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Les 4 façons d’éponger une dette publique

Publié le 01 septembre 2011 par Leblogdudd

Les 4 façons d’éponger une dette publique

« Dettes publiques », « Dettes publiques », entend-on scander quotidiennement. A croire que les dirigeants n’ont plus que ce mot à la bouche. Pour être honnête, ils l’avaient déjà avant. Je me souviens encore de la campagne de 2007, le spectre de la dette française était déjà agité à tour de bras. Les candidats criaient l’air affolés « le France est endettée de 1200 milliards d’euro ! ». Mais ces chiffres sont tellement astronomiques comparés à ma fiche de paie, qu’est ce que cela représente ? Et au fond, est-ce grave docteur ? Finalement, la France continue à payer ses fonctionnaires, à emprunter encore plus, et ça n’a pas l’air de déranger grand monde. Mais 5 ans plus tard, après la crise de 2008, la crise grecque, et maintenant celle de l’euro, le sujet semble devenir de plus en plus sérieux. A tel point que les investisseurs semblent pris de panique, et les bourses s’effondrent. Cette réalité qui semblait indolore saborde aujourd’hui directement l’économie européenne et mondiale. Il est peut-être temps de s’attaquer au problème de la dette après tout [1] .

Mais que faire ? S’il est bon de reconnaître le problème, c’est encore mieux de le résoudre ! Réfléchissons. J’étais à découvert le mois dernier, je n’ai mangé que des pâtes ce mois-ci, et je rentre dans mes frais à la rentrée. Pas si sorcier que ça. Il suffit d’appliquer la même recette à l’état. Hélas, les finances publiques ne se gèrent pas comme le portefeuille de monsieur Dupont. Voici les 4 principales idées, avec leurs avantages et inconvénients pour éponger la Dette de Marianne:

Solution n°1 : Ne pas payer la dette. Ca reste la solution la plus simple. Annonçons aux créanciers qu’il peuvent se brosser, on ne les remboursera pas. Après tout, on ne craint pas grand chose, ils n’enverront pas les autorités saisir les meubles à l’Elysée ! D’ailleurs, cette solution fut pratiquée plusieurs fois durant le cours de l’histoire. Elle présente cependant un inconvénient de taille. Les créanciers en question, banques, particuliers et autres états, risquent de ne pas aimer voir leurs sous partis en fumée. Difficile après cela de demander un nouveau prêt pour payer ses fonctionnaires… A moins qu’on ne soit certains de conserver un déficit nul pendant plusieurs dizaines d’années, cela semble un pari risqué!

Solution n°2 : Imprimer de nouveaux billets pour payer les créanciers. Voilà une solution astucieuse ! Après tout, en tant qu’état, je peux bien mettre plus d’argent en circulation, et rembourser mes frais au passage ! Cette technique, fut également utilisée de nombreuses fois par le passé, et l’est encore régulièrement par les Etats-Unis [2] . Hélas, cette attitude est très souvent génératrice d’inflation. On injecte plus d’argent, mais celui-ci ne vaut plus rien… Retour à la case départ.

Solution n°3 : Manger des pâtes tous les jours. C’est-à-dire réduire le train de vie de l’état. Moins de fonctionnaires, moins de prestations sociales, moins d’investissements. On dépense moins qu’avant, et au bout de quelques années, on finira bien par se refaire ! Là encore, on aimerait que ce soit simple, mais de telles politiques d’austérité plombent l’économie du pays. Les gens reçoivent moins de service, les fonctionnaires ont moins d’argent et moins de postes… Et l’état, qui se finançait en taxant les produits de l’économie voit ses rentrées d’argent réduire. On dépense moins, oui, mais on gagne moins. Caramba, encore raté !

Solution n°4 : Demander une augmentation. Rien de plus simple quand on est l’état. « Chers citoyens, vous allez payer plus d’impôts ». Problem solved ! Mais là, rebelote. Les gens râlent, se serrent la ceinture pour payer leur impôts, et du coup n’achètent pas l’iphone 5 dont ils rêvaient ! Dommage, Car l’achat de ce portable, soumis à la TVA, devait faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’état. En plus, on s’est mis tout le monde à dos et on ne risque pas de gagner les prochaines élections.

On voit donc qu’il n’existe pas de solution indolore au problème. Pour sortir de l’impasse, il nous faut user d’un savant mélange des 2 dernières, afin de minimiser les inconvénients évoqués. Une politique libérale privilégiera la solution numéro 4 quand une plus sociale préférera la numéro 3. Cela dit, on règle là le problème du déficit publique, pas directement celui de la dette publique. Pour éponger totalement sa dette, un assemblage des 4 solutions peut devenir nécessaire.

Je pourrais conclure cette article ici, mais je me sens un peu coupable… En effet, il existe une cinquième astuce, accompagnée de beaucoup moins d’effets secondaires. Il suffit d’avoir une croissance suffisante ! Les revenus de l’état augmentent, plus besoin d’augmenter les impôts ou de virer ses fonctionnaires. Les gens sont contents et le chômage diminue. C’est la solution miracle! Pas étonnant que les politiciens de tous bord s’accrochent désespérément à ce concept. Cette astuce présente néanmoins un gros défaut: elle est impossible à mettre en place ! En effet, il n’existe pas de technique infaillible pour augmenter la croissance. Il y a de nombreuses approches, basées sur des théories économiques des plus sérieuses. Toutes ont marché a une époque, et échoué à une autre. L’histoire est une démonstration permanente de notre incapacité à contrôler la croissance économique. La théorie traditionnelle [3] préconise d’injecter de l’argent pour relancer l’économie, tout le contraire d’un serrage de ceinture. Mais évidemment, impossible à l’avance de connaître le rendement de l’opération. De plus, à l’aube du 21ème siècle, il semble que le concept de croissance se heurte à des obstacles majeurs, des obstacles physiques. Est-ce raisonnable de penser que l’on pourra augmenter toujours plus les échanges et productions matérielles face à la crise de l’énergie et l’érosion de la biosphère ? Depuis les chocs pétrolier, nous n’avons jamais retrouvé la croissance des dites 30 glorieuses. Les année 70 marquent aussi le début de l’explosion des dettes publiques et l’augmentation du prix des matières premières. Aujourd’hui, nous n’avons plus de marge de manoeuvre financière, et une input énergétique qui sature. La « solution miracle » est peut-être finalement la moins réaliste de toute…

  1. Voir sur le sujet l’analyse d’Attali
  2. cf. lemonde.fr pour un résumé de l’histoire de la dette française
  3. Depuis Keynes essentiellement

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