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Samuel Eto’o Fils : « La reconstruction n’aurait pas été possible sans Clemente »

Publié le 21 octobre 2011 par Africahit
Samuel Eto’o Fils : « La reconstruction n’aurait pas été possible sans Clemente »

Dans l’après-midi de mercredi dernier sur les ondes d’une radio émettant dans la capitale, en l’occurrence Magic FM et dans l’émission ‘’format foot‘’, le capitaine des Lions indomptables en direct de Moscou est revenu sur le bilan des éliminatoires Can Gabon-Guinée Equatoriale 2012. Le joueur de l’Anzhi Makhatchkala a donné son avis sur le changement d’entraineur qui est en ce moment d’actualité au Cameroun. Camfoot.com a transcrit pour vous, dans son intégralité, les propos de Samuel Eto’o Fils.

Question : Bonjour Samuel ?

Samuel Eto’o : Bonjour Issa, comment tu vas ?

Ça va bien Samuel. Le public camerounais vous a quitté la dernière fois sur une blessure face à la RDC et l’on s’est quelque peu inquiété. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Samuel Eto’o : Ça va beaucoup mieux. Là, je sors du centre d’entrainement où j’ai pris quelques soins. Ça va, j’ai pu jouer ce week-end quand même, c’est dire que ça va.

Le match face à la RDC comptait pour les éliminatoires de la Can 2012 pour laquelle les Lions sont éliminés. Comment vivez-vous cette élimination ?

Samuel Eto’o :Vous savez, nous sommes dans un processus de reconstruction de cette équipe nationale. Aujourd’hui, nous commençons un peu à récolter les fruits. C’est vrai que ça nous a couté une Can, mais les Camerounais vont me permettre de dire certaines choses. Vous savez, on a connu pas mal de problèmes dans cette équipe. Dieu merci ces problèmes ont été résolus et dans la tanière l’on ne parle plus que football. Mes coéquipiers sont heureux de revenir à l’équipe nationale et vous avez pu le constater avec ces résultats positifs qui ne font que suivre et surtout l’ambiance qui règne dans cette équipe nationale. Ça nous a couté une Can, mais je dis cette équipe va gagner pendant 10 ans et plus parce que se sont de jeunes joueurs. Il fallait juste régler quelques problèmes qu’il y avait pour pouvoir avancer.

Cette élimination reflète-t-elle le niveau réel du groupe dont vous êtes aujourd’hui le capitaine ?

Samuel Eto’o :Pas forcément ! Vous savez, on avait vraiment beaucoup de problèmes dans le groupe. Ce qui est dommage c’est que ces problèmes étaient indépendants de la volonté des joueurs. On a pu comprendre au fil du temps que certaines personnes qui étaient autour de nous avaient d’autres intérêts qui n’étaient pas forcément les résultats de cette équipe nationale. Je remercie le bon Dieu pour cela. Cette équipe nationale appartient à tous les camerounais et il faut que les gens le sachent. Il faut aussi qu’on nous laisse jouer au football car c’est ce que nous savons faire le mieux. Certains parmi nous ont eu la chance d’avoir de belles carrières et de pouvoir être à la tête de certains projets, mais qu’on nous laisse le soin de donner aux Camerounais ce qu’ils attendent, à savoir le résultat. Depuis quelques années, il y avait ce manque de vérité vis-à-vis de certaines personnes et de nous les joueurs et c’est ce qui a crée pas mal de divisions dans cette équipe. Je suis heureux parce que mes frères et moi on ne pense plus à tout ça. On ne pense plus qu’à jouer au football et nous essayons de donner le meilleur de nous même pour que cette équipe donne le sourire aux Camerounais ou que les Camerounais soient fiers de leur équipe. C’est vrai que ça nous a couté une coupe d’Afrique, mais il était important qu’on puisse s’asseoir, discuter, comprendre qu’entre nous il n’y avait vraiment pas de problème. Le meilleur est devant nous.

Quel bilan dressez-vous de cette campagne éliminatoire pour la Can 2012. Est-ce que tout a été mauvais ou y a-t-il quand même des choses positives à retenir ?

Samuel Eto’o :On n’est pas qualifié pour la Can mais je suis content parce que j’ai retrouvé l’équipe qui m’a toujours fait rêver. J’ai retrouvé cette ambiance que quand je suis convoqué à l’équipe nationale j’ai toujours rêvé avoir. C’est ça l’équipe nationale du Cameroun, 23 ou 25 jeunes bonhommes qui ont le privilège d’être appelé pour défendre les plus belles couleurs du monde. On se retrouve, on passe de bons moments ensemble jusqu’à ce qu’il y a eu ce ‘’Satan’’ qui s’est mis entre nous et qui a essayé de nous diviser. Mais je vous le dis encore, l’Eternel est très grand et le bilan n’est pas mal. C’est vrai qu’on n’est pas qualifié et que les gens dirons que cette équipe devait se qualifier, mais je pose la question à tous les Camerounais, est-ce qu’il fallait qu’on se qualifie et qu’on cache les problèmes pour aller faire piètre figure en coupe d’Afrique ? Tout humblement je dis au peuple camerounais, il faut voir la réalité en face. Il fallait qu’on affronte les problèmes, qu’on reconstruise cette équipe et qu’on reparte sur de bonnes bases.

Et j’en profite pour dire que je suis assez fier de tout le travail qui a été fait, surtout le travail des encadreurs que sont M. Javier Clemente, François Omam Biyik, Jacques Songo’o. Je suis également fier de tous les joueurs qui ont contribué à ce que tout cela puisse se faire. Ça a été souvent pendant les matches, mais aussi en dehors des matches, parce qu’il y a cet esprit « Lions indomptables » que nos grands frères nous ont légué. Il était inconcevable qu’on puisse passer au travers de cet héritage de par ce qu’ils ont fait et de par tout ce qu’ils ont pu apporter à notre pays. Je peux vous garantir, en tant qu’aîné de cette génération, que maintenant nous ne parlerons que football à l’équipe nationale et nous espérons continuer à vous donner des résultats comme ceux que vous avez pu voir ces derniers mois.

Depuis quelques temps, l’on a comme l’impression que la bonne ambiance est revenue dans la tanière. Vous qui en êtes un élément essentiel, ressentez-vous la même chose ?

Samuel Eto’o :Non seulement je ressens la même chose que vous, mais je suis fier de le dire. Après tout ce que ça nous a couté, il était temps que cette bonne ambiance, cette joie de vivre ensemble, que j’ai toujours souhaitées, que j’ai toujours voulues pour notre pays, que tout cela revienne dans cette équipe. Il est impensable qu’avec cette belle génération de joueurs qui excellent dans leurs clubs, qu’on ne puisse pas se mettre ensemble, jouer pour apporter ce sourire à nos compatriotes. C’était vraiment difficile à accepter, et c’était déplorable. Aujourd’hui, on a compris que nous sommes 22 ou parfois un peu plus et avec nos encadreurs, nous n’avons pas besoin des autres pour faire notre boulot. On attend de nous que nous jouons au football et surtout ne pas laisser que d’autres personnes se mettent entre nous. C’est à partir de là qu’il y a des malentendus qui poussent certains à prendre des positions alors qu’entre nous, il n’y a jamais eu de problème.

Sur le plan qualitatif, comment trouvez-vous les joueurs qui composent le groupe Lions indomptables aujourd’hui ?

Samuel Eto’o :Ce que je vais vous promettre, c’est qu’à chaque descente de l’équipe nationale, vous serez fiers d’elle. Je suis convaincu que comme nous avons commencé à le faire depuis quelques mois, tant que nous irons dans ce sens, il n’y aura pas de soucis pour que le Cameroun ait les résultats qu’on attend.

Pensez-vous que le groupe actuel soit assez armé pour se qualifier pour la Can 2013 et la coupe du monde 2014 si seulement on lui accorde un peu de temps et de confiance ?

Samuel Eto’o :Vous savez, j’aimerai vous donner une réponse sur tout çà, mais je vais me limiter à mon rôle de joueur et de capitaine de l’équipe nationale. Je vais plus répondre au nom de mes coéquipiers et en mon nom propre. Je pense que les dirigeants doivent faire leur travail. Ce que l’on attend d’eux, c’est juste qu’ils nous donnent la possibilité de ne penser qu’au football. Après, ils vont organiser le football comme ils pensent et je pense de la meilleure manière pour que les Camerounais soient fiers des joueurs locaux qui pourrons nous aider, et même aider le football camerounais en général, parce qu’il est difficile d’aller au Cameroun et aller au stade regarder un match de première division. Nous avons envie de revivre les grands moments d’antan.

Depuis la fin de la coupe du monde 2010, l’on a beaucoup parlé de reconstruction du football camerounais en général, et des Lions indomptables en particulier. Quelle est votre compréhension personnelle de cette reconstruction dont la Fécafoot et le Minsep ont beaucoup parlé ces derniers mois ?

Samuel Eto’o :Si vous me posez cette question c’est dire qu’on veut changer l’encadrement technique des Lions indomptables ?

C’est la nouvelle qui circule ici au pays, il est question de changer tout le staff ?

Samuel Eto’o :Si on n’avait pas eu la chance d’avoir un entraineur d’expérience comme Javier Clemente, si on n’avait pas eu des grands frères comme Jacques Songo’o ou encore François Omam Biyik, il aurait était difficile de résoudre certains problèmes qu’il y a avait dans le groupe et que tout le monde connait. On a eu la chance aujourd’hui de bénéficier du savoir faire de tout ces gens, qui ont réussi à redonner envie à tous ces jeunes de se mettre ensemble et surtout de faire comprendre à ces jeunes qu’il n’y avait pas de réels problème entre nous. Les gens avaient d’autres intérêts. Je dis grand merci. C’est vrai qu’on va commencer avec les éliminatoires de la coupe du monde et j’en profite pour dire merci à tous les encadreurs et à ceux qui nous ont accompagnés. Je leur dis grand merci parce qu’ils ont joué un rôle important. Il n’y avait aucun réel problème entre nous et c’est la triste réalité. Grâce au savoir faire de tout ces gens, on a retrouvé une équipe capable de faire des merveilles. L’autre jour au Congo, je jouais et j’avais cette impression que même si on a été mené au score deux fois, je prenais du plaisir à jouer. Je sentais qu’à n’importe quel moment, on était capable d’égaliser et marquer un but. Et cette sensation là, on ne l’avait pas depuis un bon moment. Quand vous voyez comment on élaborait le jeu, quand vous voyez comment on s’entraine, comment on chante dans le bus, des choses qui étaient naturelles en nous il y a quelques temps, vous vous dites que le bonheur est de retour dans la tanière. Pendant un moment, tout ça s’est brisé par X ou Y raison, on a eu la chance d’avoir cet encadrement technique qui nous a ramené à de meilleurs sentiments et je ne peux que leur dire merci. J’espère qu’on continuera à travailler dans ce calme là avec ce groupe là et avec ce staff pour qu’on puisse avoir cette tranquillité pour mieux préparer nos matches et ne pas rentrer dans un cycle renouveau eternel.

Parlons un tout petit peu de votre vie en dehors des Lions indomptables si vous voulez bien. Certaines sources ont fait état des conditions de vie et de sécurité assez compliquées à Makachkala et l’on s’est même retrouvé entrain de craindre pour votre vie. Que pouvez-vous dire pour rassurer vos fans qui sont très nombreux de par le monde, mais principalement ceux du Cameroun ?

Samuel Eto’o :Vous leur direz merci parce qu’ils se soucient de ma sécurité et de ma vie, mais je vais bien. Je me sens bien et tout se passe bien. J’espère que vous aurez l’occasion de venir découvrir cette partie du monde, et vous allez comprendre que les gens sont heureux et mènent une vie comme les camerounais qui vivent à Bafoussam, à Dschang où ailleurs. Maintenant il y a des soucis politiques que nous connaissons tous. Ça ne veut pas dire que les gens ne sont pas heureux de vivre dans leur ville. Ils ont la chance d’avoir quelqu’un qui a un projet et qui veut que ce projet grandisse. Nous espérons que nous allons l’aider pour que cette équipe devienne une équipe de référence dans le monde.

Sur le plan purement sportif, êtes-vous satisfait des résultats du club depuis votre arrivée ?

Samuel Eto’o :Même si ces trois dernières semaines on a eu des résultats négatifs, le plus important c’était déjà d’essayer de construire une équipe et c’est ce que nous sommes en train de faire petit à petit et çà prend beaucoup de temps. Quand vous voyez Anzhi aujourd’hui, vous voyez que le niveau de jeu est très élevé maintenant. Le propriétaire du club est vraiment satisfait. On se donne maintenant plus de possibilités pour gagner les matches. Ce dimanche on a un grand match face au CSKA Moscou et j’espère qu’on va renouer avec la victoire. J’espère aussi que je vais marquer à nouveau avec mon équipe, parce que ça fait trois semaines que je n’ai pas marqué, et ça commence à faire beaucoup.

Qu’est ce que la nomination de Roberto Carlos comme entraîneur a apporté à l’Anzhi et pensez-vous que l’objectif de Ligue des Champions affiché à votre arrivée est-il toujours d’actualité au vu des résultats de ces dernières semaines ?

Samuel Eto’o :Je commencerai par la deuxième question. Vous savez, ce qui est bien en Russie c’est que quand vous êtes parmi les huit premières équipes au classement final de la saison régulière, vous jouez les play-offs et vous avez la possibilité de devenir champion de Russie. Le fait de terminer entre 6eme, 7eme ou 8eme ne veut pas dire que vous n’avez plus de chance de devenir champion de Russie. Après les play-offs, le champion est qualifié pour la champions league et le second jouera le tour préliminaire de la champions league. Nous gardons donc encore toutes nos chances. Pour ce qui est de Roberto Carlos, c’est un grand joueur qui a beaucoup d’expérience. J’ai eu la chance de travailler avec lui au Real de Madrid lorsque j’étais plus jeune. On a pensé à lui pour son expérience. Il a eu la chance de côtoyer pas mal de grands entraineurs et je pense humblement qu’il va beaucoup apporter à ce club comme entraineur et joueur.

Alors que le championnat russe va bientôt s’achever, l’on vous annonce de retour à l’Inter cet hiver sous forme de prêt. D’autres sources parlent également d’un prêt, mais du côté de Chelsea. Qu’en est-il exactement ?

Samuel Eto’o :Vous savez, je ne peux parler que d’Anzhi. Je ne peux me prononcer sur des suppositions. J’appartiens à Anzhi. J’ai toujours dit que je jouerai là où le football m’amène. Pour le moment je suis là même si je ne sais pas ce qui se passera dans un mois. J’appartiens à Anzhi. Ce qu’on peut dire sur l’Inter, sur Chelsea et je ne sais pas quoi ne me regarde pas. Je suis juste concentré pour continuer avec ce projet et surtout le faire grandir.

Comment vit-on dans la peau du footballeur le mieux payé de la planète ?

Samuel Eto’o :(Grands rires) Je m’attendais à toutes les questions mais pas à celle là. Je suis resté le même, je n’ai pas changé. Souvent les gens ont l’impression que parce que je ne parle pas ou parce que je ne me prononce pas, que peut être j’ai changé. J’ai eu la chance de voir pas mal de choses, j’ai eu beaucoup de déceptions et je préfère avoir beaucoup plus de réserve pour ne pas avoir tout le temps à donner mon opinion. Je suis le même garçon que vous avez connu il y a quelques temps, ami de ses amis, et très amoureux de son pays. Je dis toujours que j’ai un seul amour et c’est le Cameroun. J’aime le Cameroun par dessus tout. Malgré mes déceptions, je suis toujours ce même garçon. Je n’ai pas changé, mais sachez le, même quand j’étais à l’Inter, je n’étais pas à la rue au niveau du salaire.

Qu’est ce que vous pensez de Denis Lavagne, Ndtoungou Mpilé Martin, Pierre Mbarga, c’est des noms qu’on avance pour remplacer Javier Clemente et ses adjoints même si rien n’est pour le moment officiel ?

Samuel Eto’o :Je ne vais pas me prononcer sur des suppositions. Si les dirigeants pensent que c’est ce qui est bien pour l’équipe nationale parce qu’ils voient d’une certaine façon, je vais me prononcer le moment venu pour dire ce que j’en pense. Mais pour le moment, je ne peux que parler de l’encadrement technique qui est encore en poste et je vous ai dit ce que je pense de cet encadrement. On peut tout dire, que le Cameroun ne s’est pas qualifié, mais au vu de tous les problèmes qu’on a eus, il faut être fier du travail qui a été fait. Après, les dirigeants sont là pour prendre des décisions. Mais le moment venu, s’il s’agit effectivement de ce dont vous parlez, peut être que je me prononcerai.

Votre dernier mot à vos fans qui sont nombreux cet après-midi à vous suivre sur les ondes de Magic FM en direction de Yaoundé ?

Samuel Eto’o :Merci de m’avoir donné l’opportunité de partager quelques instants avec les Camerounais. Ceux qui nous ont suivis à l’étranger, je leur passe le bonjour. Comme je vous ai dit il y a quelques instants, on a commencé un projet juste après la coupe du monde pour reconstruire l’équipe nationale et aujourd’hui on en a terminé avec la première phase. En tant que capitaine de cette équipe, je vous dis que je suis très heureux parce que mes frères et moi on a pu se retrouver. On retrouve l’esprit Lion qui nous a tous fait rêver et je souhaite à tous beaucoup de courage. Un match n’est jamais gagné d’avance. Nous avons des échéances qui nous attendent, en l’occurrence la qualification pour la prochaine coupe du monde et j’espère que nous allons continuer à travailler dans un esprit vraiment saint. Nous avons besoin de calme pour ne penser qu’au football, à jouer au football, ce que nous faisons le mieux.

Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions, nous vous souhaitons bon vent de ce côté de Moscou, il est 16 h 21’ au Cameroun, quelle heure est-il là bas ?

Samuel Eto’o :J’ai trois heures de plus, il est 19h et 21’.

Par Issa Mamoudou (Magic FM)


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