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Sarkozy reçoit encore un dictateur

Publié le 20 septembre 2011 par Juan
Sarkozy reçoit encore un dictateur L'homme photographié serrant la main de Nicolas Sarkozy ce lundi 19 septembre 2011 est un dictateur. Un président à vie dans son pays. Il y avait peu de chance que Nicolas Sarkozy s'agite pour réclamer une résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU pour intervenir au Kazakhstan.
Noursoultan Nazarbaïev est un ami.
Lundi, Nicolas Sarkozy a jugé « pitoyable » la prestation télévisée de Dominique Strauss-Kahn, dimanche soir sur TF1. Le témoignage émane d'une journaliste du Parisien, accréditée à l'Elysée. Le Monarque avait mieux à faire. Avant de partir pour l'Assemblée générale de l'ONU à New-York et un sommet pour la Libye, il a reçu un dictateur mais ami, l'autocrate du Kazakhstan, et décoré un proche et ami d'une inévitable Légion d'Honneur.
Pitoyable, dirait-on.
Libye, cache-sexe de la diplomatie française
Ce mardi, Nicolas Sarkozy est à New-York, comme quelques dizaines d'autres chefs d'Etat du monde entier. Pour le public français, l'objet du déplacement a été rebaptisé en « sommet pour la Libye ». En fait, il s'agit d'une « session spéciale sur la Libye » en marge de la 66ème Assemblée Générale des Nations Unies, qui a débuté le 13 septembre dernier. Quelque 121 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus à New York cette semaine. Le secrétaire général de l'ONU a rappelé, la semaine dernière, les principaux objectifs de cette Assemblée: la famine qui sévit dans la Corne de l'Afrique (seuls les deux tiers de l'appel de fonds humanitaire pour la Corne de l'Afrique ont été collectés), les désaccords Israël/Palestine, ou la guerre en Syrie.
« A New-York, Sarkozy veut engranger pour la présidentielle » commente un journaliste enthousiaste des Echos. Et accrochez-vous... La nouvelle est incroyable : Nicolas Sarkozy ne tiendra pas de Conseil des ministres cette semaines. Il mise sur l'international. Il sera à New-York de mardi à jeudi. « Une présidentielle, c'est d'abord une crédibilité comparée », a expliqué un proche du chef de l'Etat au journaliste transi. Son collègue du Monde, Arnaud Leparmentier nous prédit une rencontre avec Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité Palestinienne. Sarkozy veut faire oublier 3 ans d'inaction au Proche Orient. On aura même une rencontre avec Barak Obama et un discours au pied de la Statue de la Liberté... Honnêtement... quel spectacle !
En fait, Sarkozy ne parlera que quelques minutes dans l'enceinte de l'ONU. Quelques 193 chefs d'Etat sont attendus cette semaine. Chacun aura son quart d'heure. Dès mardi après-midi, Nicolas Sarkozy a quartier libre jusqu'à mercredi matin. Histoire de faire du shopping sur la Vème avenue.
Pour Nicolas Sarkozy, le vrai sujet de son voyage est sans conteste la Libye. Vendredi 16 septembre, le Conseil de sécurité a créé la « Mission d'appui des Nations Unies en Libye » (MANUL), pour notamment « épauler ce pays à rétablir l'ordre et la sécurité publics et promouvoir l'état de droit ». On connaît mal les objectifs de cette mission. L'ONU dépêchera-t-elle des forces terrestres ? En Libye, les (maigres) forces kadhafiennes ont affirmé, lundi, avoir capturé 17 « mercenaires » français et britanniques. Et le Conseil de Transition Libyen n'est pas parvenu à constituer un gouvernement.
Toujours proche des dictateurs ?
Il y a peu d'espoir que l'ONU décide de la création d'une mission d'enquête sur la Libye. Tous les Etats membres du Conseil de Sécurité, France en tête, ont fournis toutes sortes d'équipements au colonel Kadhafi depuis sa « normalisation » il y a une dizaine d'années.
Prenez Nicolas Sarkozy. Que n'a-t-il livré au colonel Kadhafi ? Mediapart poursuit son feuilleton Takieddine et accuse l'homme d'affaires d'avoir fourni à l'ancien dictateur libyen les moyens de sa fuite: « Ziad Takieddine a fourni au régime lybien, en 2008, un 4×4 furtif fabriqué par la société française Bull-Amesys (ex-i2e) afin de sécuriser les déplacements de Mouammar Kadhafi. Un véhicule qui peut être aujourd'hui extrêmement utile pour la fuite du leader déchu ».  Ziad Takieddine ne travaillait pas pour son compte seul: « L'engin a finalement été livré à partir de 2008, avec le feu vert, cette fois, de l'Elysée ». Comme Mediapart l'avait déjà révélé l'été dernier, l'intermédiaire aidait Claude Guéant et Brice Hortefeux depuis 2005 à vendre plusieurs équipements militaires ou de renseignement à l'Etat libyen, tels ces systèmes de cryptage des communication (3 millions d'euros) et de surveillance du Web (12 millions d'euros) de la même société Amésys.
Ce véhicule, d'une valeur de 4 millions d'euros, faisait partie du contrat « Homeland Security Program », « signé en 2007 pour 26,5 millions d'euros, par Philippe Vannier, l'actuel PDG de Bull ».
Philippe Vannier a été promu au grade de Chevalier de la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy le 14 juillet dernier.
Avant de s'envoler pour New-York célébrer le retour de la démocratie en Libye, Nicolas Sarkozy a reçu un dictateur, le président à vie du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev. Cet homme a muselé son opposition avec rigueur et attention. Amnesty international dénonce régulièrement les tortures en prison, les emprisonnements arbitraires, ou les centres de détention secrets. En avril dernier, En France, Nazarbaïev est un « allié stratégique ». Lundi 19 septembre, il eut les honneurs de l'Elysée. Au Kazakhstan aussi, il y a des ressources fossiles. Le 27 octobre dernier, on pouvait entendre le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant louer le formidable développement du pays, un « îlot de stabilité et de tolérance » lors de la 5ème édition des dîners de l'Atlantique, un rendez-vous  organisé par le lobbyiste Felix Marquardt.
En 2009, déjà, Sarkozy s'était rendu au Kazakhstan. Quelques juteux contrats avaient été signés. On devait vendre des hélicoptères de combat, des satellites, des « radios tactiques » à l'armée de l'autocrate. On attendra plus tard pour des révélations plus croustillantes.
Le même après-midi, Nicolas Sarkozy remettait une autre Légion d'Honneur. Il n'est décidément pas avare de Légion, notre Monarque. L'heureux décoré du jour était Raymond Soubie, son ancien conseiller social parti pantouflé au Conseil économique et social. Sarkozy l'a nommé l'an dernier.  Soubie est l'architecte de la réforme des retraites.
Un dictateur, un copain, un voyage en Airbus présidentiel.
Quelle semaine exemplaire !


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