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#35 - La mission

Par L3ctro

35 - La mission

Dimanche 16 novembre 2008 – 14h44
Lieu inconnu

   Vera n’avait plus aucune force. Elle allait mourir, là, dans cette cabane, et personne n’en saurait jamais rien. Pensant à cela, elle noya son index dans le sang du poignet opposé, et commença à décrire un V sur le mur, sans regarder, la tête toujours apposée contre le mur et les yeux fermés.

Une grande partie de la nuit, elle avait essayé de se détacher. Les liens avaient certes perdu une certaine épaisseur, mais ses poignets étaient maintenant ensanglantés, et ses doigts pleins d’échardes.

Alors qu’elle finit lentement d’écrire le R de « Vera », elle entendit le bois craqueler à l’extérieur : plusieurs personnes étaient en train d’arriver.

Paniquée, elle se déplaça de façon à cacher son prénom, et entendit le bruit métallique d’une clé déverrouiller la porte.

Elle vit trois ombres sur le parquet. Un des hommes approcha, lui releva lentement la tête, et lui fit boire de l’eau.

A ce moment-là, elle vit le deuxième homme susurrer quelques mots à son collègue, qu’elle crut entendre être « C’est vraiment nécessaire, tout ça ? »

Son interlocuteur le regarda d’un air triste, sans réponse.

-   Je suis désolé que nous en soyons arrivés là, finit par lancer la voix caverneuse de l’homme ayant fini de donner à boire à Vera.

Celle-ci releva les yeux, et le foudroya du regard. Impassible, il continua :

-   Il y a de nombreuses choses que vous ne pourrez pas comprendre. Je veux juste que vous sachiez que nous ne vous voulons strictement aucun mal.

-   C’est… pas évident… lança Vera, épuisée.

-   Croyez-moi, c’était nécessaire. Dans très peu de temps, il va se produire un évènement. Quelque chose qui va menacer la sécurité de milliers de personnes. A ce moment-là, vous serez confrontée à un choix. Vous allez sauver ces gens.

L’homme s’accroupit, baissa la voix, et prit un air grave, alors que Vera le regardait sans comprendre.

-   Il s’agit de savoir si vous allez sauver ces gens en mourant ou non.

Dans une incompréhension totale, elle, réussit à murmurer :

-   Qui… Qui êtes-vous ?

-   Nous sommes ceux qui pensent à l’avenir, répondit-il sans sourciller.

Il se releva, et dit aux deux autres hommes « Allez-y ». A ces mots, Vera prit peur. Mais le premier s’approcha d’elle avec des bandages, lui coupa ses cordes et lui banda les poignets.

Le second s’approcha d’elle avec un plat réchauffé au micro-ondes, et la nourrit avec une fourchette.

-   Maintenant, nous allons nous en aller.

-   Attendez ! dit-elle, en finissant de manger. Qu’est-ce qui va se passer, au juste ?

-   Il n’est pas bon que je vous en dise plus. Nous allons nous en aller, et dans la soirée, nous ouvrirons la porte. Dès que vous entendrez le cliquetis, sortez, et montez dans la voiture située derrière l’hôtel. Vous y trouverez des vêtements propres, ainsi que la suite des instructions. Comme je vous l’ai dit, nous ne vous voulons aucun mal, et vous pouvez sauver de nombreuses personnes.

Les trois hommes sortirent, alors que Vera se demandait si elle n’était pas la cible d’une sorte de secte.

Durant la nuit, alors que Vera commençait à s’endormir, le cliquetis en question se fit entendre.

   Vera, se releva, sortit prudemment, mais personne ne semblait être là. Elle était en effet dans la chambre d’un très vieil hôtel délabré, à son premier étage. Celui-ci était situé au milieu de nulle-part. Une route caillouteuse permettait d’y accéder depuis une route de campagne.

   Vera contourna l’hôtel, et trouva effectivement une voiture noire. Elle tenta de l’ouvrir, mais elle était fermée à clé. Elle chercha cette dernière sur le toit et sur les roues. Elle trouva finalement la clé sur le pneu de la roue avant gauche.

   Elle monta dans le véhicule précipitamment, et vit sur le siège passager une lettre, posée sur une mallette.

   Elle inséra la clé dans le contact, mais la voiture ne démarrait pas : le voyant indiquait qu’il n’y avait plus d’essence.

   Vera fondit en larme sur le volant. Que lui voulaient-ils ? Pourquoi ne pas en venir directement au but ? Ressaisie, elle prit la lettre écrite à la main, et la lut.

   « Vera Lemmin,

Dans cette mallette se trouve ce dont vous aurez besoin pour sauver toutes ces personnes dont nous vous avons parlé.

Il est primordial que vous nous croyiez, et que vous fassiez ce que nous disons. Nous savons de nombreuses choses sur les évènements à venir. Nous savons par exemple qu’en ce moment, où vous lisez cette lettre, il est très exactement 00:12. Nous savons également que demain, dans l’après-midi, un policier à votre recherche qui vous a appelé juste avant que nous vous enlevions vous retrouvera à cet emplacement, à 17:29. Nous savons aussi que l’un d’eux fera une comparaison avec son compte en banque.

Enfin, nous savons que vendredi prochain, quelque chose de terrible se produira. Et cette chose, vous devrez y survivre. Car vous êtes spéciale.

Les choses deviendront très vite plus claires.

Lorsqu’il sera temps, nous vous donnerons le code à quatre chiffres qui ouvre cette mallette. »

   Lorsque Vera finit de la lire, elle regarda l’heure qui clignotait sur le tableau de bord. Il était minuit douze.

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