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POLISSE de Maïwenn

Par Celine_diane

[Critique] POLISSE de Maïwenn
[AVANT-PREMIERE]
Chez Maïwenn, le cinéma est une arme. D’un coup de poing ou d’une étreinte, elle dénonce et critique, se marre et s’agace, fouille l’être, le soi, les autres. Pas étonnant qu’en trois films, elle se situe toujours à la frontière. Entre docu et fiction, réalisme spectaculaire et intensité de cinéma, tragédie humaine et humour salvateur, grand déballage et extrême justesse de ton. Hier, elle décortiquait ses traumas (Pardonnez-moi) et son entourage professionnel (dans Le Bal des actrices), aujourd’hui elle analyse et étale sur la table les vices d’une France violente à travers la peinture du quotidien de la Brigade de Protection des Mineurs. Toujours, elle s’immisce au cœur des émotions (en se donnant ce rôle voyeur d’une photographe mandatée par le gouvernement), toujours elle bâtit une lumineuse œuvre d’art sur la sévérité du réel. Ses instantanés, d’un réalisme poignant, sont autant de claques dans la gueule, des doubles chocs : vérité sociale d’un côté, véracité cinématographique de l’autre. Sur un sujet casse-gueule où se côtoient des thématiques dont l’âpreté peut vite se muer en sordide (viols sur mineurs, pédophilie, toxicomanie, prostitution, etc.), elle édifie un chef d’œuvre, bien loin d’un pathos racoleur.
Sens du montage aiguisé, maîtrise du cadre incroyable, direction d’acteurs démentielle : chaque plan est d’une finesse folle où se déploient énergie et complicité. Polisse, bien loin de l’innocence de son générique enfantin, est d’une cruauté implacable : le film y brasse horreurs et atrocités, rendant hommage à ces lutteurs du quotidien, dénigrés au sein même de la police. Jamais écrasé par la noirceur de son sujet, il respire la vie, le combat, l’espoir. Ses bouffées d’air, il les trouve notamment chez ses acteurs : Karin Viard, Joey Starr, Nicolas Duvauchelle, Marina Foïs, Karole Rocher, Emmanuelle Bercot, Frédéric Pierrot, Naidra Ayadi, Sandrine Kimberlain, Audrey Lamy (et plein d’autres) ne jouent plus, ils sont. Habités, possédés, dévastés, ils demeurent emplis- d’un bout à l’autre des deux heures éreintantes que dure le film- d’une authenticité que Maïwenn ne cesse de cultiver et de défendre, depuis le premier jour.
[Critique] POLISSE de Maïwenn
Sortie : le 19 octobre 2011.


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