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POESIE A QUATRE VOIX (Davina ITTOO, Ernest PEPIN, Umar TIMOL et Patricia LARANCO).

Par Ananda

Les nœuds se délient dans mes veines / Les fissures laissent entrer l'eau limpide des ruisseaux d'antan / En moi, se creuse le silence de ton corps / En moi, les dernières résistances se dissipent / L'aveu se bouscule au bord de mes lèvres / 

Davina Ittoo

Je me blottis dans ta saison / J'ai le regard voilé d'une aube naissante / L'eau m'est une éternité / Je chante la chanson des larmes / Cette chose désaccordée et qui a le cristal du bonheur / ô trésor de l'eau /

Ernest Pépin

Caresses lavantes / Demi-lune figée dans mes paumes / Je chante l'air des marins / assise sur la coque de ma pirogue / je vogue vers les vieilles bicoques évanescentes / Clapotis de vagues / sur la chair de mes désirs /

Davina Ittoo

Caresses servantes / quand l'espace frémit / j'entre dans ton visage comme dans un beau silence d'eau / tout s'est réuni là telle une clairière qui interroge ses feuilles / comme une cathédrale irréelle / a hauteur d'amour / Princesse de l'eau émue / Et sur mes lèvres la présence d'un poème qui se fait fleur / Nos mots font escale dans un autre voyage et que seule la chair peut porter /

Nous en sommes les pivots comme d'une ronde des vents /

Ernest Pépin

Ronde des marées ensevelies / sentinelles éternelles guettant l'aube naissante / Je suis lovée contre tes failles / telle une louve attendant l'allaitement / Décès abrupt de mes pentes

Escarpées / Troublante eau miroitante / Jette moi des sorts / afin que je brise l'enclume de boue / gravitant autour de mon cœur / Tu éteins les bruits du monde / La cavalerie de mes peurs / s'enfuit vers le désert lointain /

Davina Ittoo

est-ce que la nuit parfois délave les pierres / est-ce qu'elle ensanglante l'eau noueuse des blessures / est-elle l'adoratrice de cultes vains / est-elle calligraphe qui archive les grandes lassitudes des mers / est-elle la compagne des vagues ou l'archange qui les défigure / est-ce que la nuit parfois scande des rythmes si insensés que les rivages énoncent des larmes / est-elle le prélude à une symphonie de bleu / ou l'apocalypse de nos veines entremêlées dans une trop vaste attente / est-elle le roulis des écumes / ou l'inachevé d'une chevelure qui a assassiné mes cauchemars /

Umar Timol

la nuit d'écorce est écorchée

sur son corps nu, tatouées, des limbes /et des oriflammes de peau

des nuages calligraphies /mais les glyphes ont la bouche ouverte et redressent leurs longues dents sur le point de gober le monde

ils tonnent ils rugissent l'appel qui fera d'eux des Jaggernaut /et leur voix roule comme un char / ils postillonnent de la cendre en tempêtes contorsionnées / ils avertissent de la fin qui sera aussi un début

le renouveau sera dressé tout vert herse de jeunes pousses où en transparence l'éclat du printemps sera capturé

l'eau dessinera /un visage /et le sable / l'évanouira

Patricia Laranco

Les îles marchent sur les eaux / Les fleurs d'amandiers viennent à la rescousse de nos lampes veilleuses / Serait-ce l'urgence d'aimer ou l'enfance d'un soleil des sens / toute douceur est un cataclysme / Nous en sommes le gong / sont accourus les mystères de l'eau / Bénédiction des baisers / comme pacte signé entre la source et le fleuve comme un bleu à boire/ je suis de la lignée du pavillon d'or / le cavalier de l'arc-en-ciel que tu n'oses regarder sans pleurer / quand tu ouvres les plis secrets de l'émotion / quand tout sonne comme un grelot silencieux / garde l'œil ardent / C'est saison de foudre et de miracle / l'amour aujourd'hui aspire toute la planète / il est l'écho d'un écho qui réchauffe ta voix / pierre tenace sous le feu des trois pierres / les îles s'en souviennent et multiplient les notes de la rosée / Elles prennent pied dans tes yeux de belle moisson /

Ce que j'attache à la vie ce sont des nœuds charnus comme des lèvres brodant leurs dentelles /c'est un cœur à cœur qui pétille aux fontaines / et la fleur rouge posée sur tes joues

C'est un chant de tourterelles ou la caresse d'un banjo / l'existence fond dans la mangue / la vie demande un collier de mots / les plages s'en vont dire l'amour / Et c'est de toi que vient ce chant qui lâche bride / Et c'est pour toi ce chant taillé pour toi dans la calebasse gonflée d'eau pure / Un chant qui va au rendez-vous des paupières - Alléluia - j'attache le monde à ta fête et moi je m'en irai pleurer à ta place /

Ernest Pépin

tu pleureras à ma place et tes larmes seront de lumière /la lumière y étirera son joyau de pétillement ses facettes aigues mordorées taillées en forme de poignards et ses grands bonds d'enluminure où dansent les ailes Quetzal

le soleil effrangé vivra cœur de vie sang et or par l'aile et tant pis pour l'indifférence des nénuphars en dormition ! Cœur de vie de sang et de chair et de sol piétiné par l'aile !

Patricia Laranco


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