager serial killer qui s'occupait d'un duo musical cagoulé … nous avions écrit quelques musiques pour des scènes de concerts qui devaient se passer dans le film … on s'est dit pourquoi ne pas donner vie à ce duo, on a fait 2/3 répètes bien à l'arrache et un 1er concert de 3 morceaux pour un festival organisé par des potes en juin 2009, l'idée de jouer masqué avec une formation un peu bizarre au départ (une basse, une contrebasse et des samples) nous a bien plu, nous avons enchainé les compos et les concerts dans la région st Etienne / Lyon dans un 1er temps. LoGre est une entité composée de 2 parties, ce n'est pas juste un duo, c'est la vue et l'ouïe aussi !!! La signification du nom va décevoir beaucoup de gens je penses...(rires). C'est une combinaison de lettres des noms et prénoms des 2 musiciens, et puis on aime bien les Ogres, c'est gentil un Ogre !!!

Dès le départ il y a cette formule duo, est-ce un choix ? Logre peux t'il se développer avec l'apport d'autres musiciens ?

C'est un choix de rester en duo, par contre nous sommes ouverts à toutes collaborations ponctuelles, tu vois par exemple, les featuring sur l'album sont nés de vrais rencontres, avec le Voodoo Clan, on s'est rencontrés sur des dates de concerts, dès la 1ère on a voulu jouer un morceau ensemble, ils ont posé des voix sur un de nos titres et voila, quand on a bossé sur notre album, c'est tout naturellement que smoothy s'y retrouve (il est d'ailleurs aussi présent sur le leur).

Avec Tom de Troïdes, c'est l'inverse, c'est un vieux pote, on lui a proposé de choisir un morceau pour poser sa voix pour l'album, et depuis, dès que c'est possible, il vient sur nos concerts pour poser sa voix en live aussi sur Dalshim. On fait appel aussi à d'autres artistes pour les instruments additionnels (piano, alto, voix …) qui sont enregistrés en live et samplés pour les concerts afin de garder la formule du duo ! On a aussi un featuring non présent sur l'album qui tourne sur le net : Antipolitik avec nos amis de Microbien, c'est une reprise / hommage de No One is innocent & Timide et sans complexe, cherchez le clip sur youtube (rires) :  http://www.youtube.com/watch?v=6QkFdUO83Ng

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Vous venez de sortir votre premier album...Expliquez nous un peu votre musique ....Comment l'a définissez vous d'ailleurs ?

Là, ça devient compliqué… On se définit Dark Bass Project, dans le sens où l'idée de départ est de jouer uniquement avec des basses et des samples, et que la couleur générale est assez noire. Pour nous, tout est histoire de cycle sans réel début et sans réelle fin. Nous avons basculé dans un effondrement des mécanismes de défense,où l'apparition du symptôme de passage à l'acte, appelé décompensation nous a permis de franchir le pas, de la confrontation à l'être humain par la scène. Par cette musique nous essayons de faire ressentir nos obsessions, pour le macabre,les méandres de l'esprit humain, le pourquoi, les mécanismes répétitifs de la vie, de l'histoire. Fruit de plusieurs mois de travail, de route et d’introspection. Notre album "La Déchirure" est un voyage en 12 étapes sombres, oniriques voire sociales, avec une fascination pour la mort sous toutes ses formes, On y retrouve également les ravages du temps, les troubles du quotidien pour finalement y apercevoir une note d’espoir.

Votre style est original...Est-ce important pour vous de sortir du lot ? Est ce éventuellement,  une source de motivation ?

Merci ! Ce qui est important pour nous, c'est surtout que le "public" ressente quelque chose, que ce soit positif ou négatif d'ailleurs, on adore discuter avec les gens après un concert, surtout avec ceux qui n'ont pas aimé, qui ont été «dérangés» par le côté glauque du concept, car ils ont au moins ressenti quelque chose … Notre motivation tourne plutôt autour du fait de pouvoir «sortir» nos émotions via la musique et si en plus, en face le public les ressent, les comprend ou même les interprete, on est les plus heureux des Ogres ! Au final, sous nos côtés sombres et glauques, tout est histoire d'échange et de partage avec les gens.

Vous portez un intérêt certain pour la mort et les atmosphères glauques...D'où cela provient ?

Vu que tout a démarré avec un projet de film d'horreur, c'était donc difficile de tomber dans le festif … Plus sérieusement, c'est la vie qui est comme ça, il y a un moment où l'on s'est demandé si la mort n'était pas moins glauque, plus sereine, s'il ne valait mieux pas l'espérer plutôt que la redouter ! C'est plus un constat, une fascination d'observation de l'être humain qu'une tendance suicidaire …C'est dingue ce que l'être humain arrive à générer, c'est affolant, derrière chaque personne à peu près "normale" se cache de la noirceur, à des degrés différents, bien sur, suivant les gens.

Sur l'album, on entend bien ces atmosphères glauques et parfois, on relève quelques notes d'espoir avec des passages plus entraînants, voire dansants..d'ailleurs le dernier titre, s'intitule "L'espoir"....Alors avez-vous les idées si noires que ça ?

Non, on ne peut pas vraiment parler d'idées noires, nos musiques ne représentent pas forcement notre «histoire» personnelle, même si on s'en inspire, c'est plutôt de l'observation «générale» d'une humanité qui se cherche et emprunte des chemins un peu sombres. On est allé au bout de ce qu'on voulait exprimer sur la mort avec cet album, la suite sera différente mais restera dans le domaine de l'observation de l'être humain. On avait fait un maxi autoproduit en 2010 : Décompensation, c'était déjà l'observation de l'être humain qui se cherche, teste divers chemin de vie, jusqu'à la décompensation où il perd pied, et passe à l'acte.

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Le cinéma semble avoir une place importante dans votre jeu de compositions....Comment composez-vous, et où prenez vous votre inspiration ? (question bête sans doute : la mort.....)

Très bonne question (rires)... Dans LoGre, il y en a un qui est en charge de la composition musicale et l'autre de la "composition" visuelle, c'est bien évidemment un raccourci, mais le travail de l'un influence le travail de l'autre systématiquement . Parfois, tout part d'un ligne de basse, et parfois, on discute d'un thème, d'un visuel qui engendre le morceau. Notre Clip "La Déchirure" a été réalisé par Franck Gimenez, jeune réalisateur stephanois ("Dernière génération" et "Vigilante"), on lui a laissé le choix du morceau et carte blanche pour la réal, et il a complétement compris notre univers et l'a mis en image sans dénaturer nos personnages, c'est une super collaboration pour nous,c'est la 1ère fois qu'on laissait notre "image" dans les mains de quelqu'un d'extérieur au duo (tous nos autres clips avaient été réalisé par nos propres soins auparavant). On devrait recollaborer avec lui pour les musiques de son prochain court métrage. Effectivement, notre lien avec le cinéma est très fort, beaucoup de gens ont comparé l'album à une bande originale de film, c'est cool ! Nous allons d'ailleurs jouer à la 2ème convention des films d’horreur et de genre, le Bloody Weekend, à Audincourt les 8/9/10 juillet. Il s’agit d’un festival de cinéma avec des projections de films, des concerts, des artistes exposants, des réalisateurs…Notre objectif est de continuer à établir des connexions avec l’environnement du cinéma afin de travailler à terme sur des bandes originales et des ambiances de films.

L'album est très bien monté avec en intro "La déchirure" et en conclusion "L'espoir"....Tout comme dans un film...Dès le départ c'est cette idée là qui a germé, où plutôt cet ordre là ?

Arrête les compliments, on va rougir sous nos cagoules et pour une fois ce ne sera pas à cause du sang (rires). Au départ, on ne devait pas faire un album, mais un maxi qui devait comprendre notre triptyque sur la mort (Chimères, la Grande Faucheuse et le Fléau) et 4 autres morceaux, il devait être beaucoup plus sombre que la Déchirure). Nos Agendas respectifs et la création du jeune label "La Tanière Production" ainsi que toutes les participations à la souscription, nous ont permis de travailler sur un album avec une totale liberté artistique, on a tout naturellement choisi de passer plus de temps dessus et ainsi pouvoir "accoucher" de la Déchirure (rires). C'est une suite directe au 1er Maxi Décompensation, après avoir perdu pied et franchi le pas, notre être humain sombre dans une déchirure qui l'amènera jusqu'à la mort en passant par diverses étapes. On voulait représenter tout ce qu'il ressent, de l'insomnie à l'attente de la mort, l'arrivée de la faucheuse, le delirium tremens pour se voiler la face et la découverte de la mort de masse ...etc. La conclusion "l'espoir", laisse une porte ouverte, a-t-il vraiment vécu cela ? était ce un rêve ? Était il juste aussi un observateur ? Chacun peut l'interpréter à sa manière, on voulait exprimer des émotions mais pas imposer une finalité.  Le choix et l'ordre des titres à été très difficile à mettre à mettre en place mais au final, l'album est fait pour s'écouter dans cet ordre là et si possible sans interruption et bien sur à TRES FORT VOLUME en fermant les yeux ! La Déchirure est également sortie en Vinyle sur le label norvégien ETCH WEAR. Le concept est légèrement diffèrent du fait d'avoir pu «jouer» sur 2 faces pour l'architecture de l'album, on se retrouve avec une face A totalement dédié à la mort, et une face B plus «festive», bien que le terme le plus exact serait : "moins glauque" … Jolie rencontre encore avec ce label norvégien, nous avons fait 2 concerts sortie d'album la bas en mai, un à Tonsberg et l'autre à Oslo, c'est une autre culture et une autre ouverture d'esprit. Pour l'anecdote LoGre là bas veut dire : remuer la queue pour un chien quand il est content (rires). Tout de suite l'annonce du nom inspire moins la mort et le glauque ! Quand on joue la bas c'est plutôt music for dog (rires). Au passage, si tu le permets, on remercie tous ceux sans qui cet album n'aurait pu voir le jour : La Tanière Production, Pilier Nord, Etch Wear, Tan Kha, Greg (enregistrement et mix), DrCharlz de Patchscandal (mastering), Wally & Did,Tom Troïdes, Goran, Arnaud, Michel, Lola, Nelly, Laure, Elodie, Marianne, Mister Lu, Toute la clique du Voodoo Clan et surtout tout ceux qui nous ont aidé via les souscriptions et leur soutien de tous les jours.

Logre sur scène, c'est comment ?

Sur scène, musicalement c'est un peu plus nerveux et noise que sur l'album, Wally et Did nous on rejoint en 2010 pour des vidéoprojections, on retrouve donc sur scène ce rapport son et image, chaque vidéo est conçu pour un morceau en particulier … Cela rajoute un côté organique. Notre set n'est pas juste un alignement de morceaux, c'est une sorte de voyage noir où chacun peut se laisser aller entre angoisse et envoûtement. On est pas les mieux placés pour répondre à cette question, le mieux est de nous voir sur scène et de se faire son avis : http://www.youtube.com/watch?v=jLeb9n9f5AU

On remercie vivement toute l'équipe qui nous suit et nous supporte, Wally & Did aux vidéos, Etienne au son et Laure aux lumières, c'est aussi grace à eux si le live est ce qu'il est !

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Connaissez-vous votre public...Peux t'on dire que Logre c'est du spectacle ? Est ce pour un public averti ?

On essaie dans la mesure du possible de discuter avec le public après le concert, c'est enrichissant d'avoir leur avis «à chaud». On a fait pas mal de concerts dans le milieu un peu underground, dans des bars et aussi dans des salles plus conventionnelles, ce qui fait que le public est assez différent à chaque fois et c'est ce qui est intéressant, tu peux tomber sur un public assez familial et parfois sur un public adepte des musiques dites bizarres / expérimentales … On aime vraiment jouer la carte de la surprise, les gens s'attendent à un concert et c'est vrai que notre live s'apparente plus à un spectacle / performance / show, tu l'appelles comme tu veux, mais on souhaite raconter une histoire même si ce n'est pas avec des mots (on vient d'ailleurs de passer une semaine en résidence à la Tannerie à Bourg en Bresse pour travailler avec un metteur en scène). C'est à voir et à entendre (rires). Sur la question du public averti, oui et non, chacun peut interpréter à sa façon les images que l'on projette sur scène et les émotions que l'on souhaite véhiculer, après effectivement il peut y a avoir des images choquantes mais rien de classé X pour l'instant. Anecdote marrante, un jour avant de jouer, on discute avec un mec qui nous dit : "c'est trop glauque pourquoi être aussi malsain ?" et le même mec après le concert : "vous devriez rajouter un faux cadavre sur scène et plus de sang … etc",  il a radicalement changé d'avis, il s'est pris au jeu de la surenchère de "gore et d'hémoglobine" alors qu'il se disait choqué avant de nous voir.

Quelles sont vos projets à plus ou moins long terme ?

Dans un 1er temps, on souhaite tourner à fond pour présenter notre nouveau spectacle la déchirure à partir de septembre, le booking est en cours. On devrait avoir quelques dates en Belgique, suisse et on devrait retourner en Norvège tout en passant par la suède. On a aussi quelques nouveaux projets de featuring sous le coude mais chut !

On travaille déjà sur le prochain album, on souhaite continuer notre cheminement en explorant les merveilles de la vie tout en ne négligeant pas les méandres toujours présents dans les ombres et les coins obscurs, il devrait s’intituler pulsion de vie. Le concept de cet album sera de suivre l’humain dans sa vie, du fœtus à la vie adulte en n’oubliant pas les mécanismes plus globaux qui régissent et conditionnent les aspects individuels. L’objectif est de composer et d’enregistrer l’album d’ici janvier 2012 puis de le promouvoir et le produire afin qu’il sorte en fin d’année 2012. Il sera accompagné d'un DVD pour retranscrire le plus possible l’univers visuel développé en live et en clip. 

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- Aujourd'hui, pouvez-vous vivre de la musique ? Est ce un rêve pour vous ?

On ne vit pas encore entièrement de notre musique, on en survit plutôt pour l'instant, mais l'objectif est d'y arriver sur l'année prochaine avec ce projet cumulé à d'autres. C'est pas vraiment un rêve, plutôt une manière de vivre le truc, on sait pourquoi on fait des sacrifices, c'est réjouissant de pouvoir partager sa musique, même si les temps sont "difficiles" dans le milieu musical, on pense que c'est partout pareil. On essaye de mettre tous les moyens possibles de notre côté pour avancer et on verra ...De toute façon, que la musique soit notre unique gagne-pain ou non, le projet continuera.

Vous êtes issus de la scène lyonnaise, une scène riche de par sa diversité mais aussi grâce à des groupes qui ont une forte identité.....avez-vous quelques explications ou quelques choses à dire à ce titre ?

Une forte identité pour un groupe est importante c'est clair, tu assumes ta musique, tu la vis, l'essentiel à nos yeux est vraiment de vivre le truc à fond. On est assez proche de certains groupes de la scène lyonnaise et stéphanoise, groupes en général dans des styles musicaux différents mais qui vivent leur truc pleinement (Td+, Brice et sa pute, Feuh !, Nahwël, Barrio Populo, Troïdes Priamus Hecuba, No … Vice, Doberman Crew, Mac Abbe & Le Zombi Orchestra … et plein d'autres). Cela ne vient pas forcement de la région mais de l'engagement que chacun peut y mettre.

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Merci à vous,

Merci à toi qui nous soutient depuis le début et pour tout ce que tu fais pour le les groupes...

Chronique de l'album : Logre : La Déchirure

 


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