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Echappée ratée

Par Borokoff

A propos de La mujer sin piano de Javier Rebollo 1.5 out of 5 stars

Carmen Machi, Jan Budar - La mujer sin piano de Javier Rebollo - Borokoff / Blog de critique cinéma

Carmen Machi, Jan Budar

En Espagne, Rosa, la cinquantaine, est lasse de tout : de son mari, de son travail, de son quotidien pesant. Un soir, elle décide de tout quitter. De tout quitter, ou plutôt de fuir la réalité le temps d’une nuit qu’elle aimerait magique… Dans une gare, elle rencontre Radek, un Polonais qui a fui son pays…

La mujer sin piano (la femme sans piano) aurait pu s’appeler Eloge de la lenteur tant le réalisateur prend son temps à décrire l’errance nocturne de cette femme en dépression. Les plans sont souvent fixes (point commun avec le cinéma d’Amérique latine) ou consistent en des travelings dans lesquels on suit Rosa (Carmen Machi) déambulant, une valise à la main, dans les rues espagnoles.

Rosa gagne bien sa vie en tant que spécialiste en épilation. Mais elle ne supporte plus d’écouter ses clientes ni leur superficialité. Rosa souffre en plus d’acouphènes, sifflements aigus dans l’oreille interne qui lui rendent la vie impossible.

Javier Rebollo filme avec distance la vie de cette quinquagénaire, dans cet appartement parfaitement ordonné qui lui sert de cabinet de travail. Mais cette femme dont la vie semble aussi bien rangée et soignée que son chignon va bientôt craquer.

Carmen Machi - La mujer sin piano de Javier Rebollo - Borokoff / Blog de critique cinéma

Qu’espérait-t-elle en quittant subitement la chambre de son mari un soir ? Changer d’existence ? Retrouver un peu de goût à la vie ? Son vagabondage la conduit à une gare où elle se lie d’amitié avec un maçon polonais en réalité réparateur de machines électriques.

En réalité, Rosa ne fuit pas réellement sa vie ni ne cherche à disparaitre. Les 37 coups de téléphone qu’elle passera à son fils dans la nuit en attestent. Mais elle aimerait rire, s’amuser, rencontrer des gens. En un mot, revivre.

Le personnage de Radek, par son humour décalé (il se souvient de quel jour exactement il a mangé tel plat) est censé faire rire comme lorsqu’il dit que son vrai métier, c’est de réparer des machines et qu’il met « toutes ses pensées dedans », mais on a du mal à s’identifier au personnage. Le problème de La mujer sin piano est de sentir concerné par ce qu’il se passe, d’adhérer au propos du film sans le trouver profondément glauque. Rebollo ne cache pas la misère humaine ni la souffrance de ses personnages. Au contraire, il décrit bien, sans faire de jugement de valeur, la souffrance de ces personnages en déroute, soit en exil soit qui fuient quelque chose. Mais son désir de les « rattraper » par une sorte de poésie magique, enchanteresse, d’humour absurde et qui ferait un beau pied de nez à la cruelle réalité sont assez maladroits en réalité.

Malgré des intentions louables et généreuses, on n’arrive pas à se détacher de la misère humaine, de la tristesse et de la douleur qui émanent de Radek et Rosa, tous deux isolés dans leur solitude et leurs problèmes. L’humour et la poésie, censés mettre de la distance entre la caméra et les personnages, ne rendent ni cette virée alcoolisée de Rosa drôle, ni sa flânerie dans les rues sombres et désertes de la ville enchanteresse. La tristesse et le désespoir de ces deux personnages n’ont au contraire jamais paru aussi réalistes…

www.youtube.com/watch?v=4HYoYh8ezJ8

Film espagnol de Javier Rebollo avec Carmen Machi, Jan Budar, Pep Ricart. (1 h 35)

Scénario : 2 out of 5 stars

Mise en scène : 2 out of 5 stars

Acteurs : 2.5 out of 5 stars

Dialogues : 1.5 out of 5 stars

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