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Jacques Brel - Les Vieux (1963)

Publié le 26 septembre 2011 par Toto
Jacques Brel - Les Vieux (1963)Aujourd'hui, nous sommes de passage à Bruxelles, le temps d'un week-end prolongé. Bruxelles, ville de... Jacques Brel évidemment. Celui que Scott Walker vénérait et dont il a maintes fois repris les chansons sur ses trois premiers disques solo. Celui que David Bowie, lui-même, voulait rencontrer (rencontre que Brel, selon la légende, aurait malheureusement décliné, arguant qu'il n'avait rien à dire à une "tantouze"). Parce que même si l'orchestration et surtout l'interprétation ont un peu vieilli, quelques titres comme "Les Vieux" demeurent immortels, car d'une sobriété salutaire. Brel y parlait de ses parents. Ses paroles touchent aujourd'hui comme hier, chacun pourra y reconnaître ses semblables ou soi-même (je vais peut-être arrêter le muscat le dimanche midi ;). En tout cas, avec Léo Ferré, on n'a jamais aussi bien parlé du temps qui passe dans la chanson française. Et l'accompagnement, rythmant la chanson à la manière du tic-tac de la pendule amène juste ce qu'il faut de légèreté au propos quelque peu plombant. Difficile de ne pas retenir une larme à chaque nouvelle écoute. C'est d'ailleurs la critique principale que lui font ses détracteurs, Brel nous prend en otage avec son côté tire-larmes. Mais franchement, le texte ci-dessous simplement lu peut procurer la même émotion. Les poèmes les plus beaux sont souvent les plus tristes.
Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeuxMême riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un coeur pour deuxChez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antanQue l'on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtempsEst-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hierEt d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupièresEt s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argentQui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit: je vous attends
Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermésLe petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanterLes vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petitDu lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au litEt s'ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habillés de raideC'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laideEt le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argentQui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend
Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtempsIls se tiennent la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtantEt l'autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévèreCela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enferVous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrinTraverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loinEt fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argentQui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit: je t'attendsQui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend.

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