Seul le bus des Suisses enlevés a été retrouvé

Trois jours après leur capture au Pakistan, toujours pas de nouvelles de David Och et Daniela Widmer.

 Publié le 4 juillet dans la Tribune de Genève et 24 heures

Emmanuel Derville, à Islamabad

Au volant de son camping-car, le couple rentrait en Suisse par la route.

Deux jours de battue et toujours aucune trace. Depuis samedi, 500 policiers et paramilitaires pakistanais des Frontier Corps ratissent le district de Loralai à la recherche de David Och et Daniela Widmer, les deux Suisses enlevés vendredi dernier.

Ce week-end, les recherches ont été étendues à deux districts voisins. «Nous avons interrogé les notables, les chefs de tribu, les policiers aux barrages… En vain», déplore Sohail Ur Rehman, l’un des chefs du district de Loralai. Alors que les ravisseurs restent silencieux, les autorités envisagent plusieurs scénarios : Daniela Widmer et David Och ont pu être emmenés en Afghanistan, qui n’est qu’à 100 km, ou dans les zones tribales, à 300 km, au Waziristan.

Dernière possibilité : ils sont toujours au Baloutchistan. Les gangs criminels pullulent dans cette région.

En mai 2009, un touriste français avait été enlevé alors qu’il circulait dans un camping-car. Des hommes armés l’avaient intercepté sur la route et retenu trois mois. Ils demandaient 5 millions d’euros de rançon. Daniela Widmer et Oliver Och sont tombés dans le même piège. Au volant de son camping-car Volkswagen bleu, le couple rentrait en Suisse par la route après un séjour en Inde. Hier, on apprenait dans la presse dominicale qu’ils avaient tous les deux suivi l’école de police de Berne en 2006. L’homme est encore fonctionnaire de police alors que la femme a quitté le service, a expliqué un porte-parole de la police cantonale bernoise. Le couple avait entrepris un voyage privé durant ses vacances. Il était parti de Langnau, dans l’Emmental bernois, avec le bus VW pour se rendre en Extrême-Orient.

Le 26, les deux voyageurs remontent vers Amritsar, à 30 km de la frontière pakistanaise. Après trois nuits sur place, ils quittent leur hôtel le 28 juin et passent le poste frontière de Wagah. Ils filent ensuite vers l’ouest. A leur arrivée au Baloutchistan, ils tombent sur un barrage de policiers qui préviennent leurs collègues du district voisin. David et Daniela sont alors escortés. Mais au Baloutchistan, la police ne contrôle que les villes. En dehors des agglomérations, ce sont les milices tribales qui sont chargées du maintien de l’ordre. «Ils sont entrés dans ma juridiction à 13 h 50», explique Ghulam Ali Lashari, le chef de la police de Loralai, qui ajoute : «Mes hommes les ont conduits à la sortie de la ville. Les milices auraient dû prendre le relais, mais elles ne l’ont pas fait parce que Sohail Ur Rehman ne les avait pas prévenues. Quand on a tenté de le joindre, on nous a dit qu’il était parti à la chasse! La coordination entre nos services a été très mauvaise.» Des accusations que rejette Sohail Ur Rehman : «La police n’aurait jamais dû les laisser partir avant l’arrivée des milices.»

Quelques instants plus tard, les deux voyageurs sont interceptés par trois hommes armés à bord d’un 4×4 Toyota noir. Les kidnappeurs ne masquent pas leur visage. Selon la police, ils ne seraient pas de la région, puisqu’aucun des habitants qui ont vu la scène ne les a reconnus. Quand le camping-car est découvert, aucune trace de sang ou de lutte n’est visible. «Tout était bien rangé: on a retrouvé leurs permis de conduire, une paire de lunettes et de l’argent liquide rangé dans un sac», se souvient Ghulam Ali Lashari. David Och et Daniela Widmer n’auraient donc pas résisté au moment de leur capture.

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