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Paso Doble n°194 : Le PS compte fleurette mouchetée (mignonne, allons voir si la rose…)

Publié le 16 septembre 2011 par Toreador

A las cinco de la manana…

Ils étaient six, condamnés à se différencier sans se marcher dessus. J'ai regardé pour vous (et aussi sur injonction de Jegoun) le débat des primaires organisé par France 2. Je ne me suis pas autant ennuyé que ce que je l'aurais pensé, même si globalement l'exercice a été lisse. On a beaucoup (trop) parlé dette et déficit, règle d'or. Je me demande si le télespectateur qui n'a jamais fait d'économie a pu tout saisir.

Comme on pouvait s'y attendre, à peu près tous les candidats ont fait des banques le bouc-émissaire bien commode des maux de la France. A croire qu'ils ont remplacé "les patrons" ou "les capitalistes" dans la vulgate de Solférino (sans néanmoins menacer le grand Satan, alias Sarkozy*). Heureusement, il y a eu les deux journalistes (relativement impertinents) et quelques blagues du candidat Hollande ou de Valls, pour déverrouiller le bidule.

A l'issue de l'exercice, voilà mon verdict – j'ai pris soin d'éteindre mon poste et de ne pas écouter (pour ne pas me laisser influencer) les analystes politiques. Voici donc les six candidats par ordre de mérite…

1. Montebourg, l'imprécateur (8/10)

Et oui ! C'est pour moi le grand gagnant de cette première émission. Il se trouve qu'il y a dix ans, j'avais ridiculisé ce monsieur en lui posant une question en public, doublé d'un jeu de mots particulièrement perfide. J'ai- autant l'avouer – une faible opinion de lui : utopiste, beaucoup trop obsédé par la question constitutionnelle, voire – d'après les rumeurs – excité. Et pourtant, c'est pour moi la vraie révélation de cette émission (voilà qui va rassurer certains). Dans le face à face avec les journalistes, il a démontré sa singularité et sa cohérence. Econome de ses mots, il a su ensuite prendre des positions claires et tranchées (sur les banques, sur le cannabis, sur Maaastricht). En conclusion, il s'est montré le plus lyrique, dévergondant un peu une émission un peu tiédasse.

Une mention spéciale lui est décernée pour sa réponse sur DSK, très maligne : il ne prendrait pas DSK dans son équipe, non pas parce que ce dernier est poursuivi pour viol, mais parce qu'il n'a pas les mêmes options économiques que l'ancien directeur du FMI. Il a ensuite conclu en proposant que DSK fasse ses excuses à la gauche… Pujadas, interloqué, lui dit que DSK l'avait fait pour le personnel du FMI parce que ce dernier "avait été naturellement très embarassé" par le scandale. La réplique de Montebourg a fait mouche – "Nous aussi, nous avons été très embarassés M. Pujadas". 

Seul problème : Montebourg est antipathique. On le sentait plein de morgue rentrée, un brin hautain et sentencieux. 

2. Aubry, mère courage ? (6,5/10)

Médaille d'argent pour Martine Aubry. A coté d'un Hollande hiératique et figé, Martine Aubry a su se montrer finalement très normale, sincère, très attachée à un discours de vérité (point qu'elle partage avec Valls) tout en rejoignant Montebourg sur l'analyse structurelle de la mondialisation. J'ai personnellement beaucoup apprécié qu'elle refuse de promettre d'atteindre un chiffre de déficit en 2017, en arguant que l'environnement économique était beaucoup trop glissant. C'est courageux et honnête. 

Alors que j'en avais une image peu glorieuse – disons carrément que je la trouve aussi sympathique qu'une porte de prison – Aubry a su briser l'armure.

Bon, on lui reprochera quand même sur le fond de ressasser des vieilles antiennes bien commodes (la taxation des super-profits pétroliers va permettre de tout financer…), mais globalement, on a eu le sentiment qu'à la différence de Hollande, elle était venue pour être elle-même. 

4. Valls le pugnace / Baylet le rondelet (ex-aequo) (5/10)

Ils forment le gros du peloton, alors qu'ils ne se ressemblent pas.

Manuel Valls a été bon à plusieurs reprises – notamment sur le cannabis (où il a parlé avec ses tripes) et sur la soutenabilité d'une politique de gauche (il fut le seul candidat à se projeter au-delà de 2012 et à considérer que la victoire ne vaudrait que si elle était suivie d'une politique crédible). Néanmoins, Valls s'est fait un peu siphonner par Montebourg, beaucoup plus singulier sur son positionnement. Alors qu'on attendait Manuel sur des thématiques lui permettant de se recentrer, il a été très souvent prompt à démontrer qu'aucun sujet ne le séparait vraiment de ses collègues. 

En face, Baylet, l'inconnu candidat des radicaux-socialistes. Lui-aussi a réalisé une bonne opération : il est apparu très sympathique (au point de bouffer Hollande sur ce capital-rondeur), finalement plus réaliste que ses collègues sur le programme (ce qui faisait du bien au débat), et son bon sens terrien aurait pu lui permettre de se distinguer, voire de se faire une place au soleil. Hélas, Baylet a parfois un peu dérapé – d'abord en invoquant brièvement le fédéralisme européen, puis surtout en défendant, seul contre tous, la libéralisation de la vente du cannabis. Il a eu cette phrase un peu incongrue : "Les français ont soif de nouvelles libertés" pour justifier la dépénalisation du cannabis. Du coup, son image de terrien-centriste s'est brouillée, en embrassant une cause plutôt baba-cool/gauche libertaire. 

5. Hollande, le petit mitron (4/10)

Les médias avaient prévenu que pour le challenger principal de Sarkozy, l'exercice était à risques. Il le fut et on a longtemps cherché François Hollande.  Singeant le monarque Mitterrand, Hollande tentait désespérément de prendre la poste sérieuse du futur mec-à-responsabilité. Problème : cela se voyait comme un nez au milieu du visage et… le costume était trop grand pour lui. Lors du face-à-face avec les journalistes, ses explications sur la grande priorité que représente la Jeunesse m'ont peu convaincu personnellement.

Heureusement, il s'est un peu réveillé pendant le débat, en imposant le thème du nucléaire (ce qui lui a permis de piéger Aubry et de la faire parler pour se justifier, ce qui l'a ensuite muselée au niveau temps de parole jusqu'à la fin de l'émission) et en navigant, tantôt avec humour, tantôt avec doigté, de manière à paraître le plus raisonnable. Reste que mis à part le fait d'avoir plus d'humour que la moyenne, Hollande est apparu comme un clône marketing de Mitterrand. 

6. Royal 2-point-zéro : madame veto avait promis (2/10)

Le meilleur pour la fin… Ségolène Royal a pour moi été la pire des six candidates. Lors du face-à-face avec les journalistes, elle a repris les mêmes propositions que ses collègues sur l'économie mais avec un flou artistique incroyable. Incapable d'être précise sur ses mesures, elle s'est contentée d'ananer des grands principes, tout en scandant "je ne permettrai pas". Elle a même osé reprendre le "J'ai beaucoup travaillé, car je m'impose à moi-même ce que je demande aux Français", qu'elle avait déjà consciencieusement utilisé sur les chaînes du réseau les mois précédents. Bouffée par Montebourg sur l'utopie, mangée par Valls sur la pugnacité, ignorée par Hollande et Aubry, Ségolène Royal a été une candidate aussi pâlote qu'ennuyeuse. On devait pas beaucoup rigoler chez Hollande-Royal le soir…

Bon, de là à aller voter,… on verra…

* Remarque qui n'a rien à voir. Vous aurez noté que Sarkozy a délibérément choisi de copier le général de Gaulle en Lybie. Bain de foule et discours se terminant par la fameuse apostrophe du général : "Vive Bengazi, vive la Lybie, vive l'amitié franco-lybienne". Cette partie du voyage était plutôt réussie. 

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