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Pernaut au secours du populisme de Sarkozy

Publié le 27 octobre 2011 par Francoisjost

Si l’on doutait encore des relations privilégiées qu’entretiennent certains médias avec Sarkozy, l’émission de ce soir vient apporter une pièce irréfutable au dossier. Non seulement le président a choisi ses interviewers, Jean-Pierre Pernaut et Yves Calvi, mais il a confié l’émission à une production de son choix, refusant de s’en remettre au savoir-faire des deux grandes chaînes nationales que sont TF et France 2. Il a préféré demander à une société privée appartenant au groupe Lagardère, Maximal Productions, d’opérer sous la houlette du réalisateur du Grand Journal. Quand on sait que Lagardère participait à la fameuse nuit du Fouquet’s, on mesure combien Sarkozy a besoin d’être rassuré (voir le Monde du 27 octobre "http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/10/27/nicolas-sarkozy-a-la-television-une-emission-sur-mesure_1594216_823448.html">)
Je peux comprendre que, dans cette logique, le président demande Yves Calvi, dont l’émission-vedette C’est dans l’air est produite par Maximal. Mais Pernaut ? Sont-ce ses qualités d’économiste qui ont poussé à le choisir ? Celle-ci, comme on le sait, se limitent à une seule question, qui a été au centre d'une émission à succès: Combien ça coûte ? Cette interrogation débouchait généralement sur le constat des grands gaspillages de l’état, destiné à révolter toutes les contribuables-spectateurs de TF1. Va-t-il demander ce soir à Sarkozy combien le « bouclier fiscal » a coûté à la France ? Quel rôle il a joué dans notre déficit ? Quelle baisse du niveau de vie des Français entraînerait l'augmentation de la TVA? Et celle de la taxation des sodas? On peut en douter. On imagine mal comment ce spécialiste des fêtes et traditions de la France rurale, qui refuse très généralement de parler politique dans son journal de peur de faire fuir son public, pourrait se métamorphoser en spécialiste de l’économie. En revanche, il colle parfaitement avec l’image d’un « téléprésident » qui s’est fait élire sur les thèmes populistes qui sont promus par le 13 heures de TF1.
Rappelons-nous cette « confidence » de Sarkozy juste avant de son élection en 2007 : « C’est avant tout une grande joie pour moi de pouvoir sillonner ce pays que j’aime profondément ». Ne croirait-on pas entendre Jean-Pierre Pernaut ? Que fait d’autres, en effet, ce journal télévisé que de traverser la France en tout sens pour valoriser là le travail d’un charpentier, ailleurs celui d’un vigneron, ailleurs encore la réussite d’une épicerie de village ? Mais, surtout, comme le Sarkozy de 2007, il prétend exprimer la parole des Petits contre les Grands.
Malheureusement pour le président, si Pernaut est encore crédible dans ce rôle, le populisme de Sarkozy n’est plus vraisemblable. Il a donné beaucoup trop de preuves de son allégeance aux riches pour prétendre représenter les intérêts de tout un chacun. Pernaut arrivera-t-il a recrédibiliser son populisme ? C’est tout l’enjeu de l’interview de ce soir.


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