Sélection livre de la rentrée: La délicatesse, de David Foenkinos

Délectable. Délicieux. Drôle. Autant d’adjectifs à même de définir La délicatesse. Une intrigue amoureuse qui pourrait paraitre banale. Mais rien dans ce petit livre ne l’est.

C’est l’histoire de Nathalie, figure féminine par excellence, qui, d’un baiser volé fait chavirer Markus. Lui est suédois et tente en vain (rien de moins évident quand on travaille dans une entreprise suédoise..) d’échapper aux Krisprolls et à sa ville natale, Uppsala. « Même les habitants d’Uppsala sont gênés: le nom de leur ville sonne presque comme une excuse » ironise l’auteur. Oups.

Alors, dans l’entreprise, les commérages vont bon train. Nathalie et Markus? Elle la belle… Lui la bête. Elle, les mots qu’elle habille de sa délicatesse. Lui, les miettes qui jaillissent d’une bouche pleine.

Au grès des baisers volés, des sourires esquivés, David Foenkinos nous entraîne à travers leurs errances et les transports de leurs âmes. De Nathalie, ses talons, ses cheveux, à Markus et son style suranné. Le tout rythmé par les monologues intérieurs des personnages, les plus à même d’exprimer l’indicible. Et tout est dit.

Nous sommes dans un tableau de Dali, dans un Baiser de Klimt, une pièce de Tolstoï.

David Foenkinos parvient à plonger le lecteur dans son univers: un monde fait de références, de simplicité et d’imprévus. Il nous emmène du rire aux larmes à travers une valse de sentiments qu’il maitrise à la perfection. Tout cela avec une délicatesse peu coutumière.

Les chapitres s’alternent sans la moindre fausse note: extrait d’une pièce, définitions du Larousse, recette de risotto, autant de mentions qui font sourire et qui ancrent la fiction dans une déroutante réalité. Celle des sentiments, de la douleur, du bonheur. Que l’auteur prend plaisir à commenter.

Alors, après avoir lu ce petit roman, on ne se demande plus pourquoi il a été honoré de dix prix littéraires et traduit dans plus de quinze langues. La délicatesse n’a pas de frontière. Et les mots de Foenkinos, a priori, parlent toutes les langues.

Florence G.