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La belle amour humaine

Publié le 27 octobre 2011 par Lorraine De Chezlo
LA BELLE AMOUR HUMAINEde Lyonel Trouillot
Roman - 170 pages
Editions Actes Sud - août 2011
Thomas est guide touristique à Haïti. Dans sa voiture, il sillonne Port au Prince et se dirige vers Anse-à-Fôleur, un village côtier, avec à l'arrière Anaïse, une métisse à moitié endormie qui n'écoute pas tout de son discours sur son île, ses habitants, ce qui les éloigne et ce qui les rapproche des métropolitains, sur la vie, sur le passé, cette nuit où les deux maisons jumelles du colonel et de l'homme d'affaires, le grand-père d'Anaïse, ont brûlé dans un mystérieux incendie. Bercée par ses paroles inspirées, Anaïse roule vers l'inconnu, vers la vie de son père disparu, vers des découvertes qu'elle laisse venir à elle, consciente qu'elle est étrangère et que tout ne lui sera pas dû...
Lire les premières pages, d'une somptueuse écriture, c'est risquer de se laisser happer par une langue envoûtante, poétique, qui décrit avec rythme la cacophonie de Port-au-Prince et puis qui nous emporte dans des récits et des réflexions captivants.
Extrait :"Au centre-ville, le bruit c'est comme la pauvreté, on n'en a jamais fait le tour. La pauvreté, chaque fois qu'on croit la circonscrire dans des quartiers créés pour elle, elle déborde et se lève ailleurs. Le bruit, ici, c'est pareil. Pas moyen de dresser une liste. Les camions-citernes qui râlent et dégoulinent en grimpant les collines. Les grands enfants. Les petits enfants. Les encore enfants qui font des enfants. Les balles perdues."
Enumération, répétition, évocations très sensitives, tout porte à faire du texte un ensemble  vivant, mouvant, fascinant. En tout cas pour moi. Après l'émerveillement littéral des descriptions initiales, s'ouvre le roman, le récit qui se dessine au travers du quasi-monologue de Thomas le guide. Une histoire vieille de dizaines d'années. Une histoire d'incendie, de mort, de disparition, d'amour aussi. Une histoire avec deux personnages qui ont vécu à Anse-à-Fôleur, deux hommes que tout opposait et qui se sont lié d'amitié. Deux hommes hautains, supérieurs, inhumains.Que vient faire Anaïse au coeur de ce pays si pauvre, si différent de sa ville lumière à elle, de son confort, de ses préoccupations matérielles de jeune femme occidentale ? C'est elle enfin, dans les derniers chapitres du roman, qui nous le livre. Retrouver un père qu'elle n'a pas connu. Mais finalement, il y a d'autres choses qu'elle n'a pas connu qu'elle peut trouver. Surtout ne pas exiger des gens la précision du souvenir. Une sensibilité pleine d'humilité. Une renaissance.Difficile de raconter ce livre qui se vit, qui s'absorbe, qui nous absorbe le temps de belles pages poétiques.Que dire sinon que ce roman est à savourer d'urgence ? ________[merci BK !]
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