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Laissez venir à moi les petits indignés

Publié le 07 août 2011 par Nicolas007bis

Raoul 2èmeSégolène n’a pas changée, toujours habitée par cette certitude que faute d’avoir été l’élue de 2007 elle sera celle de 2012. Pas question pour elle de lever le pied, même et surtout pendant que ses principaux rivaux à la primaire prennent un petit repos bien mérité.

Il faut dire que les temps sont durs pour celle qui, en son temps, avait occupé le devant de la scène. Loin dans les sondages derrière Martine la tricheuse et François l’ex, la Jeanne d'Arc des Charentes ne provoque plus franchement l’hystérie collective même de la part des socialistes les plus convaincus.

Du coup, la place étant libre, elle s’y engouffre avec délectation, et occupe avec son enthousiasme des meilleurs jours, un terrain politique dans lequel elle est la seule à s’exprimer ce qui lui assure d’être un minimum entendue sinon écoutée.

C’est dans ce contexte que Ségolène a décidé de s’adresser à tous les indignés de la terre et plus spécialement à ceux qui votent en France en annonçant la publication prochaine d’un livre/lettre qui leur sera spécialement adressé.

Laissez venir à moi les petits indignés, semble nous dire la madone du Poitou !

D’aucuns crieront à la récupération d’un mouvement qui faute d’avoir réellement fait avancer grand-chose, bénéficie de la sympathie des foules. D’aucuns n’auront pas forcément tort mais ce n’est pas simplement cela que j’aimerais relever, mais plutôt les contradictions liées à une tel discours.

Le message ou du moins les objectifs des indignés n’ont jamais été très clairs: Refuser le système sans en sortir, accepter un processus de réforme du système au risque de trahir leurs idéaux? Radicaliser la révolte et perdre une grande partie du soutien populaire dont ils bénéficient ?

J’ai déjà écrit sur ce que m’inspire la démarche des « indignés » qui manifestent un rejet et un éloignement du politique mais qui sont incapables de proposer une réelle alternative. Rester dans la protestation n’a jamais constitué un projet politique et force est de constater que ce mouvement aussi compréhensible que soient ses motivations et aussi louables que soient ses intentions, abouti à une impasse.

Ségolène aurait-elle la prétention de sortir les indignés de cette impasse ?...manifestement oui puisqu’elle leur dit : «Restez indignés, mais avec moi vous allez transformer cette énergie en énergie positive, créative, et en action » !!!

Ce qui, dit autrement, signifie : tout le monde vous a déçu, à droite comme à gauche, mais suivez-moi, vous verrez, votre légitime indignation va enfin aboutir à quelque chose !

Au delà d'une tentative de récupération cousue de fil blanc, cette interpellation des indignés par un personnage politique pourtant membre éminent d’un establishment qu’ils considèrent au mieux comme incompétent et au pire comme malhonnête, a le mérite de les mettre face à leurs responsabilités.

Il arrive un moment où il faut savoir dépasser le stade de la contestation et de l’opposition pour passer à celui de la proposition et de la construction.

Or, Ségolène dit aux indignés : suivez-moi et votre indignation cessera d’être stérile …belle ambition et belle prétention !

C’est d’une certaine manière ce qu’a fait Zapatero qui, en provoquant des élections législatives anticipées, dit à ses indignados : Vous avez exprimé votre mécontentement en vous asseyant par terre et en déclamant des slogans, maintenant exprimez-vous de la seule manière qui compte réellement dans une démocratie, en allant voter, votez pour qui vous voulez mais allez voter !

Ségolène, qui ne doute de rien, leur dit non seulement: allez voter, mais aussi et surtout: votez pour moi !

Si sa tentative de récupération du mouvement aboutit à amener aux urnes des gens qui sinon seraient restés plantés là à s’indigner, et si elle arrive à faire en sorte que toutes ces personnes ne tombent pas dans les bras des professionnels de la récupération des mouvements de protestation que sont les Mélenchon, Le Pen et autres Besancenot (ou du moins son successeur dont je me souviens pas du nom), tant mieux, elle aura au moins eu ce mérite.

Mais comme l’a récemment rappelé Joseph Stiglitz (prix 2001 de sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel) aux ibériques indignés auxquels il a pourtant apporté son soutien : «on ne peut changer les mauvaises idées par l’absence d’idées, il faut chercher les bonnes».

Pas certain que Ségolène arrivera à persuader les indignés qu’elle est capable de substituer à leur absence d’idées, de bonne idées susceptibles de remplacer les mauvaises !

Pas certain du tout !


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