J'ai le chic

Et pas tellement pour assortir les mocassins de feue ma mémée avec le sac bowling acquis à Naples, ville où je me rendais juste après le funeste décès, sans avoir en tête une pareille association, facilitée par le fait que les deux articles sont tous deux de couleur bordeaux et sans prévoir qu'à l'automne 2011, je m'en féliciterais.

Le chic que je possède, plus inné que celui qui consiste à porter dans une même tenue deux accessoires de même tonalité, consiste à rencontrer des adolescentes looseuses et à m'en trouver désemparée.

C'est la faute du chien, celui que j'appelle Bambi en public, celui que je veux faire promener par une personne de confiance en mon absence.

Pour dénicher cette perle rare, j'ai cherché sur Vivastreet, là il y a une première erreur, s'en remettre aux dingues d'internet. Qui est tout de même la deuxième fois que je commets cette erreur, chaque fois à cause d'un chien {voir Belle et l'africain}.

Ainsi samedi une inconnue de Vivastreet qui postulait pour ce job à haute responsabilité a sonné à la porte. Gwendoline, 17 ans, accompagnée de sa soeur Jennyfer, aussi blonde que l'autre est brune. L'une clairement moins avancée intellectuellement  que l'autre par ailleurs, comme quand Gwendoline lui dit de s'asseoir, qu'il ne se passe rien que Gwendoline remarque "C'est pas ça qui va te faire grandir" et qu'à notre grand désarroi, à Gwendoline et à moi, Jennyfer ne comprend pas.

Son regard est "bovin", mais c'est faire injure aux vaches.

Tant pis, ce n'est pas elle, Jennyfer, qui m'intéresse aujourd'hui et quand bien même, mon exemplaire de cavalier king charles est raté, on aura beau dire que la faute m'en revient, ne l'ayant pas assez "sollicité", il pourrait justement apprécier la débilité candeur de Jenny.

D'aucuns diront que le fait que la cadette soit placée, n'arrange pas ses affaires. Mais Gwendoline aussi a été en foyer et ne vit chez ses parents que depuis peu. Pourtant, CETTE PHRASE ETAIT DROLE ("C'est pas ça qui va te faire grandir"), une chouette preuve de vivacité.

Les-dits parents en plus de leurs mauvaises manières (Ils les battaient, les petites filles ? Mystère) vivent à l'hôtel, donc il difficile de dire qui des deux est la plus chanceuse.

Gwendoline m'avait l'air assez capée pour sortir un chien, d'autant que j'avais lu sur l'annonce qu'elle entreprenait des études de toiletteuse. C'était pour appâter le chaland, mais pareil je mets des jolies photos de moi sur Facebook qui ont peu à voir avec ma véritable beauté.

"L'ASE est une conne elle veut pas me les payer [les études] c'est trop cher".

L'ASE j'ai décodé très vite, Aide Sociale à l'Enfance donc Gwendoline use de la métonymie, ça doit désigner une assistante sociale plutôt gourde.

Apparemment, la justice distributive, déjà pas terrible, a ses limites. Je suis d'accord pour que mes impôts servent à payer des études de toilettage aux pauvres gosses qui aiment les animaux, ce qui semble être le cas de Gwendoline qui possède déjà une labrador bébé, un chat et un lapin.

Deux d'entre eux, soit dit en passant, ont des noms type Nesquik et Cornflake, une thématique "petit-déjeuner", c'est (trop) mignon.

J'ai demandé, sans trop m'immiscer dans son intimité, comme elle faisait pour héberger tout ce beau monde à l'hôtel ?

Elle fait pas. Ils sont chez des amis. Pas eux, les humains ne sont pas chez des amis, puisque les parents et l'aînée sont à l'hôtel et "les petites soeurs" (Jennyfer et encore une autre, ou deux ?) placées.

Du coup : puisqu'elle ne peut pas devenir toiletteuse, elle va être serveuse, mais dans quelques mois, quand elle aura atteint 18 ans (on n'est pas sérieux).

A ce moment, elle s'installera avec son copain et les trois animaux, à ce stade on ne sait pas ce qui lui fait le plus plaisir, le copain ou récupérer le chat, le chiot et le lapin.

J'ai pas posé beaucoup de questions, vous savez. C'est venu tout doucement, sa vie.

Du coup, moi : est-ce que je lui confie les clefs de mon appartement ?