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UTMB et Coulisses de la télé

Publié le 01 septembre 2011 par Pascal Boutreau

Bon je pourrais commencer par mon désormais traditionnel couplet sur le Stade de Reims mais comme j'ai espoir que mes Rouge et Blanc restent un moment tout en haut du classement, j'ai peur que cela devienne répétitif... Et la routine, ça finit toujours pas être mortel...

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Alors je préfère attaquer par l’UTMB qui se disputait le week-end dernier à Chamonix avec cette année, rallonge oblige, 170km et 9600m de dénivelé tant positif que négatif. Même si j'étais en Allemagne pour le dada, j'avais pas mal de pensées sur les sentiers autour du Mont-Blanc. Pour les coureurs que je connais, pour les Magic Girls de la presse et pour tous ces anonymes  partis à la conquête de leur rêve, à la conquête de ce défi qu'ils préparaient depuis des mois et des mois. Pour être passé par-là l'année dernière dans l'édition hélas avortée faute à cette put*** de météo, je m'imaginais bien au départ, là, au pied de l'église de Chamonix, au moment de cette immense procession qui prend aux tripes tant les acteurs que les spectateurs (une de mes plus grandes émotions de "sportif" avec le Solarberg sur l'Ironman de Roth, le départ natation du Triathlon de Paris ou encore l'entrée sur Manhattan au Marathon de New York).

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J'ai donc vécu tout ça par procuration. Mais en voyant les images (voir la vidéo ci-dessous) et en lisant les comptes-rendus comme ceux de mon amie Cécile Bertin (ICI) ou de Sébastien Chaigneau, grand monsieur du Trail et surtout grand bonhomme "tout court", (troisième en 20h55' de cette édition 2011 remportée une fois encore par l'extra-terrestre Kilian Jornet en 20h36 et pour la 5e fois par la Britannique Elisabeth Hawker en 25h2' - 13e au scratch) (ICI), forcément ça redonne envie.

J'en suis évidemment à des années-lumière. Après une année blanche (put*** de dos), je n'ai plus mes points qualificatifs et surtout je reprends seulement l'entraînement "sérieux" depuis un mois (à ce niveau là, c'est plutôt encourageant et je me suis mis les 80km de l'Eco-Trail de Paris dans le viseur, au printemps prochain). Je ne sais pas si je referai un jour cette course, mais une chose est certaine, j'ai envie de retourner dans ces montagnes, de partir à l'aube et de me retrouver quelques heures plus tard dans des paysages grandioses (revoir la vidéo de The North Face et la mettre en grand écran). En attendant, un immense bravo à tous les finishers, notamment Vincent Desfossez, coéquipier du Meudon Triathlon (381e en 39h15') qui depuis 6 ans courait après ce statut de finisher, et à Maria Semerjian (8e en 32h22, 2e française) avec qui j'avais eu le plaisir de partager l'an dernier un stage préparatoire). Bravo aussi aux autres (55% d'abandon sur les 2300 partants alors que prendre le départ nécessite de s'être qualifié sur des courses déjà très exigeantes) qui ont affronté "la bête". Renoncer est souvent difficile. Et c'est parfois aussi une victoire de ne pas aller au-delà de ce que le corps et l'esprit sont capables de supporter.

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Du dada ! Ah qu’on les a aimés ces Championnats d’Europe de concours complet à Luhmühlen. Quelle apothéose ! Nicolas Touzaint, de retour au plus haut niveau, Donatien Schauly, impérial malgré sa jeunesse, Stanislas de Zuchowicz et enfin Pascal Leroy, ont retrouvé les sommets de leur discipline, abandonnés depuis deux ou trois ans. Après les échecs des derniers grands rendez-vous, autant être honnête, on ne faisait pas les malins en débarquant en Allemagne. Et puis tout s’est parfaitement enchaîné, un dressage moins « mauvais » que d’ordinaire, un cross très bien géré et enfin un triple sans faute sur le saut (seule nation à réaliser une telle performance) qui offrait l’argent à nos couleurs.

Avec Donatien, 6e, Nicolas, 8e, et Stanislas 17e d’une compétition largement dominée par les Allemands (quelle classe !) squatteurs des quatre premières places, et avec un Michael Jung qui ajoute le titre européen à sa couronne mondiale, la France prend date. Oui, elle sera bien présente à Londres dans moins d’un an au côté de l’équipe de saut d’obstacles. Alors même si on va bien se garder de s’enflammer d’autant plus qu’il faudra se coltiner les Néo-zélandais, Australiens ou Américains, on en salive déjà.

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Allez suivez-moi, je vous emmène maintenant dans les coulisses. Car dans l’ombre de ceux qui passent à la télé (Kamel Boudra et moi), il y a des gens qui bossent dur. Vraiment très dur. A Luhmühlen par exemple, Claire, Romain, Mathieu et Pierre de la société Via Storia étaient arrivés dès mardi. Leur taf : préparer le terrain pour que nous puissions être tout de suite opérationnels à notre arrivée mercredi et ensuite assurer la transmission des images propres à Equidia. Et dans le cas de ce championnat d’Europe, l’affaire plus particulièrement corsée.

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Par manque d’anticipation (de préparation ?) des organisateurs (l’Allemagne n’est plus ce qu’elle était…), notre quatuor a dû improviser son installation à la dernière minute. Sous une éprouvante chaleur en début de semaine puis sous le déluge un peu plus tard, Claire, Mathieu, Pierre et Romain ont sorti les pioches, les pelles pour creuser des tranchées et enterrer les centaines de mètres de câble nécessaire. Et comme si cela ne suffisait pas, il a fallu tout démonter vendredi soir à l’issue du dressage, remonter à l’endroit du cross du samedi à 300m de là (avec la mise en place d’un poste de commentateur en pleine nature), re-démonter samedi soir et remonter pour dimanche et le saut. Un immense merci à cette Dream Team donc pour leur efficacité et le tout toujours dans la bonne humeur et avec le sourire. Non spécialistes des sports équestres il y a encore quelques semaines, nos Alsaciens préférés sont désormais les rois de l’épaule en dedans et du trop allongé (deux jours de dressage non stop… ça forme…) !

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Dans le car de transmission, on trouve aussi Claude et Flora, de la production d’Equidia. Claude, c’est le grand chef chargé avec Flora de tout coordonner entre le site de la compétition et le siège d’Equidia, à Colombes. Claude et Flora, ce sont aussi eux qui avaient tout blindé auparavant avec les prestataires de service pour s’assurer que tout était calé. Claude, c’est aussi le Monsieur logistique d’une telle expédition.

Enfin, à Colombes, il y a toute une équipe à l’antenne pour s’assurer de la bonne réception des images (notamment sur Equidiawatch), pour remonter les images (merci Yann Fournis de s’y être collé ce week-end après avoir commenté la Coupe des Nations de Rotterdam et à Julie, la monteuse), et pour assurer le suivi de la compète sur tous les médias comme Facebook et Twitter (merci à Julien Abadie).

Voilà en gros l’organisation qui nous permet de d’offrir non seulement les images classiques de la compétition, ce que l’on appelle le « signal international » reçu par toutes les télés détentrices des droits, mais aussi, et surtout, les images propres à la production Equidia avec les interviews et des images spéciales Equidia. Comme vous pouvez le constater, tout ça est une grosse machine.
Petit éclairage désormais sur une idée reçue. Une « légende urbaine » véhicule l’idée que les sports équestres seraient roi en Allemagne au contraire de la France où les méchants médias traitent l’équitation de façon méprisable. Un doublé par équipes et en individuel dans un Championnat d’Europe aurait donc dû faire la une des médias outre-Rhin.

Lundi, à l’aéroport de Hambourg, je me suis donc précipité pour acheter tous les journaux allemands. Pas de Michael Jung à la une. J’ai donc tourné les pages, encore et encore avant de constater que la place réservée aux « Europe » de concours complet était bien mince.
Au mieux un quart de page dans le Süddeutsche Zeitung et le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dans Bild, le plus gros tirage de la presse allemande, une dizaine de lignes. Dans le Hamburger Abendblatt, le journal local, les résultats secs sans le moindre commentaire. Et dans Die Welt, l’équivalent du Monde, rien.

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Dans tous ces journaux très représentatifs, le titre européen de l’équipe d’Allemagne de hockey sur gazon occupe par exemple beaucoup de place que le concours complet. On trouve du hand, de la boxe, les mondiaux d’athlétisme bien sûr et évidemment du foot, le sport n°1 dans pratiquement TOUS les pays du monde à l’exception de l’Amérique du Nord. Non, l’herbe n’est pas plus verte dans le pré allemand. L’Equipe, si souvent décriée pour le peu d’espace qu’elle octroie à l’équitation, a donc fait autant lundi sur l’argent des Bleus que les journaux allemands sur le doublé des leurs. Pas facile de s’en contenter quand on est passionné, mais avec un peu de lucidité et surtout d’ouverture sur le réel paysage du sport, pas si mal dans un contexte de grosse concurrence entre toutes les disciplines.
Plutôt que de se placer toujours en victime des méchants médias, le monde des sports équestres devrait surtout s’ouvrir sur le monde extérieur et arrêter de vivre reclus sur lui-même. Il y constaterait que malgré ses 700 000 licenciés, il ne représente pas grand-chose dans le paysage médiatique. Et pas seulement en France. En Allemagne aussi. Et même si certains vivent cette situation comme une injustice, plutôt que de crier au complot, peut-être faudrait-il se poser les bonnes questions et essayer de trouver les réponses.
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Je reviens rapidement sur les Championnats d’Europe de hockey sur gazon qui se disputaient la semaine dernière à Mönchengladbach (en direct sur la 1re chaîne allemande au passage). Rapidement parce qu’hélas les choses ne se sont pas exactement passées comme on l’aurait espéré. Cinq matches, cinq défaites, une dernière place et une relégation au niveau B, fermez le ban ! Dur dur pour un groupe qui avait bossé dur… Mais il va falloir maintenant se redresser.

Pour le Championnat, ça reprend le 18 septembre. Alors allez les filles de Mérignac de Mamzelle Peg and Julie, de Cambrai de l’impériale Pif et de Caro, de Lille de Bambi et Loulou.

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Et pour finir, le coup de coeur de la semaine pour Teddy Riner, sacré pour la cinquième fois champion du monde. Un record. Pour l'avoir croisé à quelques reprises, ce mec en plus d'être un géant de son sport (à tous les sens du terme) est un mec bien cool qui ne se prend pas la tête. Un mec qui a l'art de mettre les autres à l'aise comme ce fut le cas il y a quelques mois quand nous l'avions reçu à L'Equipe avec notamment Christophe Lemaitre (j'avais réalisé et monté avec mes petites mains une vidéo de cette rencontre ICI). Alors pour tout ça, pour avoir su gérer une énorme pression, bravo Riner... et rendez-vous à Londres pour un rendez-vous qui pourrait le placer encore plus haut dans l'histoire de son sport et parmi les plus grands judokas de tous les temps.


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