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Biodiversité : pourquoi il faut protéger les forêts tropicales indonésiennes

Publié le 04 octobre 2011 par Bioaddict @bioaddict

Biodiversité : pourquoi il faut protéger les forêts tropicales indonésiennes  Selon le programme des Nations Unies pour l'environnement (UNEP), préserver les forêts tropicales indonésiennes pourrait générer trois fois plus de revenus que de les abattre pour planter des palmiers et produire de l'huile de palme.

Un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), commandé par la République d'Indonésie dans le cadre du Partenariat pour la survie des grands singes (GRASP), précise que la protection de ces espaces verts peut également fournir de nombreux avantages en matière de lutte contre le changement climatique : cela permettrait de sécuriser l'approvisionnement en eau du pays, d'améliorer le confort de vie de ses habitants, tout en sauvegardant l'une des toute dernière population d'orangs-outangs de la planète, réfugiée sur l'île de Sumatra. Cette espèce est en effet en danger critique d'extinction.

Sous l'égide de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, les gouvernements négocient actuellement un mécanisme visant à payer les Etats pour qu'ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre issues de la déforestation et de la dégradation des forêts. Ce mécanisme est appelé REDD+. Il a pour objectif de réduire la déforestation de moitié d'ici 2020.

Actuellement, on estime que près de 18% des gaz à effet de serre (soit l'équivalent de six gigatonnes (Gt) de C02) sont liés à la déforestation. En 2004, la déforestation a produit plus d'émissions de gaz à effet de serre que l'ensemble du secteur du transport au niveau mondial.

Dans ce nouveau rapport on découvre aussi que la plupart des zones côtières (constituées de tourbières des forêts de Sumatra), où de grandes populations d'orangs-outans survivent, valent actuellement plus de 22 000 USD/hectare au prix actuel du carbone (gamme 7,420-22,090 USD).

Par contre, une fois défriché, le même terrain utilisé pour la production d'huile de palme ne générera plus que 7400 USD par hectare.

Donner une valeur au carbone dans le but d'éviter la déforestation, même dans le cas de forêts ordinaires (valant de 3711 USD à 11 185 USD/hectare), est ainsi beaucoup plus rentable que n'importe quelle autre pratique d'aménagement du territoire (y compris l'agroforesterie, l'exploitation forestière durable, ou encore la production de café durable).

Le rapport, réalisé avec l'aide de plusieurs organismes de conservation (dont PanEco, YEL, et le Centre mondial d'agroforesterie), lance un appel pour davantage de soutien politique international pour les projets REDD + dans les zones forestières clés habitées par des populations d'orangs-outans.

Entre 2005 et 2010, l'Indonésie a connu une forte accélération du taux de déforestation national. Ce pays se situe d'ailleurs dans le top cinq des pays ayant les plus haut taux de perte de forêts primaires dans le monde.

Entre 1985 et 2007, près de la moitié de la forêt de Sumatra a disparu. Les deux provinces indonésiennes de Sumatra où les orangs-outans se reproduisent (Aceh et Sumatra Nord), ont subit une perte totale respective de couverts forestiers de plus de 22% et de plus de 43% entre 1985 et 2008.

Actuellement, le gouvernement norvégien soutient le gouvernement indonésien dans ses efforts pour réduire la déforestation et l'exploitation forestière illégale, et ce en vertu d'un accord d'1 milliard de dollars (USD). Cet accord comprend une clause qui prévoit une suspension de deux ans en ce qui concerne l'octroi de nouvelles concessions sur les tourbières ou les forêts primaires.

Pourquoi il est urgent de lutter contre la déforestation

Ces conclusions viennent à la veille de la réunion des membres de la Convention-cadre de l'ONU sur les changements climatiques qui aura lieu à Durban, en Afrique du Sud. Elles pointent de manière évidente les opportunités qu'une généralisation des stratégies REDD+ peut apporter aux bailleurs de fonds internationaux dans la région indonésienne de Sumatra, ainsi que dans d'autres pays tropicaux boisés.

Achim Steiner, Secrétaire général adjoint de l'ONU et Directeur exécutif du PNUE, a déclaré: "définir des priorités en matière d'investissements dans l'exploitation des forêts en laissant une place importante aux projets REDD + peut, comme le démontre ce rapport, fournir de multiples avantages économiques et écologiques pour le climat, la conservation des orangs-outans, l'emploi, ou encore pour une gestion durable des ressources naturelles ".

"Selon le rapport, dans la région d'Aceh (ainsi que dans le nord de l'île de Sumatra) on a constaté que le débit des rivières avait diminué de 50% dans près de 80% d'entre-elles, principalement en raison de la déforestation qui a de graves conséquences sur l'agriculture et la sécurité alimentaire ", a-t-il ajouté.

La déforestation est également désignée comme une des principales causes de l'augmentation des inondations qui ont touché plus de 500.000 personnes dans la région au cours de la dernière décennie.

L'exploitation forestière agressive serait également liée aux 500 incendies qui ont touché les forêts marécageuses de Tripa, dans la province d'Aceh, au cours des dix dernières années, entraînant des pertes économiques estimées à 10 milliards de dollars entre 2000 et 2010.

"A Durban, il faudra trouver des solutions à plusieurs problèmes, surtout en ce qui concerne REDD + vu qu'il s'agit d'un moyen privilégié de garder l'augmentation des températures mondiales en dessous de 2 degrés Celsius. Cela permettrait d'envoyer un signal fort et positif au monde entier en vue du Sommet de Rio+20, en juin 2012, dont le but est d'accélérer et d'intensifier la éventail de mesures à mettre en place pour un 21e siècle durable ", a ajouté Mr. Steiner.

Erik Solheim, le ministre norvégien de l'Environnement et du Développement International, a déclaré que son gouvernement était maintenant prêt à fournir un soutien supplémentaire à INTERPOL en vue d'une collaboration renforcée entre l'ONU et d'autres organismes, dans la lutte contre l'abattage illégal des forêts.

"Nous reconnaissons que le succès des stratégies REDD + dépend de la lutte contre l'exploitation forestière illégale. Il faut donc absolument aider les pays comme l'Indonésie à lutter contre cette criminalité ", a-t-il dit.

"Ce rapport souligne que l'investissement dans les forêts (et les bénéfices naturels qu'elles fournissent) peut être beaucoup plus rentable, au niveau social et environnemental, que de brader notre avenir commun en échange de gains économiques à court terme", a conclu Mr. Solheim.


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