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Entraîne-toi et tais-toi

Publié le 15 février 2008 par Philostrate
   Un boycott agit comme un blocus sur une dicature. Il permet à ses dirigeants de prendre le peuple à témoin en agitant devant lui le chiffon rouge de l'injustice. Il ressoude le pays dans un même élan nationaliste. Bref, le boycott, n'en déplaise à la clairvoyante Ségolène Royal, est la plupart du temps contre-productif. En ce sens, ne pas aller à Pékin serait pour les pays occidentaux une erreur. Si le CIO n'a pas jugé bon de s'interroger au moment de confier l'organisation des Jeux olympiques 2008 à la plus grande dictature du monde, il faut faire avec, mais en cherchant par tous les moyens  à en tirer partie.    Les associations de défense des droits de l'homme, au Tibet, dans l'Empire du Milieu ou ailleurs l'ont bien compris. Les "people" aussi, qui trouvent là un moyen de se donner, avec plus ou moins de sincérité, "la belle image". Dernier en date, le papa d'ET, Steven Spielberg, a décidé de "rentrer maison", après avoir un temps mis son savoir-faire de réalisateur hollywoodien au service de l'organisation de la kermesse sportive pékinoise. Justifié par l'attitude de la Chine au Darfour, ce médiatique revirement laisse pantois. Pékin vend des armes au Soudan, certes. Mais le régime chinois ne bafoue pas les droits de l'homme depuis hier, Steven au cœur pur n'avait donc depuis le début rien à faire dans cette galère…    Que les leaders d'opinion se fassent entendre sur cette question est salutaire, à condition que leur discours soit cohérent. Quant aux athlètes, dont la maison mère a choisi un régime si peu avenant pour accueillir leur grand rendez-vous quadriennal, ils seraient aussi bien inspirés de donner de la voix. Ne nous rebat-on pas  suffisamment les oreilles avec les valeurs humanistes véhiculées par le sport et son universalisme bon teint, pour que certains d'entre eux s'alarment de la cohérence d'aller suer dans un pays ou d'autres saignent ? Ou faut-il se résoudre à entendre des champions comme Justine Hénin, dont la joie de pratiquer son sport sur les courts de tennis transcende les foules, dire qu'ils n'ont pas suffisamment d'éléments pour analyser par eux-mêmes la situation ?    Ce serait reléguer l'athlète du XXIe siècle, qui ne connaît des pays qu'il traverse que les stades en liesse, au rang de citoyen de seconde zone d'un monde, dont il est pourtant censé incarner ce qu'il y a de meilleur. D'un coup, ce chevalier des temps modernes, dont les exploits, à en croire la publicité, donnent espoir aux enfants jusqu'au plus profond des favellas et rapprochent les peuples, retrouverait son rang d'obscure tâcheron. Entraîne-toi et tais-toi, qu'y disaient. Après tout, si c'est ce qu'ils veulent. Du pain de la sueur et des jeux, n'est-ce pas jusqu'ici ce que l'humanité a fait de mieux ? P.S : Il est trop tard pour boycotter les épreuves sportives, pas pour snober les cérémonies d'ouverture et de clôture, dont la seule finalité est de faire la promotion du pays organisateur. Ces jours-là, faites comme le prince Charles, allez jouer au polo, c'est tellement plus chic !

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