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Pas de justice dans le cadre du nucléaire

Publié le 07 septembre 2011 par Koram
En avril 1986, le nuage radioactif de Tchernobyl avait survolé une partie de la France. Ce matin, soit vingt-cinq ans après la catastrophe, la cour d'appel de Paris a ordonné un non-lieu, mettant un point final à l'enquête ouverte en 2001 sur l'impact du nuage dans l'hexagone. Une décision conforme à la demande du ministère public. Selon l'institution, les scientifiques n'ont mis en évidence aucune conséquence sanitaire mesurable et aucun lien n'aurait été fait avec les maladies de la thyroïde.
La cour d'appel a donc accordé un non-lieu à l'ancien patron du Service central de protection contre les rayons ionisants (SCPRI), le professeur Pierre Pellerin. Il s'agissait de la seule personne mise en examen pour «tromperie aggravée» en 2006. « C'est un point final à ce dossier. L'association qui regroupe les victimes va se pourvoir en cassation contre cet arrêt pour avoir épuisé toutes les voies de recours », a commenté Bernard Fau, l'avocat des parties civiles, après cette décision de la cour d'appel de Paris. « C'est une décision qui va laisser un goût amer du point de vue des victimes. Elle va également laisser un goût amer chez tous ceux qui dans la société civile ont attaché un intérêt à l'impact que peut avoir un nuage radioactif survolant un pays après une catastrophe nucléaire », a-t-il ajouté.
Un récent rapport d'experts, dévoilé cet été, expliquait pourtant que la proportion des troubles de la thyroïde aurait augmenté en Corse après l'accident de Tchernobyl. Les experts ont «observé une augmentation importante à très importante après 1986 dans l'espèce humaine de la proportion des troubles thyroïdiens par rapport aux autres affections endocriniennes, le pourcentage moyen étant de 44% et pouvant atteindre plus de 100%».
Noël Mamère : « Un déni de justice »
La décision de la cour d'Appel de Paris a provoqué la colère de Noël Mamère. « Ce non-lieu est un déni de justice qui prouve la force du lobby nucléaire dans notre pays », a affirmé le député-maire de Bègles (Europe Ecologie-Les Verts).
« Tous les grands organismes internationaux ont reconnu le mensonge d'Etat proféré par le professeur Pellerin à l'époque de Tchernobyl. Je suis moi-même allé jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme, qui a condamné le gouvernement français », a t-il ajouté. « C'est aussi une insulte pour ceux qui sont malades des suites du passage du nuage de Tchernobyl. C'est révoltant », a conclu Noël Mamère.
La fondatrice de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) et députée européenne Europe Écologie-Les Verts, Michèle Rivasi, a également réagi à ce non-lieu: « Je n’aurais jamais créé la Criirad si en tant que scientifique je n’avais pas vu qu’il y avait eu des retombées. Notamment que des gens avaient consommé des aliments contenant de l’iode radioactif et du césium, bien au delà des normes fixées », a t-elle expliqué sur France Info. « S'il n’y a pas de justice pour toutes ces victimes, ça veut dire que nous ne sommes plus en démocratie dans le cadre du nucléaire. »

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