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Présumé coupable

Par Gicquel

[Critique cinéma] Présumé coupableUrgent, nécessaire, salutaire.. Je ne sais encore quel adjectif , avancer, pour dire l’absolue raison d’être de ce genre de film. Si le cinéma appuie assez souvent, là où ça fait mal, «  Présumé coupable » va bien au-delà : du devoir de mémoire, parfois trop galvaudé, à la dénonciation d’un système judiciaire omnipotent, il nous donne à voir et à revoir un  monde que l’on croyait bien connaître.

Outreau c’était hier et pourtant, personnellement, je n’avais conservé que l’ultime aveu d’une justice défaillante, reléguant dans l’ombre et l’indifférence, une histoire d’hommes et de femmes, à jamais détruits par d’autres hommes, et d’autres femmes.

C’est ce que nous raconte, implacable et terriblement clinique,  Alain Marécaux- « l’huissier » de l’affaire d’Outreau – accusé en 2001 ainsi que sa femme et 12 autres personnes  d’horribles actes de pédophilies.

[Critique cinéma] Présumé coupable

Il aura beau dire, beau faire, ses dénégations relayées par plusieurs tentatives de suicide n’y feront rien. Il était aux yeux d’un petit juge et de sa hiérarchie un coupable, maintes fois désigné par une femme et son fils. Malgré l’absence de preuves, et d’éléments concordants, il passera trois années en prison, avant que la justice ne le condamne lamentablement à 18 mois de prison avec sursis, qui ne tiendront pas longtemps. Marécaux et les autres étaient innocents ….

Le film est à la hauteur de son calvaire. Une descente aux enfers que la caméra accompagne sans ménagement. Un objectif toujours braqué sur son regard, ses mains de plus en plus tremblantes, son cou, qui s’amincit, ses jambes rabougries.Je n’aime pas trop parler de performance d’acteur. Ca fait un peu regardez moi comme je joue bien, et tout ce que je sais faire.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Mais ici Philippe Torreton, la victime d’Outreau, est avant tout l’incarnation même de l’erreur judiciaire ; depuis longtemps le comédien s’est effacé devant l’homme abattu. Le comédien qui n’existe plus porte les maux de Alain Marécaux, et de tous les condamnés par erreur, par négligence, ou par suffisance. Comme ce  juge Burgaud,  incroyable petit bonhomme engoncé dans ses certitudes, et son code pénal.Raphaël Ferret  qui en donne une piètre image, et pire que ça, détestable, est lui aussi à la hauteur du propos de Vincent Garenq , dont la mise en scène est magistrale. Dans sa sobriété, sa relation des faits, elle ne lâche jamais sa proie :l’une des plus importantes erreurs judiciaires de notre époque.


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