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Où Babelio vous propose de voter pour la plus belle mélodie

Par Samy20002000fr

Au mois de juillet, la musique était à l’honneur sur Babelio pour le défi littéraire d’écriture ! Comme tous les mois, les participants de ce défi votent pour le mot sur lequel il rédigeront leur texte. Et ce mois-ci, ils ont décidé de se laisser séduire par la douce Mélodie !

Où Babelio vous propose de voter pour la plus belle mélodie

Découvrez donc ici les créations des participants pour lesquelles vous avez la possibilité de voter jusqu’au mardi 02 août 11h à cette adresse.

Musique Maestro !

Texte de LiliGalipette

Mélodie urbaine

Oiseau, ruisseau, vent dans les feuillages : balivernes. Le chant de la ville est une autre harmonie. La partition est muette, mais les accords sont majeurs.

Je ne parle pas du vacarme des voitures, ni des sons venus d’outre-sol. Il ne s’agit pas des téléphones ou des clameurs vulgaires des restaurants. Ce n’est pas non plus le rire de l’enfant au parc ou le sourire menteur des bancs d’amoureux.

La mélodie de la ville, c’est une vibration que ne ressentent que les vrais citadins. Ceux-là ne sont pas nécessairement nés dans la ville, n’y ont pas toujours vécu. Mais ils l’ont choisie, ils y ont posé leur vie comme le bateau ne reconnaît qu’un port. Et la ville les a marqués de sa clé de sol.

Cette mélodie n’est que pour eux, que pour moi. Elle nous berce au quotidien, elle nous accompagne partout. Le chant des pierres est murmure pour nous, amoureux du pavé, fétichistes du lampadaire, collectionneurs d’enseignes. Cette mélodie ne s’écrit pas. Le seul interprète est la ville elle-même, tout à la fois orchestre symphonique et chef à la baguette virtuose.

Vous ne l’entendez pas ? C’est que vous n’êtes pas d’ici, que la ville ne vous reconnaît pas comme une corde de sa harpe. Vous avez le choix : rester et attendre que la ville vous intègre à son harmonie ; partir et abandonner toute chance de vibrer un jour au son du chœur de la cité.

Un seul bémol : cette mélodie ne nous suit pas quand on passe les portes de la ville. Il faut revenir pour l’entendre à nouveau. Comme une berceuse presque oubliée, elle laisse quelques notes à la frontière de nos lèvres, mais notre langue ne retrouve pas l’enchaînement. Plus on veut la fixer et plus les notes se font blanches, puis silence.

La mélodie de ma ville est la seule dont je ne peux me passer. Tous les lieux qui ne sont pas dans sa gamme sont mornes et indésirés. Ma ville me donne le La. Ce n’est pas la mélodie du bonheur : c’est la pulsation vitale en croche et bécarre.

Texte de Steppe

Mélodie Sylvestre

D’abord, le doux bruit du tapis de feuilles mordorées qui crisse sous mon pas… Puis le souffle du vent dans la chevelure touffue des chênes centenaires de la forêt magique. Puis le craquement des branches tombées au sol lors de la dernière tempête.
L’oiseau qui stridule ou roucoule, le lièvre qui détale. La forêt toute entière qui s’anime, se réanime après la tempête, offrant les milles sons des milles vies qu’elle abrite…. Le flip flop des gouttes de pluie s’écrasant sur le linceul végétal où agonisent en silence fourmis, mouches et papillons piégés par l’ondée récente. Ailes et pattes alourdies d’eau et de brindilles décapitées…
D’où vient cette impression d’harmonie parfaite des sons ? Quel est ce chef d’orchestre mystérieux qui transforme avec tant de brio une cacophonie naissante en un chant presque mélodieux, ensorceleur et apaisant ?

Je respire cette symphonie par tous les pores de ma peaux, je m’abandonne à elle, je sens en moi toutes mes colères en sursis, je sens mes souffrances se désagréger. Mes conflits intérieurs se désamorcent au contact de la mélodie sylvestre. Et la sérénité soudain frôle mon âme… Jusqu’à me caresser et m’envelopper de son manteau de feuillage bruissant doucement au vent.
Mon souffle cherche à se mettre au diapason de cette vibration venue du sol humide de la forêt, cette respiration tantôt rauque, tantôt fluide comme le murmure d’un ruisseau…

Je m’assieds et colle mon dos contre l’écorce encore tiède d’un arbre bienveillant. Je le sens à peine remis du déchaînement récent de l’orage sur son feuillage mâtiné de rouges et d’ocres. Je penche en arrière ma tête pour m’abandonner entièrement à cette vague de paix qui me submerge.

Et c’est là, tant abandonnée à la symphonie forestière, là, alors que toutes mes forces sont occupées à écouter, tandis que je m’imprègne de la quiétude du moment, là, alors que je ne pensais pas pouvoir me sentir plus heureuse, là, un autre son, brusquement, vient me tirer de ma plénitude…

Je m’affole d’abord, percevant la résonance nouvelle comme une dissonance dans l’unité de la mélodie qui m’accompagne. Puis, je tends l’oreille. Curieuse quand même….
On dirait un tambour, un battement régulier et grave. Je me relève et cherche la source de cette discordance.
Et à mesure que je m’avance vers elle, froissant du pied feuillages et écorces, coquilles et insectes, le son se fait plus dense, le rythme plus régulier.
Je sens l’appel comme une nécessité, le point d’orgue à la mélodie presque parfaite. J’avance et sens mon cœur battre au diapason de cet écho résonnant de plus en plus intimement en moi…
C’est au détour d’un chemin menant à un cours d’eau limpide et argenté que je comprends enfin d’où vient ce bruit étrange, cette pulsation de la terre qui me démange jusqu’au ventre…
Là, près de la rivière, tendu et à l’affût de moi, c’est ton cœur qui bat.
Ton cœur, cette sonorité nouvelle, cette note ajoutée à la mélodie du bonheur…. Ton cœur qui me cherche, m’appelle, m’espère…
Je te rejoins et te souris… Tu te redresses, me reconnais…
Et nos corps bientôt enlacés, notre douce étreinte et nos deux cœurs amoureux viennent compléter, enfin, la partition du bonheur….

Texte de Gregory Lemarchand

4’33″

J’ai le sens du rythme.
Enfin, ça dépend des fois. Quand je suis seul, ça va. Sinon, moins.
Quand j’étais en sixième, j’ai participé malgré moi à une boum. A un moment, par je ne sais quel incompréhensible concours de circonstance, je me suis retrouvé face à une fille, au milieu d’autres couples improvisés, sur un morceau de jardin qui faisait office de piste de danse. Je m’en rappelle très bien : elle était plus grande que moi, sa féminité me surplombait, elle portait des espadrilles, et je ne savais pas du tout quoi en faire. Et puis elle s’est mise à bouger, et tous les autres gamins autour ont fait la même chose. J’avais beau essayer de copier sur mes voisins, je ne savais pas où mettre mes mains, que faire de mes pieds, et c’est la première fois de ma vie que j’ai eu l’impression que mon corps manquait globalement d’articulations. Le plus désarmant, c’est que je ne comprenais absolument pas pourquoi ils remuaient : je n’entendais aucune musique. Aujourd’hui encore, je me demande qui a eu l’idée saugrenue de faire danser des enfants sur les 4’33″ de John Cage.
Pour résumer, plus je suis entouré, plus la musique me devient étrangère : la simple pensée qu’un spectateur pourrait me surprendre m’empêche de battre le rythme, et la seule fois où j’ai assisté à un concert j’ai cru que Superbus faisait de la musique sérielle.

« -A quoi tu penses ?
-Je… A rien.
-Tu mens. »

Elle avait raison. Nous étions dans une chambre étudiante de 9m², elle et moi, debout, face à face, à peu près enlacés, éclairage tamisé. Dix ans après l’épisode de la boum, voilà que le même supplice se répétait. Avec encore plus de féminité. Et cette fois, il était hors de question que je parte en courant. J’étais trop vieux. Et elle se tenait entre moi et la porte.

« Laisse-moi boire une demi-bouteille de vodka et j’y arriverai. »

L’alcool est ce qui a rendu mon adolescence possible. Il a cette vertu cardinale d’émousser la présence humaine autour de moi, et par conséquent de rétablir le lien entre la musique et mes tympans. Après trois verres, je suis détendu. Après six, j’ai la vibe. Après neuf, on m’a raconté que j’étais capable de danser avant de passer à douze et de m’écrouler.

« Ce serait de la triche. En plus t’es chiant quand t’es bourré. »

Les gens me préfèrent quand je suis bourré. Et pas seulement mes amis. Même ma mère me préfère quand je suis bourré. L’alcool me transporte de la psychorigidité sociale au déhanchement amnésique. C’était la première fois de ma vie que quelqu’un déclarait apprécier ma sobriété. Jusque-là, j’imaginais devoir naviguer entre érémitisme et cirrhose.

« Je crois que tu te fais une fausse image de moi. »

J’étais tombé amoureux d’elle neuf ou dix jours auparavant. C’était un lendemain de fête. Elle chantait dans la cuisine, et son beau visage s’est illuminé à l’apparition de ma gueule de déterré. En temps normal, je ne supporte pas les gens dynamiques au réveil, les joies communicatives me rendent catatoniques, et globalement, je hais tout ce qui se dresse entre moi et mon premier café. Surtout quand j’ai la gueule de bois. Mais avec elle, rien ne fut jamais normal. Dès le départ ce fut comme si j’avais été absurdement attiré vers mon pire cauchemar. A ses côtés, j’ai passé mon temps à aimer faire des trucs qui m’auraient horripilé avec quelqu’un d’autre. Comme cette séance de danse, entre défi et flirt, dans ma piaule universitaire.

« Fais-moi confiance, arrête de réfléchir, laisse-toi entraîner ! »

C’était facile à dire pour elle. C’était pas elle qui avait ses bras autour de moi. Enfin si. Mais c’est pas ce que je voulais dire. Au fait, pour toutes celles et ceux qui se focaliseraient sur l’issue de cette scène embarrassante au lieu de lire entre les lignes du dialogue, oui, je me la suis tapée dans la foulée. Nous étions tout aussi conscients que vous devriez l’être qu’il ne s’agissait que d’un prétexte un peu nul à un rapprochement corporel. Sauf que pour moi ça se doublait d’une épreuve ridiculement insurmontable.

« -Mais qu’est-ce que vous avez tous à vous trémousser sur John Cage ?
-Allez, détends-toi, danser c’est facile, tout le monde peut le faire. »

J’ai compris ce qu’elle entendait par là le jour où elle m’a présenté à sa famille. Elle et les siens vivaient dans un épisode de Glee. Oreille absolue de série, maîtrise d’un ou plusieurs instruments en option. Du lever au coucher, tout le monde chantait. Même le poisson rouge faisait des bulles sur la mesure. Depuis, à chaque fois que je tombe sur une chorégraphie dans un clip de Michael Jackson, je me dis que ce doit être inspiré par une de leur réunion de famille.
A contrario, aucun membre de la mienne n’a jamais pu dépasser le premier niveau de Singstar. Ma petite soeur a reçu une punition à l’école pour s’être moquée de la Marseillaise, alors qu’elle essayait vraiment de la chanter.

« -Mes parents m’ont raconté que quand j’étais petit je dansais tout le temps, et puis qu’un jour je me suis aperçu que les gens me regardaient, et que depuis, personne ne m’a plus vu bouger.
-Mais là on n’est que tous les deux. »

Nous fûmes comme le jour et la nuit. Pendant toute la durée de notre relation, je me suis demandé comment ça pouvait marcher. Un jour j’ai lu dans un article scientifique que des chercheurs s’étaient amusés à profaner des tombes pour analyser l’ADN de couples mariés, et qu’ils avaient découverts que les gens avaient tendance à s’appareiller avec un conjoint au système immunitaire complémentaire du leur, de façon à optimiser les chances de survie de leur progéniture. Ca a beau être capillotracté, c’est la seule explication que j’ai trouvée.

« -Sérieusement détends-toi, on dirait un robot.
-Un robot qui bouge en rythme, c’est déjà une sorte de miracle.
-On s’en fout du rythme, suis la mélodie ! »

C’est à ce moment-là que je l’ai embrassée. Sur le moment, elle a dû croire que sa phrase constituait une espèce de révélation, que j’avais enfin compris le truc et qu’en me laissant enfin aller je lui roulais un patin. Elle a dû s’imaginer qu’elle m’avait transmuté en John Travolta, et qu’ensemble on irait brûler les dancefloors, ou un truc dans ce goût là. En tout cas sur le coup ça l’a drôlement excitée.
En réalité j’abattais là ma dernière carte. Après ça, j’étais vraiment coincé. Sa phrase n’avait, n’a, et n’aura jamais pour moi aucun sens. Suivre la mélodie, ça veut dire quelque chose pour quelqu’un ?

Quelques temps après elle a voulu qu’on réessaye. De danser, je veux dire. Cette fois-là, il ne restait plus que le côté embarrassant.
Nous sommes restés ensemble pratiquement deux ans. Et puis elle a dû en avoir marre de me ramener ivre mort de chaque soirée où elle parvenait à me traîner. Elle m’a quitté pour son prof de salsa. J’ai dérouillé. Je me suis juré de ne plus jamais tomber amoureux d’une musicienne.

En ce moment, je sors avec une très mauvaise violoncelliste. Quand elle joue, elle reste assise, et personne ne bouge. C’est parfait.

Texte de Thoxana

En roue libre

Ca devait se passer comme sur des roulettes… La tactique à adopter avait certes été discutée âprement la veille au soir. Mais après de longs palabres, mon idée avait finalement été adoptée à la grande majorité. Et nous avions peaufiné notre stratégie le lendemain matin… Ca devait pouvoir fonctionner…
J’étais pour ma part certain de mon coup : je remporterais la course à Dijon où j’y perdrais mon honneur ! Il me fallait absolument gagner à la veille de l’arrivée du Tour de France sur les Champs-Elysées. J’avais fait chou blanc jusque là dans cette édition ; c’était donc le jour ou jamais d’inscrire mon nom en lettres d’or sur ce monument du sport !
Evidemment, en cyclisme, tout n’est jamais écrit à l’avance et cette étape est, on le sait bien, toujours très disputée. Tous les coureurs qui n’ont pas encore pu se distinguer se disent la même chose que moi : Le jour de l’arrivée à Paris, c’est presque toujours un sprinteur qui l’emporte ! Alors, quand on n’est pas taillé pour cela, il faut viser une étape plus raisonnable… Cette étape de Dijon était en quelque sorte, pour nombre d’entre nous, celle de la dernière chance…

Le jour dit, dans un premier temps, tout s’était déroulé pour le mieux. Notre équipe avait contrôlé la course une bonne partie de la journée. Et finalement, comme prévu, j’avais pu emmener dans mon sillage notre sprinter attitré, Willem, afin qu’il puisse disputer le dernier sprint intermédiaire.
Willem talonnait l’italien Simoni au classement du maillot vert. Et, bien que conscient qu’il lui faudrait non seulement déployer une énergie considérable et faire preuve d’une chance éhontée pour pouvoir porter le divin paletot à Paris, cette petite escarmouche n’était pas pour déplaire à mon camarade allemand. Il est un peu joueur… et moi aussi ! Et il faut dire que Simoni nous avait, on ne sait pour quelle raison, tous les deux dans le nez… Alors, causer une petite frayeur au transalpin nous amusait un peu… Et puis, il fallait bien faire le spectacle !

Willem avait donc placé son accélération au moment voulu, dépassant sur la ligne l’italien d’une roue. Au vrai, mon compagnon n’avait pas seulement enrhumé Simoni ; ce n’était pas même la grippe qu’il lui avait collée ; ce fut plutôt une très belle tuberculose que l’italien avait contractée ce jour-là…
Et encore quelques points dans l’escarcelle ! Bravo Willem ! Mais je n’avais pas le temps de m’attarder sur l’exploit de mon camarade. Le coup fumant allait enfin avoir lieu… C’était maintenant à moi de lancer les chevaux !
En effet, pour pouvoir disputer ce sprint, avec sept ou huit autres coureurs, nous avions pris quelques mètres d’avance sur le « peloton maillot jaune », comme disent les journalistes. C’était donc là, maintenant, qu’il fallait « placer une mine », accélérer brutalement. Personne ne s’attendait à un tel coup !
J’avais donc relancé immédiatement, sitôt le sprint terminé, dépassant un Simoni médusé. Ce démarrage à l’improviste l’avait rendu aussi vert que le maillot qu’il portait. Ah ! Si j’en avais eu le temps à cet instant, j’en aurais bien rit ! Mais j’avais désormais tout à donner, et ne devais penser qu’à la victoire…

Si je ne suis pas un sprinter, je suis en revanche un excellent rouleur. Partir pour une escapade en solitaire et en costaud sur une cinquantaine de bornes ne me fait pas peur !
Dans ces moments là, quand on est à fond, ce n’est pas qu’on ne pense à rien. Non. Mais il y a peu de place pour gamberger – si c’est le cas, c’est foutu d’avance ! Lorsque les jambes tournent bien, l’esprit est alors comme en roue libre. Tout baigne. Paradoxalement, on est en plein effort mais tout semble facile. C’était le cas à cet instant. Et pendant plusieurs kilomètres, aucune pensée n’eut réellement de prise sur moi. Je n’entendais que la douce mélodie du vent jouant dans les rayons de mon vélo. Presque un état de grâce…
D’autant qu’en quelques minutes, j’avais réussi l’incroyable : prendre de précieuses secondes d’avance sur le peloton. L’écart s’accroissait lentement mais surement sur le panneau que me présentait à intervalles réguliers l’ardoisier. Tout semblait me sourire…

Mais, tout à coup, je ne sais pas ce qu’il s’est passé : je me suis vu en vainqueur sur le podium d’arrivée, sourire au lèvres et encombré d’un énorme bouquet de fleurs. Et j’imaginais déjà les titres des journaux du lendemain : « Maxime Legrand, s’emparera-t-il de la Toison d’Or ? », «Quand la moutarde lui monte au nez, nul n’est plus fort que Legrand ! »… Or, je vous assure que ce n’est pas du tout mon genre de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tuée. Et je ne suis pas non plus de ceux qui tirent des plans sur la comète… Il faut croire qu’il y a des moments où le destin vous semble favorable et que vous faites tout pour que ça foire…
Toujours est-il que ces divagations m’ont déconcentré et que je n’ai pas vu surgir sur la route le maudit cabot qui s’est littéralement jeté sous mes roues !
Ni une, ni deux : vitesse + obstacle : le marin passe par dessus bord et on vous ramasse sur l’asphalte plus mort que vif… Je n’ai eu le temps de me rendre compte de rien – tout va si vite lorsque vous chutez de votre vélo ! – et, pour couronner le tout, j’ai même perdu conscience dans la bagarre…

Mon arrivée à Dijon était des plus piquantes puisqu’elle s’est faite en ambulance… Quelle ironie !
On m’a opéré dans la nuit et me voici maintenant sur mon lit d’hôpital… L’infirmière m’a apporté tout à l’heure le journal du matin. Et sur la page des sports, j’ai découvert le sourire radieux de Simoni, vainqueur dans la cité des Ducs. Du coup, c’est moi qui suis vert ! C’est le coup de grâce…
Ce soir, l’américain Thomas remportera son 4e Tour de France. Une grande cérémonie est déjà prévue en son honneur la semaine prochaine à New-York, au Madison Square Garden – rien que ça… Il y en a qui ont toutes les veines !
Mais pour le moment, je me fous bien du Tour de France ! Mon corps n’est plus que douleurs. J’ai l’impression d’être passé dans un broyeur… Le médecin a été clair : j’en ai pour des mois avant de me remettre en selle : clavicule et poignet droits cassés… Et je ne parle pas des plaies, bosses et autres réjouissances… D’ailleurs, il faut que l’infirmière m’apporte un sédatif. Je n’en peux plus… Il est où ce fichu bouton pour l’appeler ?…

Texte de Calligramme

Mélodie

Elle brûle mes oreilles et lamente mon cœur. Laisse un goût amer sur ma langue. Les cordes sont déchirées et mes doigts, ensanglantés. La partition, rutilante aux contours adamantins, s’arrête brusquement. Un rat est passé par là. Il l’a dévorée et mâchée. A vomi l’encre. M’a rendu mon âme.

Je souris mais je pleure.

Les sons ne sont plus. Quelques battements seulement. Une injonction du silence… et du vacarme. Les gouttes d’alcool se répandent et me suivent. Je les traîne, les pousse à me traquer. Elles déchirent le mutisme de la pièce. Tombent sous le cri des secondes.

Ton absence. Ton monotone. Tonalité acide. Mélodie est partie.

Besoin de m’essouffler. Craquement du briquet. Écho. Et le flou de l’alcool.

La flamme qui choit. Soudain, l’Enfer.

La chaleur m’avale. Enfin. À tout jamais. Elle m’assaille, me déshabille, me dévore.

Me consume…

De moi, il ne reste que poussière et fumée.

Texte de Lalynx

La mélodie enchanteresse

Au départ quelques timides notes
cassent le monotone silence
la calme musique danse
nous sommes ses hôte

que la mélodie soit
que la mélodie voit
que la mélodie noie
que la mélodie m’enchante

un philharmonique s’élance
et nous dévoile
en levant son voile
sa douce romance

Les notes s’envolent
telles des hirondelles
là-haut dans le ciel
et tourbillonnent

que la mélodie soit
que la mélodie voit
que la mélodie noie
que la mélodie m’enchante

La mélodie entre en moi
m’octroie son rythme
elle me consume
ne sentant mon émoi

que la mélodie soit
que la mélodie voit
que la mélodie noie
que la mélodie m’enchante

Texte de Alexis1

Quand je suis content, je crie. Quand je suis inquiet, je crie. Quand j’ai faim, quand j’ai trop mangé, quand je suis triste, quand je chante, quand je parle, quand je me sent seul, je crie. Mes parents en avaient marre, ils me disait d’arrêter de crier. Parfois même ils criaient. Maintenant, ce sont les éducateurs qui en ont marre. Ils me disent d’arrêter de crier.
Mais moi j’ai peur. Parfois j’ai peur que mon ventre explose, parfois ils me poussent trop vite alors j’ai peur que mes roues explosent, parfois j’ai peur que ma tête explosent. Alors je crie. Parfois j’ai peur de mes cris, alors je crie encore plus fort. J’ai peur des ballons. J’ai peur des autres jeunes, dans leur fauteuils, ils me font peur, alors je crie.
Parfois aussi je suis content, je suis heureux, j’aime bien ce que je mange, je suis excité, alors je crie. J’aime bien Alexandre et d’autres éducateurs alors quand je les voie je crie. J’aime bien la musique, j’aime bien chanter, parfois j’écoute mais parfois, je crie.
Un jour, j’étais sur un tapi au sol. L’éducateur, un nouveau, il m’a pris dans ses bras et il a serré. Il a pris ma tête entre ses mains et il a serré très fort. En même temps il fredonnait.
« houhouhou houhouhou »
En boucle. C’est lancinant, c’est doux, c’est voluptueux. Ça apaise mes colères, ça calme mes angoisses, ça exprime mon bonheur. C’est tout à la fois. Alors je ne crie plus, je fredonne.
« houhouhou houhouhou »
Tout le monde est content parce que je ne crie plus. Moi aussi je suis content et je suis d’accord avec eux c’est ma mélodie du bonheur.

Texte de Bibalice

Ma Mélodie.
Chaque été, quand les premières chaleurs envahissent Paris et que la ville se vide peu à peu, une chanson me revient toujours en mémoire. C’est une chanson -enregistrée en live- d’une artiste que j’ai découvert en préparant le bac, à la bibliothèque municipale du quartier où j’allais pour réviser, dans les rayons d’une étagère pourtant bien éloignée de celles, plus imposantes, consacrées à l’étude.

De l’entrée à la table où j’avais l’habitude de m’asseoir, je passais par un rayon consacré à la musique. Histoire de m’accorder une pause le temps venu, de penser à des choses plus réjouissantes que ces cours de math sur lesquels planchaient tous les gens autour de moi.
Je ne connaissais alors rien. Ni de ces maths qui se refusaient à moi ni de Lou Reed dont le visage reproduit en couverture était tourné vers moi et vers moi seul. Quand j’ai ouvert le livre, je ne l’ai plus lâché, et les heures sont passées un peu plus vite.
On a partagé quelque chose, Lou et moi, en ce printemps pourtant décisif pour mon avenir. Au lieu d’étudier un savoir imposé dans le but de réussir l’examen et plus largement de réussir ma vie, j’ai étudié les textes de Lou, le livre en question étant une édition de certains de ses textes, choisis et annotés par lui-même. A la fin de l’ouvrage on trouvait une interview de Vaclav Havel, le président tchèque héros d’une Révolution de Velours sur laquelle, en quelques jours, j’ai tout appris. Si l’histoire de la Tchéquie avait été au programme, je les aurais fumé tous…
Je ne me souviens plus du bac ? Je ne me rappelle ni de son ambiance, ni des sujets proposés. Tout juste me souviens-je que je l’ai eu. Mais je me souviens très bien de Lou pourtant, et je me souviens de ces heures passées à la bibliothèque pendant lesquelles je recopiais ses textes. Je me souviens de la chaleur et je me souviens de mes trajets jusqu’à la bibliothèque, les rues traversées et les pensées qui m’occupaient l’esprit. De tout ça, je m’en souviens encore. De ces jours est née en partie la personne que je suis aujourd’hui.

Des années ont passées et je me revois maintenant sur le banc de la fac, en un été suffocant. Si l’on devait suivre une certaine logique, cela devait en réalité être le printemps mais même trompeuse, la mémoire sait parfois se faire insistante. C’était l’été donc, et cela on le jurerait à la chaleur envahissant Paris et aux mauvais souvenirs. L’année scolaire s’achevait en même temps que quelques illusions amoureuses. Je me souviens du jardin, celui dans lequel on trainait ensemble pas loin de Tolbiac, moi et quelques amis de souffrances, et je me souviens de notre trajet jusqu’à la fnac. Acheter un disque, c’est panser des plaies. J’en ai acheté plusieurs ce jour-là, mais un seul me revient en mémoire. Un disque de Lou Reed. Un album live sur lequel je n’ai vraiment écouté qu’une seule chanson. Ecstasy. Il y a dans les paroles des choses que j’avais déjà écrites 100 fois. Mais jamais formulées comme ceci, jamais exprimées comme cela.

Flash-forward quelques années plus tard. Toujours en été. J’ai écouté cette chanson, cette version, plus de fois qu’aucune autre. Je me souviens de chaque écoute mais celle-ci a une importance particulière. A la chanson s’ajoute d’autres couches, d’autres parfums, celui d’une femme, celui d’un été, celui de lieux traversés, d’émotions partagées. A chaque écoute il y a ma vie qui se joue, inlassablement. Chaque écoute revient à avaler du poison, car c’est plonger dans le souvenir de ses abîmes et c’est à l’exact même instant s’injecter le remède. C’est combattre à mains nues l’empire de ses regrets.

On a tous une mélodie, une chanson qui nous tient depuis longtemps, un frère de l’ombre qui revient à chaque fois, partager nos peines. Voici la mienne. C’est la musique de ma vie, ma mélodie.

Texte de Lune

Mélodies-Mort, Mélodies-Vie

Vivre, c’est être relié au monde, à ce qui nous entoure, à ce qui nous parle, à ce qui se goûte, à ce qui s’entend.
Deux mélodies qui font que la vie donne un sens à son non-sens flottent autour de moi.

Celle-là, troisième mouvement d’un concerto de Mozart, un être au corps qui se détruit et descend vers un ailleurs où nul ne veut le voir partir, musique que l’on écoute semaine après semaine.
Un jour : « Veux-tu être au coeur de la musique? ».
Un MP3, oreillettes placées, une main qui serre, des yeux écarquillés, regard intense, mélodie souffrance, mélodie surhumaine, mélodie qui brûle.
Prémonition, réalité, mélodie qui accompagne le dernier voyage.

Celle-là, réminiscences de l’ado rebelle, du jeune adulte révolté, de l’adulte accompli qui ne renie aucun de ses rêves, qui continue à crier « Se taire, c’est acquiescer ».
La voix de Lennon, les mots : « Imagine ».
Imagine un autre monde, une meilleure connaissance de l’homme, un regard dénué de comparaisons, de devenirs, de paraître et d’envies.

Lyrisme? Vision romantique? Utopie? Non, CRIS pour exister.

Mélodie, ma, mes… Quelques notes pour tout changer.

Texte de isallysun

La plus belle des mélodies

Mélodie était couchée dans son lit. Elle regardait le plafond. Au loin, elle entendait le bruissement du vent et le stridulement des criquets. Son oreille distinguait les plaintes lointaines de la ville qui s’apprêtait à sombrer dans les bras du marchand de sable. Quelques voitures grondaient au loin. Elle entendit une moto partir et celle-ci dut surement faire une trace. Le bruit de son départ avait raisonné au loin. C’était la rumeur de la ville qu’elle percevait au travers les moustiquaires de sa fenêtre.

Elle aurait aimé entendre le déferlement des vagues sur les rochers, les feuilles partir au vent, les légers craquements des brindilles sous le poids léger de la faune. Un doux mélange de cacophonie de la nature, euphorie relaxante. Cependant, ce qu’elle entendait c’était les coups de fusil et les cris. La télévision menaçait de faire trembler les murs de sa chambre. Il ne valait pas le coup de se lever et d’aller se plaindre; elle se serait fait rabrouée en se faisant rappeler avec un ton empreint d’une légère crispation qu’ils étaient chez eux ici et qu’ils pouvaient écouter leur télévision au volume qu’il voulait.

Alors, elle retenait ses larmes. Son téléphone cellulaire reposait à ses côtés. Elle avait choisi le thème de la Mélodie du bonheur comme sonnerie. Or, le bonheur ne sonnait pas souvent à sa porte. Elle le regardait là, impassible. Elle savait qu’il ne sonnerait pas pour elle, mais elle le regardait tout de même, attendant que le miracle se produise. Elle n’avait personne à qui elle pouvait téléphoner pour proposer une activité afin d’échapper au rythme infernal de la danse de ses émotions. Elle enrageait au fond d’elle d’endurer ce vacarme, si lointain dans son cœur, mais si proche qu’elle essayait de l’ignorer, en vain.

Mélodie n’en put plus de ces cris stridents, sans but précis. Elle alluma la radio afin de faire compétition au vacarme du bruitage d’un film qui ne serait jamais un classique, encore moins un chef-d’oeuvre. Celle-ci laissait transparaître des accords épars et une musique qui semblait n’aller nulle part. On aurait dit des compositions faites sur le bout d’un comptoir, sans égard aux mots, sans égard aux émotions, sans aucune notion de solfège. Toutes les musiques étaient composées sur des airs de techno désabusés. Les rimes étaient plates, aucune n’était riche. Cela la désolait. Elle avait l’impression que l’on faisait honte à Vigneault, Leclerc, Lennon, Piaf, et bien d’autres plus grands encore. Ces grands l’avaient bercé lors de son enfance au rythme envoûtant de leur symphonie et de leur accord à faire frémir les poils sur le bras. Ils l’avaient même bercé bien avant sa naissance et c’est sous les coups de pied intenses sous les chants que sa mère avait décidé de l’appeler Mélodie. Elle essaya de se concentrer sur les paroles pour découvrir une once de poésie, mais les rythmes effrénés qui se juxtaposaient mal la déconcentraient.

Elle enrageait de ne pas pouvoir apprécier cette beauté du monde. Elle tenait tant à relaxer en ce moment où elle le nécessitait. Elle aurait bien joué du piano, mais ses doigts étaient trop courts pour devenir prodigue. De la flûte traversière, mais elle n’avait aucun souffle pour tenir la note bien qu’elle ait un souffle de sportive, un souffle trop saccadé pour rendre les notes en toute harmonie. Du violon, oui, elle pourrait, mais elle n’était pas assez persévérante pour apprendre les partitions des œuvres classiques des plus anciens compositeurs. Elle préférait se décourager de la déchéance des harmonies du monde, et pas seulement des harmonies musicales. L’horreur rôdait autour d’elle, et cette horreur ne l’aidait pas à percevoir qu’elle seule était l’artisane de sa mélodie du bonheur.

Elle aurait plutôt du s’appeler Mélancolie, et non Mélodie. Mais il n’en demeurait pas moins que les mélancolies et les tristesses de ce monde couchaient les plus belles symphonies à travers les cordes du papier sur lequel elles prenaient vie et forme. L’écho des émotions vibrait à travers les mots et le solfège y était déposé par la suite. Cela rendait toute création magnifique, magique et on s’en laissait imprégnée au fond de nous, selon notre vécu. Mélodie rageait de ne pouvoir en faire partie au travers du brouhaha qui étreignait son cœur.

Elle se leva et prit un crayon. Elle le laissa courir sur le papier. Elle laissait sa rage, ses inquiétudes, ses déchirures la guider. Elle couchait les mots sur le papier à la vitesse de l’éclair. Mélodie se laissait guider au rythme de ses pulsations. Toute la noirceur de son existence se retrouvait prisonnière du papier. Elle avait le rythme en elle. Elle tentait de décrire la beauté et l’espérance pour la sortir de l’enfer où elle sombrait peu à peu. Elle avait été morcelée dans son enfance et écrivait pour sa délivrance. Elle était prisonnière de son cœur, mais savait que la liberté et l’indépendance serait pour elle bientôt. Elle voyait les mots se former sur le papier, les rayures barrer ces mauvais moments pour ne garder que la plus belle symphonie de la mémoire de sa vie. La plume était vive, triste, intuitive, joyeuse. Au travers du bruit ambiant, Mélodie avait trouvé son cocon qui la transformait en papillon et épuisait les mots du cœur au travers des partitions de sa mélancolie. Elle couchait la plus belle mélodie, le plus beau lyrisme, la plus belle poésie, la plus belle prose, envoûtante, berçante, mystérieuse, la mélodie des mots.

Texte de Mandarine43

Excusez-moi de casser un peu l’ambiance, mais je dois vous apprendre quelque chose de très grave. J’ai reçu des menaces de mort en MP pour me forcer à participer à votre défi littéraire de juillet…

Je ne puis, ici, en public, dénoncer celle qui veut intenter à ma vie si je ne participe pas à ce défi, mais je peux seulement vous dire que son avatar est on ne peut plus fallacieux : une charmante petite fille avec un non moins charmant déguisement de lapin………………

Pourquoi les déguisements de lapin sont-ils synonymes dans ma vie de terreur, de peur et de mort ? Pourquoi en 2011, après tant d’années, et sur ce site qui me semblait des plus anodins, revient via cette lectrice et son avatar, de nouveau le spectre de la mort, avec ces menaces qu’elle me profère ?

En effet, « LE » traumatisme de mon enfance – de ma vie, même, devrais-je dire – est associé à un déguisement de lapin…

Je me permets de vous joindre ici cette photo de moi petite, de 1976 :

Où Babelio vous propose de voter pour la plus belle mélodie

Associé à ce déguisement, me remonte en tête cette mélodie si populaire à l’époque, de Chantal Goya, que me chantait sans fin cet homme déguisé que je n’avais alors jamais vu : « Ce matin / Un lapin / A tué un chasseur / C’était un lapin qui / C’était un lapin qui avait un fusil. » Oh cette mélodie lancinante, si vous saviez la douleur, la terreur, qu’elle me donne encore aujourd’hui…

Car il faut que vous sachiez que ce bourreau chanteur, en plus d’être fan de Chantal Goya, avait justement un fusil… Et je vous le demande en mille : qui était le fameux « chasseur » de la chanson ? Eh bien, mon papa. Mon papa à moi. Mon petit papounet d’amour.

« Ce matin / Un lapin / A tué un chasseur / C’était un lapin qui / C’était un lapin qui avait un fusil. » Eh bien oui. Ce jour-là, le 25 mars 1976, alors que mon bourreau lapin entonnait sans cesse cette mélodie, il venait de tuer mon papa… Est-ce que vous lisez cette terreur dans mes yeux, dans mon regard ? Mon papa était dans sa flaque de sang, et mon bourreau lapin m’a pris dans ses bras, chantant sans cesse ce refrain obsédant… et il a poussé le sadisme jusqu’à vouloir prendre une photo-souvenir de ce matin-là, avec son appareil photo à retardement…

Voilà, vous savez tout, c’est la première fois que je raconte cela, que je déballe en public cette tragédie. Tout ça à cause d’une lectrice de ce site…

Après avoir pris la photo, le bourreau lapin a disparu à tout jamais. Je suis restée seule à attendre près du corps de mon papounet mort, que quelqu’un arrive enfin. Traumatisée, je reprenais cette mélodie en boucle, entre mes sanglots et mes petits soucis de prononciation dus à mon très jeune âge. Cela donnait à peu près ça : « Ceuuhhh maaaa-in un laaaa-in a huéééé un sassssssseurrrrrr. » Ma mère est arrivée quelques heures plus tard. J’ai eu droit à une beigne, et à son légendaire réconfort : « Tête de cul, t’sais bien qu’je déteste c’te chanson, p’tain, mais pourquoi ta connasse de marraine t’a offert ce putain de disque ? Et regarde-moi l’aut’ par terre, encore couché à rien foutre, pis il m’a ruiné ma moquette ! C’est tout coagulé ! Faites chier, tous !! » Je me garderais ici de faire un quelconque commentaire sur ces paroles de feu ma mère.

Quant à cette photo, je l’ai reçue le jour de mes 18 ans, accompagnée du 45 tours alors collector de Chantal Goya. (Ma mère avait jeté le mien depuis belle lurette.) Il y avait un petit mot accompagné :

« Tu es grande maintenant, il faut que tu saches que ce n’est pas ton père que j’ai tué, puisque c’est moi ton vrai père. Je suis le parolier de cette chanson, et tu dois en être fière. J’ai rencontré ta mère à un concert de Chantal Goya en 1974, elle était grande fan à l’époque, ça a donc été facile pour moi de la mettre dans mon lit, puisque je travaillais aux côtés de Chantal. Cette chanson m’a été d’ailleurs été inspirée par le mari de ta mère, celui que tu pensais être ton père, car je le détestais : c’était non seulement un grand rival, mais en plus un grand chasseur de lièvres… (moi qui adule les lapinous). Je me suis donc doublement vengé ce matin-là. Voilà ma fille, tu sauras tout de ton histoire, et de l’histoire de cette mélodie. »

J’ai été abasourdie par cette nouvelle. Absolument effondrée. Et hasard du calendrier, je passais mon Bac de Français à l’oral le lendemain même de cet anniversaire et de cette lettre. Devant analyser un texte de Voltaire, j’ai complètement perdu les pédales, et chanté à tue-tête à l’examinateur : « Ce matin / Un lapin / A tué un chasseur / C’était un lapin qui / C’était un lapin qui avait un fusil. » Mais l’examinateur a été bluffé : « Vous avez parfaitement su rendre compte de la violence sous-jacente de Candide. Chapeau mademoiselle. » Mon 18/20 a su alors apaiser ma terreur, et m’a réconciliée avec cette chanson, je me suis rassurée en me disant que grâce à mon vrai père, grâce à cette mélodie, j’avais pu obtenir mon Bac, alors que mes bulletins étaient catastrophiques…

Mais voilà, presque 20 ans plus tard, à cause de cette lectrice de Babelio, de son avatar, de ses menaces, tout ce que j’avais cru avoir oublié me revient tel un tsunami, cette mélodie obsédante revient me hanter, m’obséder, ahhhhhhhhhhh, ça revient encore et encore « Ce matin / Un lapin / A tué un chasseur / C’était un lapin qui / C’était un lapin qui avait un fusil », aidez-moi, chantez avec moi « Ce matin / Un lapin / A tué un chasseur / C’était un lapin qui / C’était un lapin qui avait un fusil » mais plus fort merde, plus fort, je ne vous entends pas, je n’entends que ma voix, mais chantez plus fort, reprenez avec moi : « Ce matin / Un lapin / A tué un chasseur / C’était un lapin qui / C’était un lapin qui avait un fusil. » Plus fort, je n’entends rien, ahhhhhhhhhh, je me casse la voix à crier, hurler ainsi cette mélodie, mais j’aimerais tant vous entendre reprendre en choeur, oh s’il vous plaît, par pitié, chantez avec moi, je ne vous entends toujours pas, mais j’entends des sirènes, ohhhh de plus en plus fort, ma voix est maintenant écrasée écrabouillée par le son des sirènes, mais que se passe-t-il, des pompiers, le samu, ahhh mais ils rentrent chez moi, ahhh papounet, ahhhh lapinou, j’ai peur, j’ai peur, mais mais non non nooon noooooooooon nooooooooooooooooooooooooooon.

Texte de DrJackal

L’ombre sans nom

Nuit blanche, encore, encore, sans trouver le sommeil, toujours la même image qui me reste, enfin image c’est une bien grand mot, une ombre qui danse devant moi, seul son DO est visible, la nue, ondulant dans un mouvement érotique sur un SOL de marbre, et moi sous ma couette les yeux fermés je ne peux cacher une douce érection devant cette image sortie de je ne sais quel rêve pervers, et je ne cesse de me retourner jusqu’à ce que Morphée me trouve et m’emmène dans ses bras pour rejoindre on monde ou je la retrouverais enfin cette ombre dansante.
C’est seulement au petit matin que mes paupières trop lourdes pour tenir se ferme enfin pour me laisser quelques minutes de repos. C’est deux heure plus tard que la musique me réveille, le fameux « Mi fa sol la, mi ré ré mi fa sol sol sol ré do » air que Sam REMY aura su immortaliser, et me laisse pantois dans mon lit, les draps tachés du souvenir de cette inconnu dansante. Je me revois encore me levé, pensant que cette journée serais comme les autres, un café, une douche, le métro, le travail, enfin si je puis dire, téléphone : appuyer sur DIESE si vous voulez voir un homme et sur ETOILE si vous voulez voir une femme, sur 1 pour une photo de nu, sur 2 pour une photo de couple sur 3 pour un trio, etc… jusqu’au image les plus abjecte que les libidineux possesseur de portable dernière générations peuvent acquérir en trois clic pour la maudite somme d’un SMS + 0,95 centimes d’euros, cette vie de misère que je me suis trouver dans la capitale pour avoir juste assez d’argent pour payer un taudis et de quoi survivre dans cette ville lumière. Heureusement que cette inconnu dansante bien mettre un BE MOL à cette vie de déprime pour me permettre de tenir jusqu’au lendemain. Je me voyais déjà arriver et devoir être pris en photo en trin de prendre en levrette la pauvre Svetlana a peine sortie de l’adolescence et de la Roumanie, ou de sucer le grand Djemal, avec son sexe hors norme sentant encore l’urine , et ce n’était qu’un moindre mal vue les demande que l’on pouvais recevoir, seul les animaux et les enfants n’étaient pas admis dans les studios, juste parce que c’était illégal soit dite en passant…
J’en était LA dans mes pensé quand je vis station OPERA cette ombre furtive dansant devant un musicos reprenant avec talent l’hymne à la joie, 9ème symphonie de Beethoven avec un clavier portable, juste au moment ou les porte se refermais. Il me fallut 10 minutes pour descendre à la Madeleine, reprendre le métro dans l’autre sens et revenir voir cette ombre qui entais mes rêve de puis SI longtemps. A peine arriver j’arrêtais la pastorale, 6éme symphonie pour ceux qui aurais des doutes, et sans permettre au musicos de s’indigner lui demandais ou se trouvais l’ombre dansante, il m’indiquas vaguement la sortie numéro 6, rue du Scribe. Je vidais le contenue de mes poches dans son chapeau à la Borsalino, soit 3 euros 17 centimes et une pastilles a la mentes, et couru en direction de mon rêve, les mur défilais comme une partition, j’entendais de loin le printemps, sortie du métro regardais à droite, rien , à gauche rien, en face, ce dos virevoltant contournant l’opéra Garnier par la rue Auber, je m’élançais oubliant que l’été sonnait dans mes oreilles à la suite de cette ombre insaisissable, la rattrapais enfin au croisement avec le Boulevard Haussmann, lui pausais la main sur l’épaule sur l’arrivé de l’automne, et lui demandais enfin son nom. Elle me regarda l’air d’abord effrayé, puis me souris, et m’embrassa comme si elle me connaissais depuis la nuit des temps, une longue sonate, que dis je un quatuor de violon jouant l’hymne à l’amour de piaf, elle se recula, et c’est seulement à ce moment que je vis qu’elle pleurait, elle me dit seulement : « Je m’appel Mélody mon amour enfin tu m’a trouvé mais c’est trop tard pour nous » et c’est la que surgit de nul part dans un bruit de klaxon faisant fausse note avec les violons je la vis s’envoler, ensanglanté suite au choc avec une voiture rouge et atterrir ensanglanté sur le trottoir d’en face avec un sourire ou s’écoulait doucement des goutes vermeilles. Et c’est avec l’hiver dans les oreilles que je rejoignis la station Dusmenil pour aller travailler allée Vivaldi , et plus jamais l’ombre ne me quitta, que se soit dans mon lit, avec Svetlana ou Djemal je ne voyais que Mélody mélangeant parfois les 4 saisons et piaf pour me permettre de mourir dans un ultime coup de timbale tout droit sortie des enfers silencieux et froid.



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