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Max | Arrêt

Publié le 01 octobre 2011 par Aragon

200759-lubna-azabal-porte-film-epaules.jpgLubna Azabal. Formidable comédienne, inoubliables interprétations dans « Incendies » de Denis Villeneuve et dans « Occupation » de Nick Murphy. Dans ce dernier, son personnage, Alyah, est médecin dans un hôpital de Bassorah. Je déflore, désolé pour ceux qui n’ont pas vu. Je n’ai pas pu supporter à la fin du film son assassinat froid, lucide, méthodique par un milicien, elle est exécutée contre un mur d’une balle dans la tête, dans cet hôpital où elle se démène pour sauver ce qui ne peut l’être, ce qui est sacrifié à la pelle : des vies.

Guerre d’Irak. Aucun espoir. Incompréhension, impossibilité de comprendre politiques, mentalités, cultures. Imbroglio religieux. Aucune communication possible. Le monde n’est que ça : incompréhension. Impossibilité de vivre ensemble en Irak, en Afghanistan, dans les banlieues de Londres, celles de la grande couronne parisienne. Partout ailleurs dans le monde. Millions de « je » accrochés à de basses certitudes, accrochés hélas souvent également aux poignées d’un pistolet automatique, d’une kalachnikov ou à l'intérieur d'une braguette pour tellement d'hommes.

Insécurité assénée à coups de matraques sur nos tronches par les médias, perfusée à haute dose dans les veines de nos bras. Que voir ? Que faire ? Comment faire pour passer et se frayer un chemin dans une société qui nous est organisée par des fanatiques financiers, religieux, politiques, militaires ? Par des menteurs, des voleurs, des violeurs, des assassins. Quel avenir pour le môme  d’un collège ou d’un lycée ? J’écoute ce matin les infos locales. Mont-de-Marsan et son Mc Do bucolique, deux mecs y entrent hier. Ils sont cagoulés, armés, ils posent le gun sur la tempe d’une employée sous les regards médusés des consommateurs, demandent bien sûr la caisse. Un petit saut jusqu'à Lyon. Un flic maintenant, un modèle, un vrai, un indispensable. Il est en passe de tomber, serait paraît-il plus ripou qu’un ripou de chez ripou. Ça et tout le reste pour ne parler que de la France. Des marigots politiques où se vouent des haines féroces, où se lient   d’incroyables intrigues. Où chaque jour apporte aux français la connaissance de coups foireux, tordus, sordides, souvent planqués sous une si facile « raison d’Etat », balayés sous le tapis que l’on nomme souvent « Secret Défense ». Désespérant.

« Occupation » est un film. Je me berlure pas, c’est un film, oui. Mais j’ai vu cette femme empoignée dans sa salle de consultation d’un hôpital désemparé par les flots de victimes de la violence quotidienne de cet Irak bourbier, justificatif de la bonne conscience étasunienne, elle est plaquée contre un mur, assassinée d’une balle dans la tête par un jeune homme, très jeune, si jeune, qui était si sûr et si convaincu de ce qu’il faisait. « Espérer, c’est démentir l’avenir » écrivait Cioran. Personne ne peut affirmer le contraire. Pour ne pas remonter aux calendes grecques, c'était donc hier (moins de vingt ans) ou aujourd'hui, on l'a vu en Bosnie, au Rwanda, en Irak, en Afghanistan, à Mont-de-Marsan, à Lyon, tout le monde peut basculer dans l'horreur et la crapulerie, en être l'auteur ou la victime. Pourquoi ? Mais pourquoi donc ? Je ne voudrais pas haïr le monde ni les gens mais nous ne valons pas grand-chose. Aucun d’entre nous.

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photo henri bureau


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