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Des primaires très primates...

Publié le 15 octobre 2011 par Muzard

Dans ce contexte de crise et d'inquiétudes collectives, il peut apparaître surprenant que les commentaires des candidats aux primaires socialistes, des journalistes ou de l'opinion  portent plus sur le comportement que sur les idées des "impétrants" comme dirait Arnaud  Montebourg.

Quand l'un reproche à l'autre d'être  "ventre mou", l'autre lui rétorque "qu'elle au moins, a du caractère", un autre encore souligne qu 'il ne craint pas de prendre des risques pour sortir le parti socialisme du formol"...

A travers ces réflexions, c'est notre nature primate qui se rappelle à nous.

Il est difficile de s'affranchir des règles du jeu du pouvoir primate. Dans notre imaginaire collectif, le chef primate doit disposer d'un certain nombre de qualités sans elles point d'espoir pour le candidat au titre suprème.

Ainsi le candidat au pouvoir a intérêt à présenter les traits physiques du primate alpha :

-   le chef singe  a le dos argenté parce qu'il fait partie des anciens de la troupe, un jeune singe a moins de chance de décrocher la couronne. Même si certains chimpanzés y parviennent quant ils sont soutenus, dans l'ombre par un ancien chef... Chez les hommes et femmes politiques, il vaut mieux être un ancien et afficher des tempes grisonnantes que...3 poils au menton. Ce n'est pas un hasard si les deux candidats sortant au premier tour des primaires  ont plutôt 60 ans que 40 ! Les quadra ou quinqua (Valls et Montebourg) ont plus de mal à s'imposer surtout qu'ils ne sont pas soutenus par un ancien chef, influent...

-   le chef primate est en général plus grand et plus fort, d’ailleurs chez les singes quand un chef accède au pouvoir, il forcit (la carrure de l'Orang Outan double quasiment)  voire grandit chez les macaques. Chez les chimpanzés, un petit chef peut accéder au pouvoir, mais il doit redoubler d’efforts pour se rendre plus visible et se faire remarquer. Il peut se frapper la poitrine plus fort, taper sur des bidons d’essence pour faire plus de bruit…comme Nicolas Sakozy prend rarement la parole sans une estrade ou ses talons réhaussés pour se grandir.  Ce n’est pas un hasard non plus, si notre président  a toujours été plus grande gueule et plus remuant que ses prédécesseurs dont la carrure était plus impressionnante ! Il sait qu'un bon chef primate doit compenser son handicap de taille en se faisant davantage remarquer. 

-   le chef primate est en bonne santé, un candidat à la santé fragile n'a aucune chance d'accéder au pouvoir chez les singes. Et un chef singe malade est vite détrôné. C’est peut être ce qui explique que nos présidents ont tendance à dissimuler leurs maladies. C’est aussi pour cela qu’un candidat se doit aujourd’hui d’être mince, car on associe chez les humains,  depuis quelles années, la minceur à la bonne santé. François Hollande aurait-il pu être le favori de la gauche avec ses kilos en trop, c'est pas certain !!

Au delà des traits physiques, un candidat à la présidence doit avoir les qualités d’un grand chef primate :

-   il doit avoir le goût du pouvoir, condition sine qua non, chez le chimpanzé. Cette attirance pour le pouvoir s’exprime très tôt. Le futur chef, est celui qui veut toujours avoir le dessus dans les batailles d’enfants. Les hésitations de Martine Aubry pour se déclarer candidate lui ont couté cher, elles ont montré qu’elle n’avait pas assez le gout du pouvoir, péché mortel pour un primate. A l’inverse,  Nicolas Sarkozy a bien fait aux élections de 2007 de reconnaître qu’il pensait aux élections en se rasant chaque matin ! Le timing pour se déclarer candidat est donc très important. Il n'est  pas étonnant que François Hollande ait pris une avance certaine, étant donné qu' il a affiché ses intentions plus tôt que les autres.

-   il doit être  courageux, se comporter en héros,  prendre des risques : ce n’est pas un hasard si Martine  Aubry attaque François Hollande sur son côté "ventre mou" qui représente l'un des péchés capitaux du chef primate. Un bon dominant ne doit pas avoir peur de déplaire, c’est peut être cette prise de risque qui a séduit les électeurs de Arnaud Montebourg  qui dit lui même « qu’il a sorti le PS du Formol ».

-   il doit être autoritaire, forcer le respect, capable d’une certaine violence : Martine Aubry l’a bien compris, elle qui répète à tout bout de champ qu’elle a du caractère voire un mauvais caractère… A l’inverse un candidat qui se montre faible, se positionne en victime a peu de chances d’être élu. En témoigne, Ségolène Royal qui a beaucoup joué sur le registre de la victime depuis sa première élection ratée et qui continue aujourd’hui quand elle se laisse filmer au bord des larmes après son échec au primaire….elle était plus crédible quand elle jouait sur le registre de la séduction et de la détermination….

-   c’est un hyperactif : le chef singe se lève tôt et se couche après tout le monde… on voit bien pourquoi Jean Louis Borloo a baissé les bras, avec son comportement hypercool, son côté " mal rasé", la mèche rebelle, son image de dilettante, levant le coude volontiers, il ne donnait pas l’image d’un homme hyperactif, bosseur. A l’inverse, l'hyperactivité de  Nicolas Sarkozy a surement contribué à sa popularité pendant la campagne  de 2007. Mais le fait, depuis quelques mois, d'avoir trahi cette image d'un président hyperactif, a accéléré la chute de sa popularité.

-   l’art du grooming : un bon chef primate prend le temps de caresser ses proches, entre deux coups de bâton, il sait se réconcilier avec ses ennemis, en cas de nécessité. Chez nous, ce grooming est ritualisé, un Chirac, savait faire cela très bien : renforcer les liens autour d’une bière…serrer les mains dans les marchés. Il n'est pas certain que Martine Aubry soit aussi à l'aise pour groomer ses troupes et les Français...François Hollande est plus entraîné à caresser ses pairs dans le sens du poil et à décrocher la petite phrase qui fait sourire mais il a encore une marge de progression dans le domaine du grooming, peut mieux faire.

-   savoir séduire : chez les chimpanzés, seuls les candidats les plus populaires notamment chez les femelles ont des chances d'accéder au pouvoir suprême. Sans l'appui des femelles point de salut.. DSK aura du mal à rebondir lui qui s'est aliéné le soutien des femmes. Sachant qu'en plus les femelles primates ont la rancune tenace quand elles s'estiment humiliées  (alors que les mâles passent pus vite l'éponge), l'ex président du FMI aura du mal à se remettre dans la course.

- le chef primate bénéficie de privilèges dans notre imaginaire collectif : il est en général entouré des plus belles femelles, il a un accès prioritaire aux ressources de la troupe même si ces privilèges sont moins marqués dans les sociétés de singes les plus évoluées. Si le  coté bling bling de Nicolas Sarkozy a été mal perçu, c’est que nous sommes plus proches des chimpanzés que des macaques. Pour autant,dans notre inconscient collectif, le chef primate doit se différencier du simple commun des mortels en affichant un minimum de signes du pouvoir. Quand François Hollande se balade  à Paris, en scooter, il se comporte en"subordonné inférieur primate", il n'est pas sûr, que cela colle avec l’image d’un grand chef.

Un dernier mot sur les chefs femelles primates. Nombre de sociétés de singes sont gouvernées par les femmes mais les méthodes utilisées pour  la conquête comme dans l'exercice du pouvoir ne sont pas les mêmes que celles des mâles. La femelle singe alpha laisse les parades d'intimidation aux mâles, elle est rarement agressive et préfère jouer la carte de l'influence, des réseaux voire celle de la séduction. Ségolène Royale l'avait bien compris en 2007 mais son échec l'a conduit à changer de comportement radicalement, ce qui lui a été fatal. Quant à Martine Aubry sa tendance à montrer ses crocs plutôt qu'à sourire à ses adversaires ne lui facilite pas la tâche.

Espérons néanmoins que ces élections verront triompher les idées par rapport aux questions de comportement, si bassement primates, compte tenu des enjeux auxquels le futur président devra faire face, il vaudrait mieux que cela ne se joue pas seulement sur une histoire de "crocs, de poignées de main, de colères ou de phrases assassines". On peut rêver !


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