Magazine Culture

Battlestar Galactica - 3.06 - Torn

Publié le 10 novembre 2006 par Heather

medium_bss1e60006.jpgSi l'épisode précédent faisait office de conclusion, soldant d'une certaine manière les comptes avec l'occupation, cette première partie de 'Torn' apparaît véritablement comme un épisode de transition, avec peut-être le déséquilibre qui caractérisait déjà la première partie d'Exodus (Episode 3, Saison 3). La première monture de l'épisode était considérée comme ratée et c'est ainsi que Ron Moore dans son podcast nous raconte ses bricolages et autres remontages des scènes qui confirment qu'on peut tout boulverser en post-production. On y apprend notamment que le doublage existe même en VO, puisque James Callis et Tricia Helfer ont doublé la scène d'ouverture, avec des dialogues très différents de ceux initialement tenus, la scène étant sensée refléter initialement toute autre chose, à un autre moment.
Dans l'ensemble, l'épisode fonctionne, parfois peut-être un peu 'brouillon' sur les bords (c'est toujours Ron Moore qui le dit), mais une partie de la série a toujours fonctionné sur la suggestion, donc ça ne gêne pas outre mesure le téléspectateur. Il faudrait songer en fin de comptes à allonger la durée des épisodes en fait, comme Ron Moore se plaint toujours de quelques scènes manquantes ou de ne pas avoir pu approfondir tel ou tel aspect de l'épisode.

medium_bss1e60008.jpg
La curiosité du téléspectateur se trouve enfin satisfaite comme nous découvrons à travers les yeux de Gaïus, l'intérieur du baseship cylon. La salle de commande, les couloirs interminables tous semblables (du moins à l'oeil humain), tout y parait étranger, véritablement "alien" -très axé science-fiction. Le téléspectateur avait bien sûr imaginé un décor, mais je ne suis pas déçue du résultat qui parvient à ouvrir véritablement sur un autre monde, une autre conception de la réalité matérielle des choses qui nous entourent. J'ai ouvert des yeux pleins de curiosité devant la salle des commandes, avec tous ces clignotants et lumières, dans une attitude similaire à Gaïus, je l'avoue. Le mystère de l'hybride qui contrôle chaque vaisseau soulève une storyline pleine de promesses, très intrigante, renouant aussi avec le mysticisme ambiant de la série. Six-Caprica en profite pour présenter à Gaïus une des facultés particulières des cylons : la projection, c'est-à-dire la capacité de s'imaginer dans n'importe quel décor qui lui plaît, sans tous ces murs gris omni-présents. Cela permet par conséquent d'expliquer l'absence de toute décoration, la neutralité intérieure du vaisseau. Le
medium_bss1e60009.jpg
concept de projection cependant rappelle fortement à Gaïus ses propres dérives mentales et ses flashbacks avec sa Six 'projetée'. Déjà très secoué, il n'en faut pas plus à ce dernier pour se mettre à douter de son humanité. Ce qui l'amène à poser une question qui brûlait les lèvres de tous les téléspectateurs depuis le début de la saison. Durant l'occupation de New Caprica, comme durant le vote sur le sort de Gaïus, seuls les sept cylons que nous connaissons y ont pris part. Sachant qu'il y a douze modèles, où sont donc les cinq autres ? Une facilité scénaristique pour entretenir le mystère autour de ces cinq dernières copies et/ou se cache derrière cela une véritable mystère, qui pèsera dans le futur ? J'ai cependant apprécié que la question soit enfin évoquée, car on aurait pu finir par croire que ce détail des douze copies avait été oublié.

medium_bss1e60010.jpg
L'épisode marque un retour intéressant au fil mythologique de base de la série : la quête de la Terre. Seulement nous découvrons que les humains ne sont plus les seuls à la rechercher. Les cylons, enchaînant essais de civilisation sur essais (l'anéantissement des planètes des douze colonies, la cohabitation avec l'occupation), se sont soudain trouvés un nouveau but. Comme pour mieux souligner que humains et cylons sont liés jusqu'à l'entière destruction des uns ou des autres, en concurrence constante, leurs destinées dépendantes. Lorsque D'Anna annonce ce projet à Gaïus, on sent ses conflits internes qui repartent de plus belle. Il ne s'agit pas seulement d'aider les cylons dans une quête qui les conduit à une inévitable nouvelle confrontation avec les humains. S'il est établi depuis longtemps que la fidélité de Gaïus Baltar ne va qu'à Gaïus Baltar, cela ne signifie pas pour autant que Gaïus est insensible à ce rêve de refuge, de nouveau chez soi, que constituait la Terre. Gaeta trouve la phrase parfaite pour résumer le personnage : "If I have learnt something about Gaïus Baltar, it's his extraordinary capacity for self preservation". Gaïus donne aux cylons les informations qu'il a pour commencer la piste vers la Terre. Mais à bord du Galactica, la flotte s'apprête à suivre la même piste à partir des notes qu'il a laissé. "Deux clignotants rouge et bleu et une tête de Lion"

medium_bss1e60016.jpg
Pour une fois, Gaïus collabore de bonne foi avec les cylons en leur donnant des informations véridiques. Mais le vaisseau cylon envoyé aux coordonnées indiquées est frappé par une sorte de virus qui tue tout ce qui est cylon à bord. Poussé par sa Six (dans sa tête), Gaïus dans un élan d'altruisme propose de se rendre sur place pour examiner la situation et ramener des informations. Une Six-cheveux foncés mourrante (le problème récurrent de BSG : comment désigner 15 déclinaisons différentes du même modèle ?) soulève alors un problème que Gaïus n'avait pas encore envisagé : il est celui qui les a envoyés là. Ne l'aurait-il pas fait en connaissance de cause ? Pauvre Gaïus, pour une fois que sa collaboration ne cachait pas de plan maquillé, le voilà à nouveau dans une situation qu'il connaît bien : la défiance vis-à-vis de ceux qui l'entourent. Son fameux instinct de survie reprend le dessus sur tout le reste et il décide de cacher l'objet de construction humaine que le vaisseau a récupéré juste avant d'être décimé. Malheureusement, il avait pris une photo de cette pièce où l'objet se trouvait. Pris en flagrant délit de mensonge par omission, son séjour avec les cylons s'avère compromis. Comment va-t-il se sortir de là ? Et surtout, où peut-il avoir un avenir étant donné qu'il est considéré comme un traître des deux côtés ?

Des éclaireurs coloniaux arrivent devant le vaisseau cylon à la dérive aux coordonnées indiquées par les notes de Baltar, à la fin de l'épisode. Une nouvelle intéraction avec les cylons se prépare. Le satellite qui a causé la perte du vaisseau va-t-il être la première piste pour vaincre les cylons ?

medium_bss1e60014.jpg
En parallèle, la série exploite à nouveau la symbolique de la coupe de cheveux. Après le sacrifice de la moustache d'Adama, c'est Kara qui coupe ses longs cheveux à la fin de l'épisode, pour rejeter dans le passé ce qu'il s'est passé durant ces quatre mois d'occupation avec Leoben et regarder à nouveau vers l'avenir. Une page se tourne pour Kara, qui à la différence de Tigh, fait le choix du Galactica. Tout au long de l'épisode, les deux personnages, si souvent opposants au cours des saisons passées, étrennent leur humeur similaire et leur frustration dans la salle de repos du Galactica, n'ayant rien d'autre à faire qu'à blesser et diviser l'équipage au sujet des horreurs qui se sont produites sur New Caprica. Ceux qui sont restés sur le Galactica sont regardés avec défiance, comme si soudain, un fossé incommensurable s'était creusé. Adama décide finalement de prendre les choses en main, avec l'aplomb qui est le sien. La scène de confrontation est une des plus attendues et intéressantes de l'épisode. Face à Kara (qu'il projète par terre avec sa chaise dans une scène mémorable qui fait un bien fou au téléspectateur ^_^), Adama hausse le ton, la renie
medium_bss1e60015.jpg
pour causer un électrochoc. Face à Tigh, c'est une tentative d'attitude plus paternaliste. Si cela fonctionne avec Kara, la rupture avec Tigh semble désormais consommée. Tigh l'affirme lui-même : L'ancien XO du BSG que Bill a connu n'est plus. Un fossé infranchissable s'est creusé. Pour le moment, les deux hommes ne sont plus du tout sur la même longueur d'ondes. Cela augure de nouvelles dissensions au sein de la flotte, avec une position très stricte de Tigh dont il refuse de se départir.

Dans les détails, une scène suffit pour nous confirmer que, ouf, la corde à sauter est d'une efficacité redoutable. Le public féminin en deuil depuis le début de la saison va pouvoir de nouveau se pâmer devant Apollo. Pour la petite histoire, la storyline de Fat-Apollo s'est avérée ne mener nulle part, donc Ron Moore a préféré y mettre fin rapidement.
Sharon fait un pas de plus dans son intégration au sein de la flotte en obtenant un surnom : Athena. Façon également de marquer une différencea avec l'autre Sharon, Boomer...

Bilan : L'épisode pose surtout les bases des storylines à venir en se recentrant de façon fort appréciable sur la mythologie de la série à travers la quête de la Terre (depuis Kobol, on n'en avait plus trop entendu parlé, bousculé entre Cain et New Caprica). Avec l'introduction de ce virus qui décime les cylons, la position fort inconfortable de Gaïus, la seconde partie est très attendue.
Un épisode donc moins intense que les précédents (une petite pause de temps en temps ne fait pas de mal aux nerfs du téléspectateur), mais de très bonne qualité, nécessaire pour insérer de nouveaux faits et introduire des storylines pour le futur de la série, très axé science-fiction dans son ouverture au monde des cylons.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Heather 19 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte