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La crise vote Sarkozy

Publié le 24 août 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff
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La crise vote Sarkozy

Le glaive de la Justice new-yorkaise vient de trancher le fil des derniers soupçons qui pesaient sur DSK, mettant fin à un feuilleton qui a autorisé des gloses aussi glauques qu’interminables dans les camps des deux parties en présence. Les commentateurs de toutes obédiences ont trouvé en l’ex-patron du FMI le pharmakos idéal qui prêtait le flanc à toutes les infamies, et dont les péripéties réunissaient tous les ingrédients d’une superproduction américaine, sexe mensonges et vidéo mais avec du camembert par-dessus, cocorico. Il faut bien admettre qu’en termes de suspens et de ficelage de l’intrigue, ça nous a bien changé de Navarro, mais au final l’affaire a fait pschitt, et les distributeurs du film sur les écrans français  se trouvent quand même fort aises d’avoir écarté Dominique le lubrique de la course à la fonction présidentielle et des jupes de Marianne.

Après le polar strauss-kahnien, ces stakhanovistes de la mise en scène politique se sont trouvé une nouvelle marotte et travaillent désormais à porter à l’écran un thriller dont la bande-annonce a déjà été diffusée en Grèce et en Espagne. En exclusivité pour les lecteurs du Graoully Déchaîné, je vous dévoile le titre de ce futur chef d’oeuvre du septième art: La Crise du Déficit Budgétaire. Les premiers rushs ont été tournés dans les locaux de Standard&Poor’s, qui ont dégradé la note de la dette américaine en notifiant à Barack Obama qu’il y a mieux à faire que de donner les moyens aux défavorisés de se soigner sans hypothéquer leurs maisons (quand ils en ont encore).  Par la magie d’une ellipse comme Godard en a le secret, l’intrigue rebondit en Europe avec le couple Sarkozy-Merkel qui se dispute sur la marche à suivre pour faire semblant d’avoir une quelconque autorité sur les marchés financiers. L’ennui tout bergmanien de la scène met en péril l’avenir du film, et l’équipe de production menée par notre Président cinéphile (la preuve, il a adoré Bienvenue chez les Ch’tis) décide de faire cavalier seul.

Impressionnés par tant d’obstination dans l’impulsion artistique, de généreux mécènes, parmi lesquels l’amie des arts Liliane Bettencourt et le célèbre humoriste Maurice Lévy, décident de subventionner la production, à condition que la contribution soit exceptionnelle et raisonnable, car l’Artiste qui se vautre dans le confort court le risque de voir sa Muse s’envoler vers des intermittents du spectacle moins munificents, mais dont l’esprit s’élève d’autant plus promptement vers les hautes sphères de la création que leur panse est vide,c’est bien pour ça que leur régime d’indemnisation en cas de chômage est si austère. Tout à sa joie de pouvoir à nouveau noircir de la pellicule, Nicolas Coppola et l’équipe gouvernementale convoquent la presse aujourd’hui à 18 heures pour dévoiler les grandes lignes du scénario, et la liste des victimes potentielles du serial-killer nommé La Crise.

Sans vouloir éventer un secret, on peut d’ores et déjà dévoiler  qu’après s’être fait la main sur le menu fretin des niches fiscales, l’assassin montrera un fort penchant pour les sévices sur les fonctionnaires et les acquis sociaux, et qu’il laissera les cadavres sur place pour empêcher le Parti Socialiste de s’échapper de la sinistre cachette du tortionnaire où se décomposent déjà l’hôpital public, le régime de retraite par répartition et le marché de l’emploi. Le dénouement se jouera en mai 2012, mais je ne vous raconte pas la fin du film: Jean Luc Godart disait que « le cinéma c’est la vérité 24 fois par seconde », mais en économie politique, l’autre royaume de la fiction, c’est rarement aussi fréquent.


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