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Tupac Shakur, 1996-2011 : Quinze ans d’héritage

Publié le 13 septembre 2011 par Nowplaying

Tupac Shakur, 1996-2011 : Quinze ans d’héritage

Il y a quinze ans était assassiné à Las Vegas Lesane Parrish Crooks dit Tupac Shakur ou encore 2Pac. Voilà le motif d’accroche principal de cet article qui n’a pour objet, ni de faire un point sur les circonstances encore floues de son meurtre, ni d’évoquer les théories plus ou moins obscures échafaudées par ses fans pour mystifier sa disparition, mais de parler de la ‘seconde mort’ de cet artiste qui fut pour beaucoup l’idole de toute une génération.

Qu’entends-je par ‘seconde mort’, disons celle de la musique de son ‘après-vie’. On parle tout de même d’un rappeur qui a eu une discographie posthume plus fournie que la somme de ses oeuvres livrées de son vivant. Outre 7th Day Theory, l’album sorti une semaine après sa mort à l’origine des fameuses théories en question, Death Row Records a publié trois double-albums de 2Pac : R U Still Down? (Remember Me), Until the End Of Times et Better Dayz, tous trois de bonne facture grâce notamment aux productions de Johnny J. Sans parler du Greatest Hits qui a été récemment certifié disque de diamants aux US (plus de 10 millions d’albums vendus) et de Still I Rise - simple-album celui-là – avec son groupe les Outlawz. Jusque-là tout allait bien, l’utilisation de la musique du défunt était très respectable. Son single « Changes » était d’ailleurs hautement symbolique.

C’est un fait : le catalogue de titres enregistrés avant sa mort est très, très impressionnant. C’était un travailleur chevronné (Lil Wayne est tout petit à côté) et cela entretenait le mythe du sulfureux rappeur. Quand bien même Death Row et son patron Suge Knight ne pouvaient que compter sur cette pléthore d’enregistrements légués par Tupac pour survivre vu que tous les artistes ont déserté le label ou voient leurs albums annulés. Toutefois cette sur-exploitation de ces chansons inédites a fini par prendre une toute autre tournure au début des années 2000. Déjà, rien qu’à l’idée d’entendre que d’autres inédits de 2Pac allaient paraître, l’incrédulité laissait place progressivement à l’exaspération. Puis il y avait aussi ces « featurings virtuels », Nas featuring 2Pac, Ja Rule featuring 2Pac, 2Pac featuring 50 Cent… avec cette question qui dérange : 2Pac aurait-il rappé de son vivant avec ces personnes-là ? La collaboration la plus authentique semble-t-il reste ce « Runnin’ » enregistré en 94 avec Notorious BIG alors qu’ils étaient encore de bons amis…

Les choses ont commencé à se gâter sérieusement lorsque Afeni Shakur, la mère de Tupac et fondatrice du label Amaru, a commencé à s’intéresser de plus près aux archives (business?) de son fils défunt. Naturellement, elle est, par les liens du sang, la détentrice la plus légitime des droits de Tupac mais inutile de nier non plus la somme astronomique d’argent que représente la vente de ses albums posthumes. Pour Resurrection, paru en 2002, elle fait appel à Eminem pour produire deux titres. Drôle d’affaire. Le seul point commun (avec le rap) qu’ait Eminem avec son icône 2Pac est sa maison de disque Interscope. Deux ans après, le protégé de Dr Dre se verra ensuite assigné à la production éxécutive de l’infâme Loyal to the Game. Les critiques négatives sur ce mariage scabreux et arrangé pleuvaient comme des grêlons de la taille de balles de tennis, tant pour des raisons musicales qu’éthiques. Des raisons proches d’être légitimes pour ces fans scandalisés. On n’avait rien entendu de pire depuis l’affreuse compilation Nu-mixx Klazzics en 2003. Alors qu’on pensait avoir touché le fond, que penser après de son successeur Pac’s Life… suivant la même recette : des producteurs liés à Interscope (Swizz Beatz, Sha Money XL du G Unit) et des featurings en pagaille (T.I., Ashanti,…).

Voici comment peu à peu le riche héritage de Tupac Amaru Shaku a tristement terminé, ou comment a-t-il été dilapidé pour parler en des termes plus francs. Ce n’est pas la peine non plus de préciser – mais je le fais quand même – que le Best of 2Pac paru en 2007 n’a pas non plus sa place dans les bacs. J’ai cette image qui me revient souvent en tête, celle de vautours qui se sont délectés de son cadavre jusqu’à la moelle, ou alors de docteurs Frankeinstein qui ont tenté maintes fois de le ressuciter… Et là aussi dans cet épilogue, difficile de déterminer le vrai coupable de cette seconde mort…

Puis, voilà le contexte de l’anniversaire de sa mort : un porte-parole d’Afeni Shakur qui laisse entendre que les Outlawz ont fumé les cendres de Tupac, la rumeur d’un nouvel album posthume depuis le rachat de Death Row Records par WIDEawake Entertainment et Rick Ross scande « Tupac Back« … Rien n’empêche en tout cas de saluer la mémoire de ce grand homme parti trop tôt, trop jeune.


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