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Coup de cœur : 41 € pour une poignée de psychotropes.

Publié le 20 mai 2011 par Yomigues @Yomigues

 

Cette semaine je vais faire une infidélité au genre manga que j’affectionne particulièrement pour vous faire part de mon avis sur la dernière BD de ce cher Davy Mourier : 41€ pour une poignée de psychotropes. Et pour que je prenne la peine de m’y pencher, veuillez bien croire que ça en vaut la chandelle.

Davy Mourier, ce « putain de cliché ».

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Davy Mourier, comme il le dit lui-même dans 41 € est un « putain de cliché » : c’est un adulte atteint du syndrome de Peter Pan qui se refuse à grandir. Il adore la BD dans son ensemble et en dessine, c’est un féru de jeux vidéo et le meilleur, c’est qu’il a réussi à concilier son métier et ses passions ensembles… Ajouté à cela qu’il est scénariste, graphiste et acteur, on obtient un mec pas très grand et enrobé, un Davy Mourier.C’est dans les années 2005/2006 que cette icône geek ouvre son blog Badstrip, dans lequel il étale sa vie sans complexe, fait des vidéos pipi/caca plus ou moins drôle et se remet doucement mais sûrement au 9ème art. Le succès est au rendez-vous, le petit bonhomme d’Annonay plaît à un public de plus en plus large, on se prend d’affection pour se rendre compte que cet homme est un peu plus que ce débile mental de Régis-Robert, rôle qui lui colle à la peau.

      

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Les premiers pas : "Il était une fois une fille que j'ai rencontré deux fois / Maman, Papa, une maladie et moi"

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Premier essai très personnel, Davy conte avec finesse sa rencontre d’une jeune femme sur le web ainsi que la manière dont son père a pu ébranler le quotidien famillial en tombant malade. La sincérité des propos et la personnalité de l’auteur se ressentent immédiatement, c’est une réussite en dépit d’un style graphique qui lui est propre mais pas encore tout à fait au point. Comme il le dit lui-même, plus qu’un auteur de BD, M.Mourier est un  raconteur d’histoire. Il faut cependant préciser qu’à ce moment-là, il se remet doucement au dessin via sa tablette. Une introduction touchante pour ce clown triste, qui expose ses doutes les plus intimes : « va-t-elle m’aimer même si j’ai des seins de graisse ? », « Papa s’en sortira-t’il » ? Un superbe ouvrage qui permet de découvrir une autre facette de ce mec ordinaire avec des clins d’oeil sur son enfance, un bon départ.

Encore plus loin, "Mouarf - Journal Intime d'un Geek dépressif"

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Sans vouloir faire trop de spoils, imaginez que passé la trentaine, on vous apprend qu’on vous avait dit un gros mensonge à l’adolescence qui a peut-être modifié votre façon de voir les choses  ? En plus de ça, Davy Mourier s’accorde un entretien avec son subconscient : pourquoi agit-il ainsi ? Pourquoi se réfugie-t’il dans le travail ? Pourquoi n’arrive-t-il plus à être amoureux ? Pourquoi est-il un eternel insatisfait ? Cet album fait figure d’introspection pour l’auteur et permet de comprendre le malaise constant qui l’habite, ce qu’on ne voit pas face à la caméra. Encore une fois, nous avons droit à une BD très personnel, mais c’est avec 41 € que Davy va atteindre son apogée dans son autoblographie même si Mouarf franchit un cap certain dans la narration.

41€ pour une poignée de psychotropes, l’apogée.

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On l’a déjà dit maintes et maintes fois, mais putain, quel album ! Le format est des plus originaux : cahier de brouillon avec spirale, renforçant le côté journal intime. Le trait de Davy est largement plus abouti, mais ce qui frappe, c’est la mise en page brouillon, ces photos un peu partout, ces pages remplient d’un ou deux mots…

41€ réussi le tour de force de proposer en plus d’une BD une immersion dans les tréfonds de la pensée de son créateur : son manque de sociabilité compensé par le travail, sa croisade quotidienne avec le psy pour pouvoir évacuer et comprendre ce qui ne va pas chez lui, la recherche de l’amour comme dans les contes de fées… Parce que même s’il sait pertinemment que la vie n'est pas le reflet d'une fable pour enfant, notre cher geek n’abandonne pas et s’obstine dans la quête du véritable amour.

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C’est une chose difficile pour quelqu’un dont la dépression semble être le leitmotiv : s’il ne déprime pas, il lui manque quelque chose de primordial… Cette déprime quotidienne est sûrement là pour combler « sa » présence, « elle » qui a partagée presque 5 ans de sa vie. Cette tristesse lui permet de prendre des cachets qui le booste et lui donne l’illusion pour quelques heures que tout va bien, alors qu’il n’en est rien… Mais rien, c’est bien mieux que tout parfois. Alors Davy s’en contente en attendant sa guérison, c’est l'alternative pour éviter de  repenser à « elle »  et de se morfondre. Du bonheur factice en boîte plutôt que de s'autoriser à être heureux avec quelqu'un d'autre, c'est la voie qu'emprunte l'un des animateurs préférés des spectacteurs de No-Life.

Sa prise de conscience et sa dépression ne l’empêchent pas de finir cet album avec une note d’espoir,  cependant le chemin pour y parvenir sera long.  Son fardeau semble s’être un peu allégée dans son cœur même si « elle » sera toujours présente. Son constat sur la vie l’afflige, mais il ne peut en rester là et continue d’avancer, parce que c’est un peu ça the way of life de M. Tout le monde.

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Conclusion

De par ses thèmes et son trait abouti, « 41€ pour une poignée de psychotropes » est une œuvre intimiste qui ne s'adresse pas qu'aux puristes de Badstrip : la recherche, longue et tortueuse, du bonheur  malgré la vie qui nous baise ; la difficulté d’accepter que tout peut avoir une fin en plus d’aborder avec justesse la dépression avec un grand D. Une bien belle BD qui nous apprends c'est quoi la vie, on a hâte de lire les prochains titres de l’auteur qui ne fait pas que dans l’autoblographie : la Petite Mort a remportée il y a quelques temps un engouement inattendu ! Il serait bête de croire qu’il faut apprécier Davy Mourier pour aimer sa BD, non, il suffit d’aimer la BD tout simplement. Une bonne surprise !

 

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