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Lycée: les idées libérales ne sont pas les bienvenues

Publié le 05 septembre 2011 par Copeau @Contrepoints

À l’occasion de la rentrée scolaire, Contrepoints souhaite donner quelques conseils aux lycéens, notamment à ceux qui débutent la Terminale et qui auront en ligne de mire le Bac. Sachez-le, les idées de liberté sont jugées absurdes et provocantes. Notre agôgè moderne (… que le monde nous envie) ne tolère pas que les lycéens osent défendre des positions libérales.

Par Georges Kaplan

Ci-dessous, une courte interview de madame Laurence Hansen-Love, professeur de philosophie en terminale et directrice de collection chez Belin et chez Hatier [1], à propos des sujets politiques au Bac de philosophie.

À la question : « les sujets politiques ont la réputation d’être dangereux, qu’est-ce que vous conseillez pour les traiter ? » – i.e. un étudiant risque-t-il d’être noté sur la base de ses opinions si ces dernières venaient à être en contradiction avec celles du correcteur ? – cette madame Hansen-Love, qui parle manifestement d’autorité, répond en deux temps.

Première réponse : « Non, absolument pas ». Selon le professeur de philosophie, « toutes les positions sont recevables, le professeur vous jugera selon des critères formels ». Hourra ! Il existe donc encore un minimum de pluralisme si ce n’est dans l’enseignement proposé par l’EN, au moins dans les positions que peuvent défendre les élèves.

Mais il semble que cette première réponse ne soit pas suffisante et en appelle une seconde (qui commence vers 1’00) : « Il peut quand même arriver que ce que dit l’élève heurte le professeur ; soit parce que ce sont des positions insoutenables – par exemple un élève qui dirait qu’on n’a absolument pas besoin de l’État et ce serait tellement mieux si chacun n’en faisait qu’à sa tête… Enfin prendre des positions absurdes, bon, ce n’est même pas la peine d’insister. »

Ainsi donc, notre Éducation Nationale d’État enseigne à nos enfants que l’idée selon laquelle nous pourrions nous passer d’État est une idée insoutenable qui ne mérite même pas qu’on s’y arrête. C’est-à-dire que cette position, qui a été défendue par des auteurs aussi insignifiants que Léon Tolstoï, Max Stirner, Gustave de Molinari, Lysander Spooner, Murray Rothbard (…) mais aussi par Karl Marx, Friedrich Engels ou Mikhaïl Bakounine (…) est jugée « absurde » ; fin de la discussion.

Mais, semble-t-il, « il y a des cas plus litigieux ». Par exemple, à la question « peut-on (ou doit-on) tout attendre de l’État ? », cette dame nous avertit : « l’élève qui va répondre : non, absolument pas, l’individu doit se prendre en charge, ce n’est pas à l’État de nous garantir un travail, la sécurité, la sécurité sociale… que sais-je ? Bref : si vous défendez une thèse ultralibérale c’est un peu une provocation. »

Maintenant, les choses sont claires. Ce que cette dame appelle des positions « ultralibérales » ne sont rien d’autre que des positions libérales classiques ; les mêmes qui ont été soutenues par de ridicules provocateurs tels que Friedrich Hayek, Frédéric Bastiat, Alexis de Tocqueville, Carl Menger, Ludwing von Mises, Milton Friedman, Benjamin Constant, Adam Smith, Raymond Aron, Ronald Coase, James Buchanan, Jean-Baptiste Say (je pourrais continuer sur plusieurs pages…). Être libéral, chez nos amis de l’Éducation Nationale d’État, cette agôgè moderne [2], c’est une provocation.

J’ai le plaisir de connaître un professeur de philo de l’Éducation Nationale d’État qui est loin (mais très loin) de partager le point de vue de madame Hansen-Love ; la théorie selon laquelle tous les profs de l’ENE seraient des socialistes militants est donc réfutée [3]. Tous non, mais vraisemblablement une grande majorité et certainement ceux et celles qui définissent les programmes.

Comme le dit madame Hansen-Love, « c’est un exemple …»


Notes :
[1] Le blog de madame Hansen-Love donne une idée assez claire des idées qu’elle ne défend certainement pas ni en classe, ni lorsqu’elle corrige une copie.
[2] L’éducation spartiate qui présentait « la triple particularité d’être obligatoire, collective et organisée par la cité » (source : Wikipédia).
[3] Principe de réfutabilité de Karl Popper ; un provocateur libéral lui aussi.

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